Les aéroports français contre le blocage des compagnies du Golfe

L'Union des aéroports français (UAF) dénonce le refus du gouvernement français d'attribuer des droits de trafic supplémentaires aux compagnies du Golfe. La direction générale de l'aviation civile (DGAC) rappelle qu'elle restera ferme sur le sujet tant que les règles de concurrence n'auront pas été assainies avec ces compagnies.
Fabrice Gliszczynski

Les aéroports français montent au créneau contre la position de la France depuis l'arrivée au pouvoir de François Hollande en 2012 de refuser d'accorder des droits de trafic supplémentaire (autorisations de vols) aux compagnies du Golfe, Emirates, Etihad, et Qatar Airways, dans le but de protéger Air France, en difficulté.

Une position soutenue par le fameux rapport Le Roux remis au premier ministre à l'automne sur les mesures à prendre pour améliorer la compétitivité du pavillon français. Si Air France est soulagée d'avoir enfin été écoutée, les aéroports grincent des dents. Ce blocage les prive en effet du fort potentiel de croissance de ces compagnies. Jusqu'ici leur désapprobation s'exprimait de manière dispersée -un jour à Nice, un autre à Lyon- l. Aujourd'hui le message est porté par l'Union des aéroports français (UAF), qui regroupe l'ensemble des gestionnaires des plateformes aéroportuaires françaises.

Développer l'emploi

 «Nous comprenons la position du gouvernement (...) mais ce blocage est dangereux pour l'emploi. Certes, les emplois des compagnies basées en France sont plus importants, mais il faut mettre en balance le développement du trafic qui va de pair avec le développement économique et le développement de l'emploi », a déclaré ce mardi le président de l'UAF, Jean-Michel Vernhes, également directeur de l'aéroport de Toulouse, lors de l'assemblée générale du Board Airlines Representatives (BAR), l'association des compagnies aériennes étrangères basées en France (et dans laquelle figurent aussi des compagnies françaises).

Pour Jean-Michel Vernhes, l'ouverture des droits de trafic est nécessaire pour le développement des aéroports régionaux, plus petits que leurs rivaux européens,

"Si l'on veut de grandes régions, il faut développer les aéroports régionaux et l'un des moyens de le faire est de capter davantage de trafic international. Or à l'international, ce sont les compagnies originaires de pays privés de droits supplémentaires qui développent le trafic", a argumenté Jean-Michel Vernhes, précisant qu'au-delà des compagnies du Golfe, la question se posait (ou allait se poser) avec d'autres pays.

Une allusion à peine cachée à la Chine, dont l'ouverture de droits de trafic vers Toulouse est au cœur de la stratégie du nouvel actionnaire de référence de l'aéroport, le consortium chinois.

Pour les aéroports régionaux, l'enjeu est d'autant plus important que le trafic a faiblement augmenté en 2014, en particulier à l'international.

 L'exemple du... football

Assis à ses côtés, Paul Schwach, directeur de la direction du transport aérien (DTA) à la direction générale de l'aviation civile (DGAC), ne l'a pas entendu de cette oreille. Rappelant la "très grande préoccupation du gouvernement français" face aux difficultés du compagnies aériennes tricolores, il a expliqué que la France avait demandé à Bruxelles de travailler sur le sujet des compagnies du Golfe, accusées de fausser la concurrence en raison des soutiens directs ou indirects de leur Etat-actionnaire.

«La Commission l'a fait en engageant un dialogue avec le conseil de coopération du Golfe dont l'objectif est d'accroître la transparence financière et introduire des règles du jeu de concurrence loyale dans les accords aériens (...). Même l'UEFA en matière de football a adopté une règle de fair-play financier qui interdit par exemple au Qatar aujourd'hui de continuer d'acheter de nouveaux joueurs au PSG parce que cela fausserait le championnat français. Nous demandons que Bruxelles arrête aussi de nouvelles règles du jeu pour que la concurrence dans le transport aérien ne soit pas faussée », a déclaré Paul Schwach en haussant le ton.

Le Niet de la DGAC

Et de répondre aux demandes de Jean-Michel Vernhes : « tant que ces règles du jeu ne sont pas assainies, nous ne sommes pas favorables à accorder de nouveaux droits de trafic à ces compagnies. Elles ont accru leur trafic de 72% entre 2010 et 2013. Si depuis deux ans leur croissance est un peu moins forte, ce n'est pas choquant et cela mérite que l'on se pose un certain nombre de questions pour vérifier si tout cela n'est pas destructeur pour le transport aérien français ».

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 22
à écrit le 02/02/2015 à 12:41
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Updated to clarify Byerly's relationship with Emirates FEB 2 2015 Executives from American Airlines, Delta Air Lines and United Airlines have met with senior Obama administration officials to discuss limiting the access of the Gulf carriers to the...

à écrit le 30/01/2015 à 21:18
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Là quand même, vous avez rectifié l'orthographe du titre que vous mettez en avant . Encore un effort, rectifiez le titre d'annonce, il fait tache ;

à écrit le 30/01/2015 à 8:41
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La France a toujours été un pays qui aime protéger ses ex-services publics, par tous les moyens possibles , tout en prônant l'ouverture. La France veut en général augmenter ses exportations, mais ralentir les importations ( d'ailleurs sans vrais s...

