Redevances : la mise en garde de la DGAC à Aéroports de Paris

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  571  mots
Le terminal 1 de l'aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle
En plein débat sur le niveau des redevances aéroportuaires qui accompagne le processus de renégociation du prochain contrat de régulation économique entre l'Etat et ADP, le numéro deux de la DGAC explique que le ministre des transports a bien en tête que "l'on ne peut avoir durablement des aéroports qui distribuent des forts dividendes aux actionnaires et des compagnies exsangues".

Une déclaration de poids en plein processus de renégociation du contrat de régulation économique (CRE) entre l'Etat et Aéroports de Paris cet été. Un contrat crucial à la fois pour le gestionnaire des aéroports parisiens et pour les compagnies aériennes, dans la mesure où il définira le niveau des redevances aéroportuaires entre 2016 et 2020, un sujet polémique entre ADP en excellente santé financière et les transporteurs aériens, en particulier français, en pleine déconfiture.

La semaine dernière, lors de l'assemblée générale du Board Airlines Representatives (BAR), l'association des compagnies aériennes étrangères basées en France sur le prochain CRE, Paul Schwach, le directeur de la direction du transport aérien (DTA) a en effet déclaré :

"Je n'ai pas à vous donner un avis pour l'instant. Je le garde pour les phases où je serai concerné. Mais le ministre des Transports (Alain Vidalies, ndlr), qui n'a pas les mêmes précautions à prendre que moi, s'est plusieurs fois exprimé sur la nécessité de corriger la chaîne de la valeur dans le transport aérien et sur le fait que l'on ne peut pas avoir durablement des aéroports qui distribuent des dividendes en forte croissance très confortables aux actionnaires et des compagnies qui mangent leur capital et sont exsangues. C'est quelque chose, si le ministre des transports signe un contrat, qu'il aura en tête".

 Pour ce CRE, Aéroports de Paris propose d'augmenter les redevances de 1,75% par an pour financer 3 milliards d'euros d'investissements. Une hausse des redevances certes inférieure à celles des CRE précédents. Mais qui reste trop élevée pour les transporteurs qui demandent un gel, voire une baisse des redevances.

Les compagnies "prennent acte"

"Nous prenons acte (...) je ne peux qu'adhérer à 100% à ces propos, a répondu Jean-Pierre Sauvage, le président du BAR, ravi de voir "le ministre se soucier de veiller à un certain équilibre". Pour autant, si le contrat sera bel et bien signé par le ministre des transports, ce dernier aura fort à faire avec Bercy qui ne souhaite pas casser une entreprise extrêmement rentable qui lui reverse chaque année entre 50 et 60% de son résultat net.

"Double caisse" et la "caisse unique"

Comme les autres associations professionnelles, la Fnam ou le Scara, le BAR demande aussi la fin de la "double caisse" et un retour à la caisse unique.

Autrement dit que la caisse liée aux services aéronautiques -qui fait partie du périmètre régulé-soit regroupée avec la caisse des services extra-aéronautiques (commerces, restaurants, parkings, immobilier) sur lesquels ADP a la liberté de fixer les prix et qui dégagent de très fortes marges. Ce système de caisse unique permet de subventionner les services aéronautiques par les recettes commerciales. Et donc de modérer les redevances des transporteurs aériens.

"Nous ne comprenons pas pourquoi les compagnies sont privées des retombées des commerces", a ajouté Jean-Pierre Sauvage.

Ce dernier a par ailleurs déploré l'enveloppe des investissements, prévus par ADP, "en hausse de 60% par rapport au contrat précédent, à 3 milliards d'euros, pour une projection de trafic d'une hausse de seulement 2,5% par an". A défaut d'un retour à la caisse unique, le BAR demande "une meilleure répartition de la valeur".

Les compagnies ont jusqu'au 20 février pour faire leurs remarques.