Corsair va étudier le lancement d'une low-cost long-courrier pour résister à French Blue

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  840  mots
Corsair compte 7 avions long-courriers dans sa flotte
La compagnie aérienne française du groupe touristique TUI va étudier le lancement d'une compagnie à bas coûts long-courrier, a indiqué à La Tribune Pascal de Izaguirre, le PDG de Corsair et Président de TUI en France. Comme d'autres opérateurs, Corsair est désormais menacée par l'arrivée de French Blue dans le ciel français.

Avec l'arrivée de la low-cost Norwegian en juillet sur l'axe transatlantique au départ de Roissy, puis l'ouverture, en septembre, des premiers vols de la low-cost long-courrier française French Blue entre Orly et Punta Cana, en République dominicaine, la question du low-cost long-courrier est au cœur des discussions des professionnels du transport aérien français réunis à Paris au salon du tourisme IFTM Top Resa.

Air France planche sur le sujet

Mardi, lors d'un point presse, le PDG d'Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac, a rappelé que le lancement ou pas d'une telle activité était à l'étude au sein du groupe et que la décision serait annoncée début novembre. Ce mercredi, lors d'un entretien accordé à La Tribune, son homologue chez Corsair, Pascal de Izaguirre (ancien directeur général adjoint à Air France), également Président de l'ensemble du groupe TUI en France, a expliqué l'intérêt qu'il portait au lancement d'une activité low-cost long-courrier au sein de Corsair.

"French Blue est une menace directe"

 «Nous allons travailler sur la faisabilité de lancer une activité low-cost long-courrier. Il faut regarder la vérité en face. Sur la durée Corsair ne pourra pas résister à des concurrents qui disposent d'un tel avantage en termes de coûts», a expliqué Pascal de Izaguirre. «Si jusqu'ici, les rares tentatives de low-cost long-courrier ont échoué, le modèle semble aujourd'hui s'implanter sérieusement. French Blue est une menace directe», a-t-il ajouté.

En effet, French Blue, la compagnie soeur d'Air Caraïbes dans le groupe Dubreuil, entend ouvrir en 2017 la ligne Paris-La Réunion, un axe qui représente 30% du chiffre d'affaires de Corsair. French Blue sera donc le cinquième opérateur sur cette ligne avec Air France, Air Austral, Corsair et XL Airways, et tous les opérateurs s'attentent à une guerre tarifaire sans merci. «Cela va être un bain de sang », prédisent de nombreux observateurs.

Guerre des prix

«Il va y avoir une surcapacité énorme sur cette ligne avec de fortes baisses de prix car il est évident que nous alignerons nos prix sur ceux de French Blue», anticipe Pascal de Izaguirre, lequel a intégré un impact économique défavorable de cette concurrence dans le budget 2016/2017 (1er octobre/30 septembre) de Corsair, qu'il prévoit néanmoins dans le vert à l'instar de celui de cette année qui s'achève à la fin du mois. Il s'agit du premier exercice bénéficiaire depuis de nombreuses années.

Le spectre de l'arrivée de Norwegian sur les Antilles

Mais, derrière French Blue se cache une autre menace, jugée encore plus dangereuse : l'arrivée de Norwegian sur les Antilles, une perspective qui hante tous les acteurs tricolores présents sur cet axe.

«La présence combinée de French Blue et de Norwegian serait une révolution sur le marché», insiste Pascal de Izaguirre. La Réunion et les Antilles pèsent près des deux-tiers du chiffre d'affaires de la compagnie.

Si Corsair se lance dans le low-cost long-courrier, elle utilisera des A330-300. Le débat en interne promet d'être animé, comme il le fut chez Air Caraïbes. Redoutant un transfert d'activité d'Air Caraïbes vers French Blue, les syndicats d'Air Caraïbes n'ont pas hésité à faire grève au printemps pour obtenir une répartition des rôles entre les deux compagnies plus équilibrée.

Ce débat portera sur le statut de cette activité. La création d'une nouvelle compagnie ex nihilo comme l'a fait le groupe Dubreuil avec French Blue, constitue aux yeux de tous les observateurs la meilleure solution. En partant d'une feuille blanche, une compagnie peut en effet débuter avec des règles d'utilisation et des conditions de travail pour le personnel dénuées de tout l'héritage d'accords d'entreprises qui pèse sur les compagnies historiques.

«Avec un mille-feuille d'accords d'entreprises (c'est ce qui plombe le transport aérien français), on ne peut pas disposer de quelque chose de moderne et d'efficace », expliquait en juin, Marc Rochet, le président du directoire d'Air Caraïbes et président de French Blue.

Nécessité d'aller vite

Corsair doit aller vite. Selon nos informations, French Blue devrait débarquer sur la Réunion en juin 2017. Dans ce scénario, l'impact négatif pour Cordair portera sur 3 ou 4 mois de l'exercice fiscal 2016/2017, lequel s'achève le 30 septembre. En revanche, la concurrence de French Blue sur la Réunion se fera sentir sur l'ensemble l'exercice fiscal suivant, 2017/2018.

«Idéalement, il faudrait que Corsair puisse démarrer cette activité low-cost long-courrier pour la saison hiver 2017-2018 qui commence fin octobre », explique un observateur. Ce qui laisse peu de temps pour convaincre à Pascal de Izaguirre pour convaincre les syndicats.

A court terme, Corsair est protégé par ses B747-400, lesquels avec le prix actuel du carburant, affiche des coûts au siège très bas. Mais ces mêmes appareils constituent le point faible de la compagnie le jour où le prix du baril remontera.