Filialisation de la maintenance : Air France bat en retraite devant la grogne syndicale

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  520  mots
Prenant acte de l'inquiétude des syndicats, la direction d'Air France renonce à "mener une étude sur une éventuelle filialisation de son activité maintenance", l'un des deux projets ambitieux du plan Trust Together annoncé il y a à peine six semaines.

C'est l'échec d'un des deux projets les plus ambitieux du plan Trust Together présenté le 2 novembre dernier avant même de l'avoir lancé. Six semaines après avoir annoncé l'idée, la direction d'Air France renonce en effet à lancer une étude sur l'éventuelle filialisation de son activité maintenance.

Forte émotion

C'est ce qu'a indiqué ce dimanche le nouveau directeur général Franck Terner dans un courrier adressé aux syndicats, dans lequel il dit prendre acte de la « forte émotion » et de « l'inquiétude » du personnel. Dans son plan "Trust Together", Air France-KLM avait annoncé envisager une filialisation de cette activité pour renforcer ses positions sur un marché en croissance, tout en en conservant le contrôle.

Vente de Servair au groupe chinois HNA

La compagnie a bien vu que ce dossier sensible socialement allait lui exploser à la figure. Peu après la vente au groupe chinois HNA de l'activité de restauration à bord Servair, le lancement d'une telle étude pour la maintenance avait provoqué une levée de boucliers des des syndicats qui redoutaient à terme une vente de la filiale et la perte du statut Air France pour le personnel.

Appel à la grève

Une large intersyndicale (SUD-Aérien, CGT, FO, Unsa, CFDT) appelait les salariés à la grève jeudi contre la filialisation, avec des rassemblements prévus à Orly, Roissy et Toulouse. Une séance du comité central d'entreprise (CCE) prévue ce même jour avait d'ores et déjà été déplacée de Roissy vers Paris, pour éviter tout débordement. Les syndicats doivent se réunir lundi pour décider de la levée ou non de la grève.
"Pour nous, c'est une victoire qui fait suite à la mobilisation massive des salariés", a commenté auprès de l'AFP Jérôme Beaurain de SUD-Aérien, premier syndicat à la maintenance.

Un malentendu pour la direction

Pour Franck Terner, ancien patron de l'activité maintenance du groupe, il existe "un malentendu sur les objectifs poursuivis" car l'étude "ne visait ni à préparer une vente de l'activité ni à modifier les conditions d'emploi des personnels". Il affirme cependant que "le statut quo n'est pas une option" pour la maintenance d'AF-KLM, numéro deux mondial du secteur derrière l'allemand Lufthansa.

"L'objectif de développement et de valorisation de ce métier reste inchangé et fera l'objet de réflexions initiées dès le début de l'année prochaine" avec les syndicats, a indiqué lundi à La Tribune un porte-parole d'Air France-KLM, précisant que le groupe "souhaite privilégier un dialogue serein sur toutes les autres options".

Du grain à moudre au SNPL

Pour autant, cette décision surprend certains analystes.

«Si la direction renonce à tous les projets ambitieux parce qu'elle a peur de faire de vagues, il ne restera plus rien quand elle passera du projet au plan », explique l'un d'eux.

Cette décision ne pourra que donner du grain à moudre au SNPL dans ses négociations avec la direction sur la création d'une filiale long-courrier au sein du groupe Air France. Un projet dont ne veut pas le syndicat des pilotes.