Air France, quand le président du SNPL s'adresse à tous les salariés...

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  673  mots
Dans un courrier adressé aux salariés de la compagnie, le président du SNPL Air France, Philippe Evain, charge la direction pour expliquer la position du syndicat qu'il dirige. Il appelle tous les salariés à faire bloc. Un courrier qui semble ignorer le très fort ressentiment du personnel au sol à l'égard des pilotes accusés d'être responsables du blocage actuel et des menaces de licenciements.

De nombreux salariés au sol d'Air France risquent de tomber de la chaise. Dans un courrier mis en ligne sur le site du SNPL (mais pas en accès libre), le président du syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), Philippe Evain, s'adresse à tous les salariés de la compagnie en leur expliquant la position du syndicat qu'il dirige et, dans une sorte "d'appel du 18 juin", les invite à combattre ensemble les projets de cette direction dont il semble « que son ambition première soit de nous diviser, de nous montrer les uns contre les autres et de désigner des boucs-émissaires ».

"Nos destins sont liés"

Concernant l'avenir le président du SNPL manifeste son opposition au projet d'attrition de la compagnie et a appelé « tous les salariés, sans exception (...) à faire bloc face aux menaces de la direction » car « nos destins sont liés », ce qui "rassure quant à notre avenir commun".

« Si demain nous devons nous retrouver dos à dos, que ce soit pour nous défendre mutuellement, tous salariés d'Air France et non parce que nous aurons été manipulés par une direction en mal de véritables projets ».

Ce courrier n'est pas d

« Quand on est responsable de l'incendie et qu'on essaye de jouer les pompiers, on est un pompier-pyromane. Le SNPL met en péril l'emploi et appelle à la raison », déplore un syndicaliste.

Ressentiment à l'égard des pilotes

Le courrier de Philippe Evain respire forcément la sincérité mais il semble effectivement complètement déconnecté de la réalité de l'entreprise. Selon des sources syndicales (toutes catégories de personnels confondues), le ressentiment à l'égard des pilotes est fort parmi de nombreux personnels au sol. Ces derniers les accusent d'être responsables du blocage des négociations sur de nouvelles mesures de productivité qui risque de déboucher sur un plan drastique de réduction de voilure avec des suppressions de postes massives à la clé. Un blocage dont les premières victimes seraient le personnel au sol.

Ce clivage entre les pilotes et le reste de la compagnie a toujours existé. Il s'est intensifié avec la grève des pilotes en septembre 2014, puis avec  le sketch que mènent depuis des mois la direction et le SNPL sur les négociations sur la finalisation du plan Transfom.

En effet, les personnels au sol ne digèrent pas que les pilotes soient les seuls à ne pas avoir rendu la copie sur les mesures de productivité du plan précédent. Solder ce plan Transform constituait un préalable pour la direction et les autres syndicats pour passer aux négociations du prochain plan Perform. La négociation a échoué et le règlement du différend se retrouve dans les mains de la justice. Le verdict est attendu le 16 octobre.

Le bureau du SNPL voulait distribuer ce courrier dans les restaurants d'entreprise. Le ressentiment à l'égard des pilotes serait tel que certains déconseillent aux membres du SNPL de le faire. «Si Monsieur Evain veut tester sa popularité, il sera servi », expliquent plusieurs syndicalistes.

Direction et SNPL se retrouvent ce vendredi

Les négociations sur Perform entre le SNPL et la direction commencent ce vendredi. Le sentiment de défiance mutuel entre la direction et le bureau du SNPL est si profond que l'on se demande bien sur quoi cela va bien pouvoir déboucher.

A défaut d'un terrain d'entente avant la fin du mois, la direction n'a pas d'autres choix que de lancer son plan B, auquel ne croient pas ni le SNPL et ni les deux syndicats de PNC (le SNPNC et l'UNSA). D'autres y croient dur comme fer.

"La direction a tellement parlé que si elle ne l'annonce pas, elle perdra sa crédibilité. Et ne pourra plus rien faire par la suite", estime un syndicaliste.

Le blocage des pilotes ne doit pas masquer celui des PNC (personnels navigants commerciaux) où le SNPNC et l'UNSA refusent de négocier la révision de l'accord collectif qui prend fin en octobre 2016.