Eviter le plan B d’Air France en 2017 : les PNC cassent l’ambiance

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  725  mots
Alors que la direction a fixé une nouvelle date butoir à début janvier 2016 pour trouver avec les syndicats un accord de productivité qui permettrait d'éviter le fameux plan B en 2017, deux des trois syndicats représentatifs des hôtesses et stewards déclarent qu'il sera "absolument impossible d'aboutir" en si peu de temps. Or, s'il n'y a pas d'accord avec les PNC, il sera difficile d'en signer un avec les pilotes. Explications.

L'objectif de la direction d'Air France de rouvrir des négociations avec les syndicats afin de signer des accords de productivité d'ici à début janvier et éviter la mise en place du fameux plan B en 2017 est-il déjà compromis ?

Eviter le plan B en 2017

Pour rappel, dans la foulée des incidents du 5 octobre au cours duquel deux dirigeants de la compagnie ont été molestés par des salariés, la direction a repris contact avec les syndicats pour rouvrir les négociations qui avaient échoué au 30 septembre, la date butoir fixée par la direction.

L'objectif est d'éviter ainsi, non pas les 1.000 suppressions de postes prévu en 2016, lesquelles sont déjà actées, mais la baisse d'activité long-courrier de 7% prévue en 2017. Celle-ci entraînerait près de 1.900 suppressions de postes supplémentaires dont des licenciements secs. Pour les éviter, une seule solution selon la direction : que des accords sur des mesures de productivité soient signés d'ici à début janvier avec toutes les catégories de personnel. C'est dans cet esprit que la direction a repris contact il y a une quinzaine de jours avec les syndicats, suscitant l'espoir de certains syndicalistes et salariés.

Communiqué virulent à l'égard de la direction

Or, alors que les négociations n'ont toujours pas repris entre la direction et les organisations professionnelles, les syndicats PNC (personnels navigants commerciaux) contestent déjà le calendrier retenu par la compagnie. Vendredi soir, dans un communiqué virulent à l'égard de la direction, l'intersyndicale composée de deux des trois syndicats représentatifs des hôtesses et stewards (SNPNC, UNSA PNC) a annoncé la couleur.

«Cette renégociation ne pourra absolument pas aboutir en début d'année », a-t-elle déclaré.

L'accord collectif est valide jusqu'à fin octobre 2016

Les conditions de travail et de rémunération des PNC sont régies par un accord collectif à durée déterminée qui s'achève fin octobre 2016. Devant le refus des syndicats de réviser cet accord par anticipation, la direction propose désormais de renégocier le contenu de cet accord d'ici à début janvier, mais de l'appliquer à partir de novembre 2016, à l'issue de l'accord actuel. Un délai jugé trop serré pour les syndicats.

«Pour mémoire, les négociations du dernier accord collectif ont duré plus d'un an», font-ils valoir.

Ces deux syndicats oublient de dire qu'ils auraient pu avoir plus de temps pour négocier s'ils n'avaient pas pratiqué la politique de la chaise vide pendant des mois en ne se rendant pas aux séances de réunions avec la direction.

Pour eux, de nouveaux efforts de PNC ne se justifient pas au regard de ceux déjà fournis au cours des années précédentes, et de la situation de la compagnie qui renoue avec les bénéfices comme le confirmera la présentation ce mercredi des résultats du troisième trimestre 2015 d'Air France-KLM.

Le précédent de 2013

Si d'aventure les syndicats de PNC ne devaient pas signer dans le calendrier imparti, il sera difficile de convaincre les pilotes de le faire et par ricochet les personnels au sol. Car les pilotes regarderont de très près les négociations de leurs collègues navigants. En effet, le SNPL n'a toujours pas digéré d'avoir signé en 2012 le plan de restructuration précédent, Transfom, alors que, dans la foulée, les PNC l'ont refusé pour renégocier début 2013 un accord plus avantageux. Pour un grand nombre de pilotes, c'est là l'un des points fondamentaux pour expliquer la perte de confiance du SNPL à l'égard de la direction.

Si les négociations avec les PNC devaient se prolonger au cours de l'année 2016, les pilotes doutent que la direction soit en mesure d'obtenir des hôtesses et stewards des efforts de productivité qui permettraient de combler le différentiel de compétitivité avec les concurrents d'Air France qui est supérieur à celui des pilotes (autour de 40% pour les premiers, 20% pour les seconds). A l'approche de l'élection présidentielle en 2017, ils imaginent mal un accord qui pourrait déclencher un conflit.

Que fera la direction début janvier? Va-t-elle une nouvelle fois décaler son calendrier, sachant que le SNPL n'apprécie pas non plus cette nouvelle butée, source de tensions  ? Ou bien confirmer son plan B?