Air France : le SNPL va lancer un référendum sur le développement de Transavia

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  714  mots
(Crédits : Paul Hanna)
Ce jeudi, lors d'un conseil, le syndicat national des pilotes de ligne d'Air France a voté le principe d'un référendum sur le projet de développement de Transavia quand celui-ci sera finalisé. Cet accord irrite les pilotes historiques de Transavia qui menacent de faire grève.

Le développement de Transavia sera décidé par les pilotes du SNPL d'Air France. Ce jeudi, le conseil du syndicat national des pilotes de ligne de la compagnie française (une sorte de « parlement » du SNPL) a décidé de soumettre au vote de ses adhérents le projet d'accord sur le développement de Transavia au-delà du plafond de 40 avions qu'elle ne peut aujourd'hui dépasser en raison d'un accord de périmètre signé en 2014.

Le référendum sera lancé une fois que le projet d'accord sera finalisé. Il ne l'est pas encore. Plusieurs points ne convenaient pas dans le texte rédigé mardi et feront l'objet de discussions supplémentaires avec la direction. Une fois ces points résolus, le référendum sera lancé dans la foulée. Selon un pilote, le résultat devrait être connu fin juillet.

Développement encadré

Selon nos informations, le projet prévoit un développement sans aucune limite de Transavia France contrairement à ce qui a toujours existé depuis la création de la filiale low-cost d'Air France en 2007. Autrement dit, le plafond de 40 avions disparaît.

Le développement de Transavia reste néanmoins très encadré. Il s'effectuera de ses bases existantes d'Orly, Nantes et Lyon sans exclure la possibilité d'en ouvrir d'autres en France. Des bases à l'étranger sont interdites. La flotte de Transavia France devra être composée uniquement d'avions monocouloirs. Les trajets ne devront pas dépasser 3.000 miles nautiques et les vols transatlantiques sont interdits. Transavia n'exploitera pas de vols réguliers au départ de Roissy-Charles de Gaulle, le hub d'Air France.

Des pilotes d'Air France détachés

Le développement de Transavia France passera par des détachements de pilotes d'Air France chez Transavia. Ces derniers resteront donc des salariés d'Air France mais seront soumis aux règles d'utilisation chez Transavia, plus sévères qu'à Air France. Ce qui fait tiquer plusieurs pilotes d'Air France. Le système de rémunération sera celui d'Air France.

Menace de grève des pilotes "historiques" de Transavia

Le projet d'accord et les conditions de détachement des pilotes d'Air France irrite les pilotes dits historiques de Transavia, ceux qui étaient là en 2007 pour le lancement de compagnie. Ils sont aujourd'hui environ 80 contre 350 détachés d'Air France. Ils se voient proposer d'avoir un contrat Air France (quitte à être détaché pour continuer de travailler chez Transavia) mais perdent une partie de leur ancienneté et de leur séniorité, explique l'un d'eux.

Pour autant, l'application à Transavia des règles de rémunération en vigueur à Air France permettra une hausse de rémunération de 4 à 5% pour les commandants de bord et de 15% pour les copilotes en appliquant les règles d'ancienneté d'Air France. Soit une hausse de la masse salariale de Transavia de 7 à 8%.

En contrepartie, les salaires des pilotes d'Air France seront gelés l'an prochain selon des pilotes présents au conseil (la direction explique que le projet d'accord parle de modération salariale), et la compagnie pourra commercialiser des sièges supplémentaires sur les B777 en retirant les toilettes privatives des pilotes. Le gain pour l'entreprise de ces deux mesures sont évaluées par un pilote à 20 millions d'euros.

Pour rappel, les pilotes ont obtenu au titre des augmentations générales des hausses de salaire de 2% en décembre 2018 et 2% début 2019, puis près de 4% après un accord catégoriel en février ainsi qu'une revalorisation du protocole instructeurs au printemps.

Chez Transavia, la hausse de rémunération pour les pilotes de ne semble pas apaiser les choses.

« Ce projet va autoriser le développement de Transavia au détriment des pilotes historiques de Transavia », tempête Cyril Froment, délégué syndical du SPL, un syndicat affilié à la CFDT. Selon lui, si le projet n'est pas retiré, la paix sociale sera levée dès le lundi 8 juillet et des appels à la grève pourraient suivre cet été.

Ce qui serait un coup dur pour Transavia, qui souffre déjà d'un manque de commandants de bord.

Les tensions sont fortes également chez HOP, la filiale régionale d'Air France. Le SNPL HOP demande l'intégration des pilotes chez Air France et menace lui aussi de faire grève.