Après Aigle Azur, XL Airways également en difficulté

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  724  mots
XL Airways exploite quatre A330-300 (Crédits : DR)
En plus d'Aigle Azur, la compagnie aérienne française XL Airways rencontre aussi des difficultés financières. Sa pérennité passe par une recapitalisation. Une assemblée générale des actionnaires se réunit ce mercredi pour examiner la situation de la compagnie, sachant que des négociations sont en cours avec deux repreneurs.

Sale temps pour les compagnies aériennes françaises. Alors qu'Aigle Azur compte sur la vente de son activité vers le Portugal pour s'en sortir, XL Airways (600 salariés, 4 gros- porteurs) est également en difficulté.

Selon nos informations, les actionnaires de DreamJet Participations, la maison-mère de XL Airways mais aussi de La Compagnie se réuniront ce mercredi 21 août pour examiner sa situation. Le ton de la convocation envoyée début août n'est pas rassurant.

«Compte tenu de la situation dans laquelle se trouvent les deux filiales, le conseil d'administration de DreamJet Participations a souhaité informer sans tarder les actionnaires sans attendre la fin de la période estivale », est-il écrit.

Pour autant, La Compagnie étant en ligne avec son objectif d'atteindre l'équilibre, c'est bien la situation de XL qui sera examinée comme l'indique l'ordre du jour de l'assemblée générale intitulé « point sur la situation de XL Airways France et décisions envisageables ».

Besoin de recapitalisation

Après deux années difficiles, la compagnie a besoin d'être recapitalisée pour assurer sa survie. Et ce même si la situation s'améliore depuis juin avec des résultats meilleurs que prévu. Selon un proche du dossier, XL Airways a besoin de plus de 20 millions d'euros pour passer l'hiver. La question de la remise au pot des actionnaires sera donc posée. Celle des conséquences d'un refus aussi. Sans pour autant que les réponses soient apportées lors de l'assemblée générale.

Les débats s'annoncent compliqués. XL Airways et La Compagnie sont détenues par une quarantaine d'actionnaires, dont quatre détiennent à eux seuls 60% environ du capital ; le plus gros étant Motier la holding de la famille Moulin propriétaire des Galeries Lafayette (20%). Ces quatre actionnaires sont les seuls à avoir soutenu les différentes recapitalisations de La Compagnie depuis son lancement en 2014 et de XL après le rachat de celle-ci fin 2016. Certains montrent des réticences, alors que près de 90 millions d'euros ont déjà été engloutis depuis 2014 (essentiellement pour maintenir à flot La Compagnie).

«Ces quatre actionnaires ne peuvent plus faire le job de tout le monde», glisse un bon connaisseur du dossier.

Deux dossiers de reprise en cours

L'assemblée générale de mercredi ne devrait pas déboucher sur des prises de décision. Car, il y a une donnée de taille à prendre en compte dont l'issue est encore incertaine : l'aboutissement ou pas des négociations avec des repreneurs intéressés par le rachat de tout ou partie de XL Airways. Selon nos informations, il y a deux dossiers en cours : l'un avec une compagnie aérienne européenne, l'autre avec un fonds d'investissement. Chez XL, on espère boucler le dossier d'ici à fin septembre.

XL Airways est la compagnie française qui affiche les coûts parmi les plus bas du secteur (voire les plus bas) et ne s'en sort pas.

"XL Airways souffre d'un problème de recettes", explique un observateur.

L'arrivée il y a deux ans des compagnies low-cost long-courriers comme Norwegian et Level, la filiale de IAG (British Airways, Iberia, Aer Lingus, Vueling), l'ont fragilisée. XL a été attaquée sur la quasi-totalité de ses marchés. L'an dernier la compagnie était à deux doigts de passer sous l'aile d'Air France qui voulait en faire son outil de riposte face aux low-cost long-courriers. Mais le projet est tombé à l'eau avec le départ surprise mi-mai 2018 du PDG d'Air France-KLM de l'époque; Jean-Marc Janaillac, favorable à l'opération.

Les difficultés de XL Airways illustrent les problèmes structurels du pavillon français, plombé par le niveau des charges sociales dans l'Hexagone et par une taxation lourde sur le transport aérien. Sans le soutien du groupe TUI pendant des années (il ne possède plus que 27% et à vocation à sortir du capital), Corsair serait également aujourd'hui dans une situation difficile. Le transport aérien français n'est pas compétitif et les taxes supplémentaires qui se profilent pour financer la transition écologique ne vont pas arranger les choses. Pour l'heure, Bercy suit de près les dossiers d'Aigle Azur et de XL Airways. 1.800 emplois sont en jeu.

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