Air France-KLM : Transavia Holland prêt à se déployer à Munich

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  899  mots
La direction de Transavia Holland, la filiale low-cost de KLM, et le syndicat des pilotes VNV mènent des discussions très avancées sur la création d'une base d'exploitation à Munich en 2016 avec des navigants de Transavia Holland. En France, aucune négociation n'a eu lieu sur le sujet, même si des contacts informels ont débuté entre la direction de Transavia France et le SNPL Transavia.

Un an après le retrait de Transavia Europe, un projet de création d'une compagnie low-cost européenne, Air France-KLM compte toujours développer une activité low-cost hors de  France et des Pays-Bas, ses marchés naturels. Non plus sous la forme d'une troisième compagnie low-cost aux côtés de Transavia Holland et Transavia France, mais en développant ces dernières hors de leur marché naturel, la France et les Pays-Bas.
Le 24 juillet dernier, lors de la présentation des résultats semestriels, Alexandre de Juniac, le Pdg d'Air France-KLM, avait déclaré que la direction «était sur le point de relancer les négociations sociales sur le développement de Transavia hors de France et des Pays-Bas.

Discussions très avancées

Aujourd'hui, comme pour l'ensemble des négociations sociales, la partie hollandaise a un train d'avance sur la partie française. Car, selon nos informations, Transavia Holland est proche d'un accord sur le sujet. Selon des sources concordantes en effet, la direction et le syndicat des pilotes VNV mènent des discussions très avancées sur l'ouverture d'une base d'exploitation à Munich en 2016 avec des navigants de Transavia Holland basés. Les discussions pourraient être finalisées d'ici à fin septembre. L'idée est de baser quatre ou cinq avions à Munich avec des pilotes volontaires de Transavia Holland ou, si ces derniers ne font pas le compte, des pilotes locaux.

Le contrat de travail serait celui de Transavia Holland dans lequel serait introduit un coefficient tenant compte du niveau de vie dans le pays concerné. Ce qui ne change pas grand-chose entre Amsterdam et Munich mais qui le serait davantage si la compagnie se développait un jour dans un pays où le coût de la vie est inférieur. Enfin, la direction s'engage à ce que les vols de Transavia au départ de Munich ne desservent ni les Pays-Bas ni la France.

En France, le "sujet est très sensible" pour le SNPL

L'an dernier, l'aéroport bavarois était, avec ceux de Porto et de Lisbonne, l'un des trois aéroports sur lequel Air France-KLM avait prévu de positionner Transavia Europe, avant de retirer son projet pendant la grève des pilotes de septembre 2014 en raison de l'hostilité de ces derniers. Aujourd'hui la position est pour le moins incertaine au sein du SNPL Air France.

«Notre position se discute en ce moment au sein du conseil et du bureau du syndicat. C'est un sujet très sensible. Il est un peu tôt, pour avoir des propositions nettes de la direction », explique à La Tribune Emmanuel Mistrali, le porte-parole du SNPL Air France.

Assignation du SNPL, décision en octobre

Le sujet sera évidemment abordé au cours des négociations des mesures de productivité devant figurer dans le plan Perfom qui débuteront vendredi 18 septembre, au lendemain de l'audience au tribunal de grande Instance de Bobigny concernant l'assignation du SNPL par Air France au sujet de la finalisation du plan Transform. Pas de verdict à attendre. La décision sera mise en délibéré jusqu'à mi-octobre, assurent plusieurs proches du dossier.

Contacts informels

Pour autant, des contacts ont repris. Selon plusieurs sources, des discussions informelles ont eu lieu entre la direction de Transavia France et le SNPL Transavia pour développer une activité hors de France avec un modèle qui protègerait l'emploi français.

«Des prises de contact ont eu lieu. Cela se greffe sur notre panel de réflexions», confirme Emmanuel Mistrali.

Pour avancer, un tel projet devra faire entrer dans la danse le SNPL Air France. Ce qui est une autre paire de manche. "Cela ne débouchera sur rien", dit-on de manière pessimiste à la direction d'Air France où l'on accuse le SNPL de bloquer les réformes.

Tensions sur les miles et Paris-Vérone

Ces derniers jours, une polémique a vu le jour au sujet de la ligne Paris-Vérone assurée par Air France (en affrètement) et que la compagnie veut fermer. Souhaitant qu'elle soit opérée par Transavia, (une possibilité que ne permet pas l'accord de création de Transavia), la direction d'Air France, attend le feu vert du SNPL qui rétorque qu'il n'y a pas eu de demande. Ce que dément la direction....

«C'est un cas assez symptomatique de la stratégie d'enlisement du SNPL », dit-on à la direction.

Dans un courrier envoyé le 23 juillet par le DRH pilote François Southarewsky au président du SNPL, Philippe Evain, la demande aurait été faite le 22 juillet lors du comité de suivi de l'accord de création de Transavia, en présence du président du SNPL.

Le courrier stipule que la demande aurait été réitérée le 11 septembre lors d'un point programme. Autre sujet de tensions, la fin du cumul des miles sur Transavia. Le SNPL a en effet obligé Air France de mettre fin à cette possibilité donnée aux passagers, au motif que ce point ne figure pas dans l'accord de création de Transavia.

«C'est encore une décision prise à la hussarde par la direction », dit-on au SNPL, en déplorant la qualité du dialogue de la direction. « Nous avons voulu éviter que la croissance de Transavia ne se fasse au détriment de celle d'Air France », justifie-t-on au syndicat.

Bref, une ambiance délétère qui n'augure rien de bon pour la suite.