Covid-19 : le trafic aérien français pourrait perdre 65 millions de passagers en 2020 (IATA)

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  604  mots
L'aéroport d'Orly va fermer temporairement le 31 mars (Crédits : Gonzalo Fuentes)
Selon l'association internationale du transport aérien (IATA), les compagnies opérant en France pourraient perdre 12 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2020. Cette perte d'activité menace 318.000 emplois et 28,5 milliards de dollars de contribution à l'économie française, explique l'IATA.

Alors que le transport aérien français sera quasiment fermé pendant deux mois, la tempête que traversent les compagnies aériennes va leur coûter cher. L'association internationale du transport aérien (IATA) estime la perte de chiffre d'affaires pour les compagnies opérant en France à 12 milliards de dollars en 2020. Un chiffre qui résulte de la chute de 65 millions du nombre de passagers transportés dans l'Hexagone par rapport à l'an dernier (179 millions de passagers, selon la direction générale de l'aviation civile).

Selon IATA, cette perte d'activité menace potentiellement 318.000 emplois et 28,5 milliards de dollars de contribution à l'économie française. Les effectifs des seules entreprises travaillant sur les aéroports (hors personnels d'aéroports) s'élèvent déjà à 200 000 salariés, selon l'Union des aéroports français (UAF).

Au total pour l'Europe, la crise pourrait faire perdre aux compagnies européennes 76 milliards de dollars en 2020, en baisse de 46% par rapport à 2019. "Un tel déclin menace 5,6 millions de salariés et la contribution du transport aérien au PIB européen (378 milliards de dollars)", explique IATA.

Les compagnies opérant au Royaume-Uni pourraient quant à elles perdre 113,5 millions de passagers et 21,7 milliards de dollars de chiffre d'affaires; celles qui sont présentes en Espagne, 93,7 millions de passagers et 13 milliards de recettes; celles en Italie, 67,7 millions de voyageurs et 9,5 milliards de dollars de chiffre d'affaires; et celles en Allemagne, 84,4 millions de passagers et 15 milliards de recettes.

L'IATA demande le soutien des Etats

Pour atténuer ce plongeon, l'IATA demande aux Etats de soutenir le secteur, sous la forme d'aides directes, de prêts, de garanties de prêts, de réductions de taxes...

Lire aussi : "Les gouvernements doivent aider les compagnies aériennes" (Juniac, DG de IATA)

"L'industrie du transport aérien est un moteur économique qui soutient jusqu'à 12,2 millions d'emplois en Europe et 823 milliards de dollars de PIB. Chaque emploi créé dans le secteur de l'aviation en soutient 24 autres dans l'économie. Les gouvernements doivent reconnaître l'importance vitale de l'industrie du transport aérien, et ce soutien est nécessaire de toute urgence. Tout d'abord, cela permettra aux compagnies aériennes de rester financièrement viables pendant la période actuelle de fermeture, de préserver les emplois, de maintenir les liaisons essentielles pour le rapatriement des citoyens et de transporter des fournitures de fret aérien qui sont vitales. Deuxièmement, cela éviterait des dommages économiques importants en permettant aux compagnies aériennes de développer rapidement leurs activités lorsque les restrictions de voyage seront levées, ce qui stimulerait les économies européenne et mondiale", a déclaré Rafael Schvartzman, vice-président régional de l'IATA pour l'Europe

Révision des droits des passagers

En plus du soutien financier, l'IATA demande à la Commission européenne de modifier de manière temporaire le règlement UE261 sur les droits des passagers,  et notamment sur les remboursements en cas d'annulation de vol. Avec l'arrêt quasi-complet du ciel mondial, un très grand nombre de billets sont concernés. Pour protéger leur trésorerie, les compagnies demandent de pouvoir proposer de "avoirs" pour des voyages ultérieurs plutôt que de devoir rembourser les billets, "comme cela a été autorisé pour certains voyagistes", précise l'IATA.

Les compagnies demandent aussi un ensemble de mesures pour garantir les opérations de fret aérien, notamment des procédures accélérées pour l'obtention des permis de survol et d'atterrissage, l'exemption de la quarantaine de 14 jours pour les membres d'équipage et la suppression des obstacles économiques (redevances de survol, frais de stationnement et restrictions de créneaux horaires).