Grève des contrôleurs à la SNCF : « Tous les trains ne vont pas partir », un TGV sur deux en circulation ce week-end

Par latribune.fr  |   |  1083  mots
Les deux syndicats appelant à la grève, la CGT-Cheminots et Sud-Rail, représentent environ 60% des salariés au niveau du groupe et les deux-tiers des contrôleurs. (Crédits : Reuters)
Seul un TGV sur deux circulera ce week-end en raison d'une grève des contrôleurs, a annoncé la SNCF ce mercredi. En plein chassé-croisé des vacances scolaires, priorité sera mise sur « les départs et les retours de la neige », a indiqué le patron de SNCF Voyageurs, Christophe Fanichet. Gabriel Attal a déploré « une forme d'habitude » d'annonces de grèves de cheminots « à chaque vacance », qui porte « un coup » à « l'image de la SNCF ».

[Article publié le mercredi 14 février 2024 à 8h37, mis à jour à 16h26]. Grosses perturbations à prévoir cette fin de semaine dans les gares. En plein chassé-croisé des vacances - au milieu des vacances scolaires de la zone C (Île-de-France, académies de Montpellier et Toulouse) et au début de celles de la zone A (académies de Besançon, Dijon, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Grenoble, Lyon, Limoges et Poitiers) - deux syndicats de la SNCF, la CGT-Cheminots et Sud-Rail, appellent à la grève du vendredi 16 au dimanche 18 février inclus.

« Les Français savent que la grève est un droit », mais « aussi que travailler est un devoir », a réagi le Premier ministre, Gabriel Attal lors d'un déplacement à Villejuif (Val-de-Marne), déplorant « une forme d'habitude » d'annonces de grèves de cheminots « à chaque vacance qui arrivent », ce qui porte « un coup » à « l'image de la SNCF ».

Ainsi, seul un TGV Inoui et Ouigo sur deux circulera vendredi, samedi et dimanche, confirme la SNCF, prévenant que « la circulation des trains sera fortement perturbée » à partir de 20 heures jeudi et jusqu'à 8 heures lundi.

Pour les Intercités de jour et de nuit, un train sur deux circulera vendredi, samedi et dimanche. Le groupe ferroviaire n'a pas précisé l'impact de la grève sur la circulation des trains jeudi.

« L'objectif, c'est d'assurer un TGV sur deux qui circule ce week-end », avec « autant de Ouigo que d'Inoui » et une priorité pour « les départs et les retours de la neige », a indiqué le patron de SNCF Voyageurs, Christophe Fanichet, au micro de France Info ce mercredi.

« Tous les trains ne vont pas partir », a-t-il reconnu.

Concernant les enfants voyageant seuls, « on va faire le maximum ». « J'espère que la quasi totalité des enfants pourront partir grâce à notre service », a-t-il ajouté.

Les clients, qui sont informés par SMS et courriel, sont encouragés à décaler leur voyage au jeudi ou au lundi. « Dans la plupart des cas, je le dis très sincèrement, vous pourrez partir ce week-end en vous décalant de quelques heures ou le lendemain », a déclaré le patron de SNCF Voyageurs.

La SNCF prévoit également un « dédommagement exceptionnel », dont les conditions doivent être précisées mercredi après-midi, pour ceux qui ne pourraient pas voyager.

Des promesses toujours attendues selon les syndicats

Ce mouvement de grève est initié par les contrôleurs et syndicats. Ils estiment que l'accord de sortie de crise négocié fin 2022, quand une grève le week-end de Noël avait laissé 200.000 voyageurs sur le carreau, tarde à être appliqué. C'est la raison pour laquelle ils avaient déposé un préavis de grève début février. Pour tenter d'éviter le mouvement, deux réunions de quatre et trois heures les avaient réunis autour de la table des négociations avec la direction de la SNCF, la semaine dernière. Sans les convaincre de lever leur préavis.

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Or, pour la SNCF, l'accord « est en place à 87%, ce sera 92% fin 2024 et 100% en 2025 », avait assuré Jean-Pierre Farandou. « L'accord des chefs de bord est largement respecté », avait-il précisé. Les promesses d'amélioration de la rémunération sont en place « à 100% ». Quant aux autres engagements, ils sont en passe d'être tenus, comme l'obligation d'avoir deux chefs de bord par TGV.

Reconnaissant malgré tout les tensions sociales qui traversent son entreprise - la CGT revendique 107 luttes locales -, Jean-Pierre Farandou avait fait quelques promesses supplémentaires pour contenter tous les cheminots, et pas seulement les chefs de bord. La direction avait décidé du versement d'une prime supplémentaire de 400 euros en mars pour les cheminots, avait revalorisé l'indemnité de résidence pour les salariés habitant là où le marché immobilier est en tension, avait consenti à 3.000 promotions supplémentaires, et avait décidé la création de 1.100 emplois supplémentaires, dont 200 contrôleurs.

Ce qui avait suffi à convaincre la CFDT-Cheminots, qui avait levé son préavis, mais pas la CGT-Cheminots et Sud-Rail. Or, ces deux organisations représentent environ 60% des salariés au niveau du groupe et les deux-tiers des contrôleurs. De son côté, l'Unsa ferroviaire n'avait pas appelé à la grève.

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La SNCF et le gouvernement haussent le ton

Si bien que, étant donné le contexte, ce mouvement de grève est « incompréhensible » pour le patron de SNCF Voyageurs. « Parce que les engagements de l'entreprise qui ont été pris en décembre 2022 sont tenus », a affirmé Christophe Fanichet. « On avait promis des postes supplémentaires, ces postes sont présents », a-t-il ajouté.

Déjà la veille, le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou avait appelé les contrôleurs à « réfléchir » et « bien prendre la dimension » des concessions faites par la direction avant de mettre à exécution leur menace de grève.

« On augmente l'emploi, on augmente les salaires, on propose une plateforme de progrès social, je ne vois pas bien pourquoi en réponse on aurait une perturbation pour les Français qui veulent partir en vacances », avait estimé le PDG de la SNCF.

Quant à une potentielle grève des aiguilleurs, dépendant de la filiale SNCF Réseau, le week-end suivant, « il est trop tôt pour parler de ce sujet », a jugé Christophe Fanichet.

De son côté, le gouvernement semble aussi commencer à perdre patience. Le ministre des Transports, Patrice Vergriete, s'est dit, lui, « un peu surpris » par cette grève :

« Je suis effectivement un peu surpris de cette grève ce week-end (...) parce qu'il a été acté par la direction des primes et des augmentations de salaires qui fait envie à beaucoup de nos concitoyens », a déclaré le ministre, précisant que « la catégorie d'agents qui se mobilise ce week-end en a largement bénéficié, avec presque 20% de hausse de salaire en deux ans ».

Un enlisement du conflit serait un scénario noir pour l'exécutif qui doit déjà faire face aux manifestations des agriculteurs qui menacent de perturber le salon de l'agriculture.

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(Avec AFP)