Grève chez Air France HOP : l'heure de vérité

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  741  mots
(Crédits : Reuters)
Le conseil du SNPL (Syndicat national des pilotes de ligne) de la filiale régionale d'Air France se réunit, ce mardi, pour étudier la proposition salariale de la direction et décidera de lancer ou pas une grève à partir du lundi 24 février. Explications.

Journée décisive pour Air France HOP. Le conseil du SNPL (Syndicat national des pilotes de ligne) de la filiale régionale d'Air France se réunit, ce mardi, pour étudier la proposition salariale de la direction, et décidera de lancer ou pas une grève à partir du lundi 24 février. En janvier, le SNPL avait déposé un préavis de 12 jours de grève (tous les vendredis à partir du 14 février), pour obtenir des conditions de travail et de rémunération proches de celles des pilotes d'Air France. En raison des négociations, ce préavis a été décalé au lundi 24 février.

5,5 millions d'euros obtenus : 11,5 millions pour lever le préavis

Selon des sources syndicales, la direction propose d'augmenter la masse salariale des 750 pilotes de la compagnie régionale de 4,5 millions d'euros. S'ajouterait également un million d'euros correspondant à l'augmentation générale de 1% accordée à tous les salariés, avec effet rétroactif au 1er octobre 2019. En tenant compte des provisions pour les congés, la masse salariale des pilotes de HOP s'élève aujourd'hui à 145 millions d'euros.

Ce niveau d'augmentation ne semble pas suffisant pour calmer les pilotes de HOP, lesquels demandent, à défaut d'une intégration chez Air France qui leur est refusée, des hausses de salaires proches de celles obtenues par les pilotes d'Air France depuis l'arrivée de Ben Smith à la tête du groupe il y a 18 mois, lesquelles sont assorties de contreparties favorables à l'entreprise. Celles-ci sont estimées à 12% par les pilotes de HOP.

"S'il n'y a pas au moins six millions d'euros supplémentaires, le conflit social semble inévitable", estime un membre du SNPL de HOP, précisant que les pilotes étaient prêts à discuter eux aussi de contreparties, en termes d'amélioration de la productivité notamment.

Beaucoup comptent sur la présence au conseil d'Oltion Carkaxhija, le "Monsieur social" de Ben Smith, pour décanter les choses.

"Soit on donne de la visibilité aux pilotes de HOP en leur proposant des opportunités de carrière chez Air France et Transavia, soit on leur donne leur part du gâteau", clame-t-on chez HOP.

Le rêve de l'intégration à Air France

Derrière cette phrase se cache la revendication principale des pilotes de HOP : intégrer Air France qui multiplie les embauches alors que les difficultés économiques de HOP la condamnent à l'attrition voire mettent en cause sa pérennité.

Le SNPL HOP voudrait aller plus loin que l'accord sur les recrutements signé en 2014 entre la maison-mère et sa filiale stipulant que 35% des postes de pilotes d'Air France sont accordés à des pilotes de HOP, sous réserve qu'ils aient obtenu la sélection Air France.

Au-delà de ce quota, les conditions d'embauche créent de fortes tensions. Alors que tout nouveau pilote intégrant Air France commence en bas de l'échelle (copilote moyen-courrier en étant au bas de la liste de séniorité), les pilotes de HOP, et plus précisément certains commandants de bord, veulent rejoindre Air France en conservant leur titre, leur ancienneté et leur rémunération.

"Un commandant de bord de HOP avec 20 ans d'ancienneté qui va chez Air France perd ainsi 50% de sa rémunération", explique-t-on chez HOP.

Une demande irréaliste aux yeux des pilotes d'Air France puisque le maintien de l'ancienneté ferait passer des pilotes de HOP devant les plus jeunes pilotes d'Air France dans la liste de séniorité de la compagnie, laquelle fixe tous les actes de carrière (et donc de rémunération) des pilotes.

"Pas question d'acheter la paix sociale de HOP en jouant avec les règles d'embauche à Air France", tranche un membre du SNPL Air France.

Autre sujet de discorde. Les pilotes de HOP ayant obtenu la sélection à Air France ont souvent été contraints ces dernières années de rester chez HOP pour ne pas perturber l'exploitation de la compagnie régionale. Du coup, ces derniers demandent que la date d'obtention de la sélection à Air France, et non l'entrée réelle à Air France, soit prise en compte pour déclencher le début de leur carrière à Air France. Là aussi, le SNPL Air France a refusé. Un tel procédé pourrait permettre de voir des pilotes de HOP entrer directement sur long-courrier à Air France.

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