Brétigny : le déraillement était "imprévisible" selon la SNCF

Par latribune.fr  |   |  411  mots
Pour mémoire, une éclisse, sorte de grosse agrafe sur cet aiguillage, sur laquelle une fissure avait été détectée en 2008 et dont trois des quatre boulons s'étaient cassés ou dévissés, avait alors pivoté, provoquant l'accident.
La compagnie ferroviaire a largement remis en cause la "qualité" du rapport des experts judiciaires. Elle parle désormais d'"un événement inédit, imprévisible et exceptionnel" survenu le 12 juillet 2013 à Brétigny-sur-Orge.

Attaquée de toutes parts sur sa gestion de la catastrophe de Brétigny et de l'enquête, la SNCF se défend. Le groupe ferroviaire dénonce des "incohérences" dans l'expertise remise en janvier aux juges, à qui elle demande de nouvelles analyses, évoquant désormais un déraillement "imprévisible", selon un courrier transmis à la justice, consulté mercredi 2 mars par l'AFP.

"Le scénario des experts judiciaires (...) fait apparaître un certain nombre d'incohérences et de carences", affirme dans cette lettre du 29 février l'avocat de la SNCF, Me Emmanuel Marsigny.

La SNCF remet d'abord en cause "la qualité" de ce rapport, évoquant "des raisonnements incomplets", "des erreurs" ainsi qu'"un scénario" qui "ne repose que sur des hypothèses inexactes et des explications inabouties ou contestables". Elle réfute ensuite point par point les conclusions de l'expertise, étayant son propos par des exemples concrets et très techniques.

La compagnie ferroviaire parle ainsi d'"un événement inédit, imprévisible et exceptionnel" et réclame aux juges un nouveau complément d'expertise, afin de déterminer si "des anomalies métallurgiques" peuvent être détectées sur certaines pièces, ce qui expliquerait leur détérioration rapide.

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Un rapport accablant

Pour mémoire, une éclisse, sorte de grosse agrafe sur cet aiguillage, sur laquelle une fissure avait été détectée en 2008 et dont trois des quatre boulons s'étaient cassés ou dévissés, avait alors pivoté, provoquant l'accident.

Selon le rapport d'expertise mis en cause, "une surveillance efficace aurait sans doute permis" d'éviter la catastrophe, qui avait fait sept morts et des dizaines de blessés le 12 juillet 2013. Selon les experts, le désassemblage progressif d'un bout de voie ferrée, un aiguillage de pièces complexe, qui n'avait "pas fait l'objet de mesures de surveillance et de remise en l'état adaptées".

Depuis l'ouverture d'une information judiciaire par le parquet, seules deux personnes morales ont été mises en examen, la SNCF et Réseau ferré de France (RFF), toutes deux mises en cause pour homicides et blessures involontaires. Trois cheminots de la SNCF, chargés de la surveillance des voies au moment du déraillement, ont par ailleurs été placés mi-janvier sous le statut de témoin assisté.

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(avec AFP)