La SNCF prévient (déjà) que les résultats de 2023 seront en baisse

Par latribune.fr  |   |  865  mots
Le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, a indiqué ne pas avoir encore d'évaluation du coût de cette grève des contrôleurs. (Crédits : Shutterstock)
Le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, a annoncé des résultats en baisse en 2023, dans un entretien accordé au Monde, sans toutefois donner de précisions chiffrées. Il faut dire que l’année 2022 s’était terminée sur des résultats solides. Le patron de la compagnie ferroviaire est aussi revenu sur l’épisode de grève du week-end dernier. Il propose aux syndicats une « plateforme de progrès social » pour discuter de tous les sujets et renouer le « dialogue social ».

Les chiffres ne seront connus que la semaine prochaine - le 28 février précisément -, mais le PDG de la SNCF prévient déjà : les résultats de la compagnie ferroviaire seront en baisse pour l'année 2023. Ils « seront moins bons que ceux de 2022 », a averti Jean-Pierre Farandou dans un entretien au quotidien Le Monde, publié ce jeudi 22 février. Sans plus de détails pour le moment.

Il faut dire que la SNCF avait spectaculairement redressé ses comptes en 2022, grâce au retour des voyageurs dans ses trains et à la dynamique de la logistique. Le bénéfice net avait atteint un niveau record à 2,425 milliards d'euros (soit une multiplication par 2,7 sur un an) et son Ebitda - bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissements - un indicateur clé de rentabilité, avait grimpé de 55% pour s'établir à 6,6 milliards d'euros.

Une plateforme pour renouer le dialogue

Ce jeudi, le PDG de la SNCF insiste par ailleurs sur le « dialogue social ». Pour rappel, une grande partie des contrôleurs de train ont été en grève le week-end dernier. Un TGV sur deux avait été supprimé affectant 150.000 voyageurs, sur le million qui devaient voyager lors de ce weekend de chassé-croisé de vacances scolaires.

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« Je ne veux plus qu'on utilise la grève comme point d'entrée du dialogue social à la SNCF », a asséné Jean-Pierre Farandou.

Il a ainsi évoqué son idée de proposer aux syndicats une « plateforme de progrès social » pour discuter de tous les sujets. Mais il a toutefois prévenu : « J'intègre les revendications portées par les chefs de bord (ndlr : autre nom des contrôleurs) des TGV. Mais elles ne sont pas toutes accessibles ».

Les revendications des salariés lors de la grève du week-end dernier portaient notamment sur des questions salariales. « Tous les cheminots ont envie d'augmenter leur salaire. Mais l'argent que je mettrai là, je ne l'aurais pas pour acheter des TGV, rénover les infrastructures, améliorer la qualité de service », a assuré le PDG. Les employés du groupe considéraient également que l'accord de sortie de crise négocié fin 2022, quand une grève le week-end de Noël avait laissé 200.000 voyageurs sur le carreau, tarde à être appliqué.

Le débat sur des périodes sans grève relancé

Jean-Pierre Farandou a indiqué ne pas avoir encore d'évaluation du coût de cette grève des contrôleurs. Reste qu'elle a suscité de nombreux débats et relancé la question de la « sanctuarisation » de périodes sans grève.

Une demande faite notamment par le parti Les Républicains (LR) et des centristes du Sénat, que la ministre des Relations avec le Parlement, Marie Lebec, a indiqué ne pas exclure. « La question de la protection du droit de grève est essentielle, mais je crois qu'on peut s'interroger sur le recours au droit de grève quand on a une mission de service public », avait déclaré la ministre déléguée sur Sud-Radio mardi. Elle avait toutefois questionné sur un recours à la loi pour cela.

« Est-ce que les modalités doivent forcément passer par la loi ? Est-ce que ça peut faire l'objet d'un accord ou autre avec les représentants syndicaux ? Je crois que toutes les options sont ouvertes », avait-elle ajouté.

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« Ce qu'il faut sanctuariser, c'est le droit de grève », avait répliqué la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, interrogée par l'AFP. « Je rappelle au gouvernement que le droit de grève est un droit fondamental des travailleurs, inscrit dans la Constitution et dans les normes fondamentales du droit international. Le dernier gouvernement qui a interdit le droit de grève, c'est Vichy », avait-elle poursuivi. Une telle mesure, « c'est ouvrir la boîte de Pandore, et une fois que c'est ouvert, on ne sait pas jusqu'où ça peut aller », avait de son côté mis en garde le secrétaire général de l'Unsa-Ferroviaire, Didier Mathis.

Nouvelle grève ce week-end, circulation attendue comme « normale »

Un nouveau mouvement social est prévu dès vendredi. Cette fois de la part des aiguilleurs qui sont chargés de réguler la circulation sur le réseau. Ils sont appelés à cesser le travail les vendredi 23 et samedi 24 février, dates qui ont pour particularité d'être communes aux trois zones de vacances scolaires.

Ils demandent « un vrai plan massif d'embauches », une « majoration de la prime opérationnelle de circulation » à 300 euros contre 60 euros actuellement et des questions d'organisation du travail avec des plannings plus prévisibles, d'après Julien Troccaz, secrétaire fédéral du syndicat Sud Rail à l'origine de la mobilisation.

Du côté de SNCF Réseau, le gestionnaire d'infrastructure, on assure que l'entreprise a fait des efforts de recrutement ces dernières années, en passant de 508 embauches en 2020 à 654 en 2022, puis 902 en 2023. La SNCF prévoit néanmoins une circulation « normale » avec « quelques perturbations localisées ».

(Avec AFP)