Air France : le SNPL rejette la création d'une compagnie "B"

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  607  mots
Si le SNPL Air France refuse, le projet de redressement d'Air France tel que présenté le 2 novembre par le PDG d'Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac, tombera à l'eau.
Quelques jours seulement après la reprise des négociations, le président du SNPL Air France, Philippe Evain refuse, dans une lettre ouverte aux salariés d'Air France envoyée aux autres syndicats, le projet de création d'une nouvelle compagnie à coûts allégés dans le groupe Air France. Et pose ses questions pour démarrer des négociations qui semblent difficilement acceptables pour la direction.

Tout le monde le sait. Si le SNPL Air France refuse la création d'une compagnie "B", le projet de redressement d'Air France tel que présenté le 2 novembre par le PDG d'Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac, tombera à l'eau. L'affaire démarre mal, voire est "déjà pliée" selon un syndicaliste.

Refus de la création d'une filiale

Selon nos informations, lors de la première rencontre sur le sujet, le SNPL a refroidi la direction. Le syndicat des pilotes a indiqué qu'il ne voulait pas de la création d'une nouvelle compagnie, filiale d'Air France, dont le personnel travaillerait à des conditions de travail et de rémunération différente de celles en vigueur à Air France. Pour rappel, Air France entend créer une nouvelle compagnie disposant des coûts inférieurs de 20% à ceux d'Air France. Elle compte recruter des pilotes d'Air France et embaucher des hôtesses et stewards sur le marché. L'assistance en escale sera également effectuée par du personnel d'Air France. Ce schéma, le SNPL Air France n'en veut pas. Et l'a fait savoir dans toute l'entreprise.

Lettre ouverte du président du SNPL Air France

Dans une lettre ouverte à l'ensemble des salariés d'Air France (envoyée à toutes les organisations de l'intersyndicale) que La Tribune s'est procurée, Philippe Evain, le Président du SNPL Air France estime que ce « projet recèle de nombreux dangers pour les salariés, quels qu'ils soient, dès lors qu'il prévoit la découpe de l'entreprise en appartements ».

« Nous restons convaincus que la division de l'entreprise hypothèque l'avenir, que laisser remettre en cause son intégrité globale serait une faute grave dont le prix nous sera présenté tôt ou tard ». Les résultats « peu probants » de Transavia ou de Lufthansa avec Eurowings, «confortent notre conviction que l'avenir passe par le renforcement d'Air France et non son morcellement », explique Philippe Evain.

Et de conseiller les syndicats des autres catégories du personnel :

« Les semaines à venir seront capitales et nous devrons tous faire un choix : laisser notre compagnie se faire découper ou bien, sans renier le projet de Jean-Marc Janaillac de création d'une nouvelle marque commerciale, travailler à ce qu'il se concrétise en interne. C'est dans cette direction, à mon avis, que l'ensemble des organisations professionnelles devront diriger leurs forces. »

Philippe Evain pose ses conditions : « A condition que l'intégrité de l'entreprise soit respectée, avec tout cela ce que cela implique pour les pilotes, les PNC et le personnel au sol, nous serons prêts à démarrer un cycle de négociations en vue de faciliter la naissance de ce projet. » Autrement dit, le SNPL veut le maintien des contrats Air France. «Nous sommes capables d'avoir des contrats Air France tout en ayant des conditions de travail différentes permettant de faire des économies », explique-t-on au sein du bureau du SNPL Air France. Ce fut le régime en vigueur chez Air Charter, qui ne fut pas une grande réussite. La compagnie fut liquidée à la fin des années 90.

Cette lettre a fait l'effet d'une bombe en interne. Elle a complètement surpris la direction qui ne s'y attendait pas.

«Ce que demande le SNPL AIr France n'est pas ce qu'il y a sur la table. La position du SNPL est très fermée et l'on ne voit pas comment il pourrait faire machine arrière », explique un syndicaliste d'une autre catégorie de personnel. « Si le refus de cette compagnie B et celui d'un éventuelle fililalisation de la maintenance se confirmaient, ce seraient les deux gros projets du plan Trust Together qui tomberaient à l'eau », explique-t-il.