Les pilotes de ligne prêts à une grève de guérilla pendant 27 jours

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  670  mots
Lundi, le puissant syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), a confirmé son appel à la grève du 3 au 30 mai pendant quelques heures chaque jour, un mouvement qui pourrait entraîner des retards importants.

Un fleuron industriel, Alstom, en passe d'être démentelé pour en donner la plus grande partie à des capitaux étrangers; une poudrière sociale, la SNCM, prête à exploser à tous moments à quelques mois des vacances estivales, et enfin une menace de grève d'un mois en mai des pilotes de ligne français : les dossiers chauds s'accumulent pour le gouvernement de Manuel Valls.

Lundi, le puissant syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), a confirmé son appel à la grève du 3 au 30 mai pendant quelques heures chaque jour, un mouvement qui pourrait entraîner des retards importants selon le syndicat.

Loi Diard

Ils demandent notamment l'abrogation de la loi Diard qui impose aux grévistes de se déclarer individuellement comme tels 48 heures avant le début d'un conflit. Mise en place en 2012 sous la présidence de Nicolas Sarkozy, cette loi que n'avait pas votée le parti socialiste, vise à permettre aux compagnies aériennes d'améliorer l'information des passagers.

"Manifestement, explique Yves Deshayes, le président du SNPL, le gouvernement ne veut absolument pas toucher" à la loi Diard. Comprenant que le sujet est "politiquement compliqué", le SNPL dit se contenter d'un aménagement de la loi, avec le retrait dans la loi des points portant atteinte au droit de grève. " Un amendement à la loi Diard et nous lèverons le préavis", indique à La Tribune Yves Deshayes.

Le SNPL demande que la loi interdise le remplacement des grévistes par des pilotes venus d'autres pays d'Europe. "C'est une atteinte au droit de grève . Le dernier conflit à Easyjet, avec 85% de grévistes, ne s'est traduit par aucune annulation de vol ni aucun retard parce que la compagnie avait remplacé tous les pilotes qui travaillaient en France", fait-il valoir.

Depuis sa mise en place en effet, les grèves dans le transport aérien sont en effet moins dommageables pour les passagers, même si elles restent coûteuses pour les compagnies.

5 heures de grève par jour

La forme du mouvement est originale, puisqu'il consistera en des arrêts de travail journaliers sur des plages horaires de quelques heures (deux heures le matin de 5h45 à 7h45, trois heures l'après-midi de 12h45 à 15h45) sur une période d'un mois. Une forme de guérilla qui vise à faire durer le mouvement et de ne pas prendre les passagers en otage, dit-on au SNPL.

"On ne pourra pas nous accuser de prendre les passagers en otage. Nous sommes disposés à assurer tous les vols mais il y aura de gros retards", a précisé Yves Deshayes. Selon lui, s'il y a des annulations de vols, elles seront imputables aux compagnies aériennes.

Air France, la première concernée par ce préavis de grève, a indiqué lundi qu'elle "n'avait à ce stade pas encore de visibilité sur les conséquences de cet appel à la grève pour ses clients".

"Si ce conflit devait avoir lieu, Air France sera en mesure de prévenir ses clients à l'avance et se mobilisera pour en atténuer les désagréments", a ajouté la compagnie aérienne, tout en précisant bien qu'il ne s'agissait pas d'une grève Air France mais d'un mouvement national des pilotes adhérents au SNPL.

Convention collective

Dans son préavis déposé en début d'année, le SNPL demandait aussi "l'ouverture de négociations en vue de l'adoption d'une convention collective nationale des pilotes du transport aérien" et "la mise en place à l'instar de ce qui existe aux Etats-Unis d'une facilitation de l'accès des pilotes en zone réservée afin de renforcer la confirmation de l'identité, diminuer les files d' attente passagers et mieux repartir les effectifs du personnel affecté à l'inspection/filtrage".

Enfin, le SNPL demandait la mise en place de conditions de concurrence loyale pour les entreprises de transport aérien françaises (baisse des charges pesant spécifiquement sur le transport aérien français, meilleure maîtrise des droits de trafic accordés aux compagnies extra européennes).