à écrit le 30/01/2015 à 2:00
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Des esclaves qui transportent des chômeurs, c'est ça les compagnies du golfe...

à écrit le 29/01/2015 à 18:09
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C'est assez pitoyable ce protectionnisme de l'état envers une compagnie qui se veut privée ...

le 29/01/2015 à 22:03
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Étant donné qu'Air France représente 1,5% du PIB français, 55 000 emplois directs et 300 000 emplois induits, l’État français a plutôt intérêt à défendre le pavillon français. Pas besoin d'être Einstein pour le comprendre ;)

à écrit le 29/01/2015 à 15:49
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Il serait temps que l'on ouvre les yeux dans ce pays, les compagnies du golfe sont sponsorisées par leurs états heureusement que l'état Français a enfin compris les enjeux et les conséquences Il faut les envoyer ballader avec leur chantage à l'acha...

le 29/01/2015 à 18:10
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C'est sur qu'Air France n'a jamais touché le moindre cent de subvention ... C'est bien connu. De plus, on est en 2015, il faut ouvrir les yeux, ce n'est pas du chantage, c'est du buisness

à écrit le 29/01/2015 à 14:10
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Il ne manquerait plus qu'on ouvre notre territoire à des compagnies sans foi ni loi, gavées aux subventions indirectes et employant du personnel à des tarifs tiers-mondistes, juste pour permettre à des aéroports monopolistiques d'augmenter leurs chif...

le 29/01/2015 à 18:11
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Gavées aux subvention ... Des preuves irréfutables? Si vous le souhaitez, on peut parler des subventions d'air France...

le 27/02/2015 à 2:59
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Non cher bouc, les transporteurs du golf ont les meilleurs salaire dans l'industrie au niveau mondial, et c'est du lux par le lowcost qu'ils font, renseignez vous avant d'avancer des patates.

à écrit le 29/01/2015 à 14:04
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"dénonce la position du gouvernement français d'attribuer des droits de trafic". Quel français de cuisine, ça ne veut rien dire.

à écrit le 29/01/2015 à 12:48
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pas de rafales = plus de droit pour le golfe

à écrit le 29/01/2015 à 11:57
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Ah le lobby habituel des régionaux (à courte vue)... Faire piloter les aéroports par des CCI qui ne voient pas plus loin que le bout de leur département ! Pour rappel les droits de trafic français ne sont pas la propriété de telle ou telle compagnie;...

à écrit le 29/01/2015 à 11:15
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AIR FRANCE c'est fini il se fera absorber, tué par son propre venin, mort de l’intérieur par son propre personnel, par trop de générosité d'un état dispendieux à leur égard. Alors laissez les Cie du golfe arriver ce ne sera que mieux pour nous utili...

le 29/01/2015 à 13:36
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Oui mais non. Oui ils "méritent" la situation actuelle, la compagnie étant un bastion du syndicalisme français dans un secteur d'activité qui est par définition mondialisé. Forcément ca coince. Par contre ce n'est pas pour autant que l'on doit ou...

à écrit le 29/01/2015 à 9:26
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Je ne défend nullement air france mais il faut arrêter de se saboter la planche comme ça au nom d'intérêts économiques virtuels ... La réalité c'est qu'elles n'ont pas du tout les mêmes charges qu'air france et qu'elles vont laminer le ciel français ...

à écrit le 29/01/2015 à 9:22
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Sur Cannes ou Nice par manque de liaisons aériennes, les congrès s'en vont doucement, le plus gros, le 3G mobile (200 000 participants) était parti pour Barcelone.....et le tourisme de luxe s'étiole, ça commence à licencier! Mais le nouveau concurre...

le 29/01/2015 à 13:40
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on ne peut pas non plus créer des aéroports internationaux dans toutes les régions juste pour quelques congrès par an, hein. Ex aéroport de Porto au Portugal: un truc pharaonique pour une petite ville d'un petit pays (sans etre péjoratif) donc sou...

le 29/01/2015 à 13:51
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cela fait bien longtemps que le congrès de téléphonie mobile est à parti à Barcelone, et pas mal d'autres congrès vers d'autres destinations. En cause, non pas les liaisons aéroportuaires mais le coût des prestations sur la côte d'azur (taxis, hôtels...

à écrit le 29/01/2015 à 9:20
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Si on bloque l'arrivée de lignes internationales de compagnies étrangères pour protéger Air France, la moindre des choses serait que Air France compense par l'ouverture de lignes internationales équivalentes dans les aéroports régionaux ! Le fait de ...

le 30/01/2015 à 8:06
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Pour répondre à votre commentaire. Tant que le marché lyonnais ne sera pas assez important pour remplir un avion complet tous les jours sur des destinations comme SIN, PEK, ou NRT, vous serez toujours obligés de faire une escale quelque part. Vous l...

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