Air France : Juniac rejette la principale revendication des pilotes sur Transavia

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  693  mots
Air France
Le PDG d'Air France-KLM, Alexandre de Juniac, a rejeté la principale revendication des syndicats, à savoir l'instauration d'un contrat Air France qui s'appliquerait également aux pilotes de Transavia. La grève semble inévitable.

Sauf miracle, la grève des pilotes à partir du lundi 15 septembre ne pourra être évitée. Air France a d'ailleurs proposé dès mardi à ses clients des reports de voyage pour les clients devant prendre un vol la semaine prochaine. Les négociations entre la direction et les syndicats de pilotes sur la manière de développer Transavia France, la filiale low-cost d'Air France, sont au point mort. Le PDG d'Air France-KLM, Alexandre de Juniac, a rejeté la principale revendication des syndicats, à savoir l'instauration d'un contrat Air France qui s'appliquerait également aux pilotes de Transavia. Les syndicats veulent un pôle unique de pilotes pour les avions de plus de 110 places (sous contrat Air France) qui permettrait aux pilotes de passer de manière flexible d'une marque à l'autre.

Divergences sur les coûts des pilotes d'Air France

La direction exige au contraire que les pilotes qui iront voler chez Transavia soient sous contrat Transavia aux conditions de travail et de rémunération en vigueur dans cette compagnie. Ceci pour ne pas y importer les coûts d'Air France, considérés comme 43% plus élevés. Le SNPL, majoritaire, réfute ce chiffre et assure qu'en retirant les facteurs qui ne sont pas imputables aux pilotes, le salaire à l'heure de vol des pilotes d'Air France n'est pas en décalage avec celui de Transavia.

"Si on pouvait faire du low-cost avec les règles de fonctionnement d'une compagnie traditionnelle, cela se saurait !, a déclaré ce mercredi au Echos Alexandre de Juniac (...) Air France a accumulé au fil des années des avantages qui font que ses coûts et ses conditions d'exploitation sont bien supérieurs à ceux de Transavia. Il n'est donc pas possible d'aller travailler chez Transavia aux conditions d'Air France, sauf à tuer Transavia".

Menace d'arrêter la croissance de Transavia France

"Une chose est sûre, si nous ne parvenons pas à un accord, Transavia France restera à 14 avions (sa limite aujourd'hui en raison d'un accord signé en 2006 entre Air France et le SNPL) et nous perdrons collectivement ce surplus de croissance... pour le plus grand bonheur de nos concurrents", a-t-il prévenu.

La direction avait dit la même chose aux pilotes en début de semaine. Pour le SNPL, cette menace constitue "un chantage, car si on nous n'acceptons pas, la direction développera Transavia Europe avec du personnel basé au Portugal ou ailleurs qui viendra ensuite piller le marché français".

Juniac ouvert à la discussion sur d'autres points

S'il refuse la principale revendication des pilotes, Alexandre de Juniac se dit prêt, avec le patron d'Air France Frédéric Gagey, "à discuter sur bien d'autres points" avec les pilotes, comme " la liste de séniorité, des accords de périmètre entre les différentes compagnies, des compensations pour ceux qui seraient "volontaires pour aller travailler chez Transavia".

Un milliard pour Transavia

Il réaffirme qu'"il n'a jamais été question de transférer des lignes d'Air France vers Transavia". En cas d'accord, il assure que le développement de Transavia génèrera des investissements et des emplois. Le groupe veut en effet porter la flotte de Transavia France "de 14 à 37 avions sur les cinq prochaines années", ce qui représenterait "de 220 à 250 nouveaux emplois de pilotes à l'horizon 2019". Pour y parvenir, Alexandre de Juniac qui veut faire figurer Transavia parmi « les grands du low-cost en Europe » serait prêt à "investir 1 milliard d'euros sur les cinq prochaines années (...) voire 1 milliard supplémentaire ultérieurement".

Quand au coût de la grève, si elle est maintenue, il indique qu'il pourrait s'élever à "plusieurs dizaines de millions d'euros", alors qu'Air France vise un retour à un bénéfice opérationnel cette année. Le coût de la grève est selon des sources internées estimé à 22 millions d'euros par jour pour les deux premiers jours de grève. Un conflit dur pourrait remettre en cause le retour à l'équilibre d'Air France dans le rouge depuis sept ans, dit-on à La Tribune.

Pour rappel, le SNPL a déposé un préavis de grève du 15 au 22 septembre, reconductible. Le SPAF et Alter ont également appelés à la grève.