"Corsair n'est plus en vente" (PDG)

Six mois après l'échec de la vente de Corsair au groupe Dubreuil, le géant du tourisme TUI conserve sa filiale française, bon gré mal gré. Souhaitant visiblement limiter les investissements, le groupe a décidé de prolonger les B747 de sa flotte, alors que se posait la question de leur renouvellement depuis plusieurs années déjà.
Fabrice Gliszczynski
Le groupe va financer la grande révision de ses B747, certes coûteuse (une check D moyenne de B747 se facture entre 1,5 et 2 millions de dollars, voire 1 million de plus en cas de mauvaise surprise) mais largement moins que l'achat ou la location d'avions neufs

Six mois après l'échec de la vente de Corsair au groupe Dubreuil (la maison-mère d'Air Caraïbes), TUI, le numéro un mondial du tourisme, conserve donc bon gré mal gré sa compagnie aérienne française qu'il avait mise en vente.

«Corsair n'est plus en vente», indique à La Tribune son Pdg, Pascal de Izaguirre, également président de TUI France.

Cette décision de TUI tient donc plus à la difficulté de trouver un acheteur après le retrait du groupe Dubreuil (même si, selon certaines sources, IAG et Qatar Airways auraient à l'époque également regardé le dossier) qu'à une envie soudaine de continuer une aventure qui lui a déjà coûté plusieurs centaines de millions d'euros depuis le rachat en 2002 de Nouvelles Frontières, maison-mère de Corsair (aujourd'hui, la compagnie aérienne est une filiale de TUI France).

Des résultats proches de l'équilibre

Pour autant, même si la compagnie n'est qu'une goutte d'eau dans le business du groupe TUI -lequel devrait annoncer d'excellents résultats financiers selon des experts-, pas question visiblement pour le groupe touristique allemand d'investir fortement dans Corsair et de remettre régulièrement au pot. Corsair doit devenir enfin rentable et se débrouiller seule.

Pascal de Izaguirre le sait et travaille sur un projet « alternatif » pour permettre à la compagnie d'afficher durablement des résultats dans le vert.

Ce qui n'est toujours pas le cas, malgré la chute du prix du baril. Selon nos informations, à l'issue de l'exercice 2014-2015, clos fin septembre, Corsair a affiché une légère perte d'exploitation. Interrogée, la compagnie n'a pas souhaité faire de commentaires.

Grande révision pour les B747

Pour plusieurs observateurs, les choix de flotte traduisent la volonté de TUI de limiter les investissements dans Corsair. Alors que la question du renouvellement des trois B747-400 se posait depuis des années, avec la perspective de devoir leur faire passer, à partir de 2017, une grande révision de maintenance ("check D") où l'avion est entièrement désossé pour être contrôlé, TUI a décidé de les conserver.

Le groupe va donc financer cette révision certes coûteuse (une check D moyenne de B747 se facture entre 1,5 et 2 millions de dollars, voire 1 million de plus en cas de mauvaise surprise) mais largement moins que l'achat ou la location d'avions neufs. Corsair va par ailleurs profité de ces révisions pour revoir sa classe économique et sa classe affaires (classe Grand Large) dans laquelle seront installés des sièges convertibles en lit (flat bed).

"Outil de production très compétitif"


Pour autant, même si un grand nombre de compagnies préfèrent se séparer de leurs B747 avant la check D, d'autres, comme British Airways, ont décidé de les exploiter plus longtemps que prévu.

«Nous ne sommes pas les derniers des Mohicans. British Airways va prolonger ses B747 jusqu'en 2025 », fait remarquer Pascal de Izaguirre.

En effet, avec la chute du prix du baril de pétrole, les B747 redeviennent compétitifs en termes de coûts au siège. Surtout lorsqu'ils sont équipés de 532 sièges comme le sont les appareils de Corsair.

Les coûts d'exploitation seront d'autant plus faibles que Corsair a renégocié à la baisse ses loyers. Ces derniers diminuent carrément de moitié.

«Notre outil de production est très compétitif», se réjouit Pascal de Izaguirre.

«Corsair est bien mieux armé aujourd'hui qu'il ne l'était hier », confirme un vieux routier du transport aérien.

Hausse des capacités sur les Antilles

Pascal de Izaguirre se déclare en effet optimiste pour 2016 et les années qui suivent.
Les réservations pour les prochains mois sont largement en avance par rapport à l'année dernière, notamment sur les Antilles, sa principale destination. Corsair a décidé d'augmenter ses capacités de près de 10% cet hiver sur chacune des deux îles. Corsair assurera cet hiver jusqu'à 11 vols par semaine entre Paris et Pointe-à-Pitre et jusqu'à 9 sur Fort-de-France.

« Le marché répond bien », indique le PDG de Corsair. Cette hausse de capacités permet de compenser l'arrêt d'Abidjan, une ligne sur laquelle Air France a tout fait pour sortir Corsair. S'il n'exclut pas de revenir en haute saison en Côte d'Ivoire, Pascal de Izaguirre cherche une nouvelle ligne pour l'hiver 2016-2017.

Attention à la remontée du prix du baril

Cet environnement plus clément permet à Corsair de ne pas vivre le couteau sous la gorge et de préparer son nouveau projet. Pascal de Izaguirre doit trouver la bonne formule pour préparer la compagnie à une remontée du prix du baril, prévue par certains experts vers la fin de la décennie, mais aussi à une éventuelle guerre des prix sur les Antilles et d'autres marchés que peuvent déclencher les compagnies du groupe Dubreuil, Air Caraïbes et l'an prochain, la filiale low-cost long-courrier du groupe Dubreuil.

Pour l'heure, la faiblesse du prix du baril semble jouer en faveur de Corsair. Elle lui donne plus de moyens pour résister à une telle offensive si celle-ci se déclenchait.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 2
à écrit le 29/10/2015 à 8:26
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Bien que j'aime bien les 747, les 3 de Corsair ont 22/23 ans ! Ça commence à faire beaucoup ! Quand je vois qu'Air Austral est sur le point de remplacer 2 de ses 777 qui ont seulement 6 ans...

le 31/01/2016 à 9:10
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Bonjour, je pense que l'âge n'est pas un problème vu que le constructeur lui même a prévu qu'il fallait faire le check d pour pouvoir voler dans les normes.

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