Air France : va-t-on repousser le tas de sable ?

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  503  mots
Le gouvernement, la direction, les syndicats ont tous intérêt à ce qu’un accord soit trouvé d’ici à deux mois afin d'éviter le fameux plan B. Le risque d’un accord a minima qui ne règlerait pas les problèmes d’Air France est élevé.

Avec les risques d'un embrasement social à Air France si le fameux plan B de la direction était mis à exécution, la volonté du gouvernement d'éviter tout dossier explosif d'ici à l'élection présidentielle en 2017, la tentation de vouloir calmer le jeu que pourrait avoir une direction fragilisée, et les bons résultats que va publier Air France-KLM ce jeudi (qui font croire à certains qu'Air France est définitivement sortie d'affaire), que va devenir le projet de restructuration de la compagnie ?

Plan B

Pour rappel, après l'échec des négociations au 30 septembre dernier, la direction a proposé de les rouvrir en fixant une nouvelle date butoir à début janvier pour aboutir à un accord. A défaut, le plan B qui prévoit la suppression de 2.900 postes serait appliqué.
Comme un accord est préférable pour toutes les parties prenantes, plusieurs observateurs redoutent la signature d'accords de productivité a minima bien loin des objectifs affichés, lesquels ne permettaient déjà pas de revenir sur les niveaux de productivité de ses concurrents. Un tel schéma aurait pour conséquence de voir Air France se refaire distancer par IAG (British Airways, Iberia, Vueling) et Lufthansa, qui « prennent des vraies mesures d'économies » selon un bon connaisseur de l'entreprise.

Faiblesse du prix du baril jusqu'en 2018?

Une faiblesse qui "ne serait pas trop visible» dans les comptes du groupe. Sauf aléa, Air France-KLM restera bénéficiaire en 2016 et probablement en 2017, du fait de la faiblesse du prix du baril et par les mesures de productivité prises par KLM. Mais elle mettrait le groupe une nouvelle fois en danger le jour où le prix du baril repartira à la hausse, à partir de 2018-2019 selon certains experts, ou en cas de retournement de cycle.

«Les conséquences sociales autrement plus sévères que celles envisagées aujourd'hui », estime un observateur.

Bref, la crainte que le tas de sable soit une nouvelle fois repoussé est grande.

«Le risque d'un tel scénario est élevé. C'est un risque majeur pour le groupe », déplore un administrateur.

Un avis partagé par certains analystes.

Déjà, selon un leader syndical, la direction aurait déjà révisé à la baisse certains objectifs de productivité. Pour rappel, la direction souhaitait réaliser 17% d'économies sur les navigants. Ce qui permettait certes de se rapprocher (mais pas de rattraper) des niveaux des concurrents (au moins pour les pilotes).

Un niveau d'efforts jugé «outrancier» par le SNPL. Officiellement, les 17% 'économies sont toujours prévus. «Pour autant, cela risque de se négocier autour de 10% à la fois pour les pilotes et les hôtesses et stewards», explique un syndicaliste. Quant au personnel au sol, difficile d'imaginer la direction s'attaquer au sureffectif de certaines escales en région comme elle l'avait indiqué.

Pour autant, même pour signer éventuellement un accord a minima, encore faut-il que la direction et les syndicats se rencontrent. Or, pour l'heure les négociations n'ont toujours pas repris. Et ne sont pas prêtes de reprendre.