SNCF : 150.000 voyageurs ne pourront pas partir en vacances à cause de la grève des contrôleurs

La SNCF a averti que la circulation des trains est déjà « fortement perturbée » depuis ce vendredi matin : trois contrôleurs sur quatre sont absents. L'opérateur ferroviaire connaît, en effet, une importante grève depuis jeudi soir. Le mouvement social doit durer jusqu'à lundi.
Trois contrôleurs sur quatre sont en grève ce vendredi (Photo d'illustration).
Trois contrôleurs sur quatre sont en grève ce vendredi (Photo d'illustration). (Crédits : DR)

[ Article publié le vendredi 16 février 2024 à 14h58, mis à jour à 17h09, puis 19h15]

150.000 voyageurs privés de vacances. C'est le triste bilan communiqué par la SNCF ce vendredi. 150.000 voyageurs « ne vont pas pouvoir partir » en vacances sur un million a annoncé le patron de SNCF Voyageurs, Christophe Fanichet. La conséquence à la suppression d'un TGV sur deux en France pour le premier chassé-croisé des vacances d'hiver en raisin d'une grève des contrôleurs.

« 850.000 Français vont pouvoir finalement partir en vacances » mais « je regrette que 150.000 Français ne vont pas pouvoir partir », a-t-il déclaré sur BFMTV, concédant que « nous ne sommes pas au rendez-vous ».

Avec trois contrôleurs sur quatre en grève ce vendredi, la circulation des trains est « fortement perturbée » depuis jeudi 20 heures, et ce, et jusqu'à lundi 8 heures, a prévenu l'opérateur ferroviaire.

Ce vendredi, le service est réduit de moitié sur les lignes TGV Inoui et Ouigo, ainsi que pour les Intercités. Dans le détail, la compagnie a annoncé un trafic « normal » pour les trains Ouigo classiques et « perturbé » pour les liaisons européennes, comme l'Eurostar. La circulation est meilleure sur les lignes locales avec « en moyenne, 8 TER sur 10 ». Elle est annoncée « normale » en Bourgogne, « perturbée » dans le Nord-Pas-de-Calais, et « légèrement perturbée » sur l'axe Marseille-Toulon, selon les sites régionaux.

Lire aussiLa SNCF n'évitera pas la grève des contrôleurs pendant les vacances

Priorité aux voyages vers certaines stations de ski

Interrogé ce vendredi sur les modalités du plan de transport - priorisant certains trajets, et donc certaines communes, au détriment d'autres -, le ministre des Transports a assuré que la SNCF tient compte de « l'équité territoriale ».

« C'est une grève qui aurait pu être évitée », a-t-il ajouté, lors d'un déplacement à la gare Montparnasse, appelant « chacun à retrouver le sens des responsabilités » lundi. « Je pense qu'à partir de lundi, nous aurons un dialogue social équilibré », a-t-il avancé, au micro de BFMTV.

« Tous les Français ne pourront pas voyager », avait assumé jeudi Christophe Fanichet, le patron de SNCF Voyageurs, assurant donner « la priorité » aux « trains qui sont complets et... en février, ce sont les trains des Alpes ». Les trains à destination et en provenance des Alpes dont les wagons étaient complets devraient, en principe, tous circuler. En contrepartie, certaines lignes sont davantage touchées, à l'image de Paris-Bordeaux, où les deux tiers des trains sont annulés. Les stations des Pyrénées sont aussi plus difficilement desservies, avec de nombreux TGV annulés de Paris vers Lourdes, Tarbes ou Pau.

Face aux nombreux trains complets ou supprimés qui s'affichent sur l'application SNCF Connect, beaucoup optent pour le bus ou la voiture. Le trafic était normal sur les routes françaises vendredi matin, selon Bison Futé, mais le service d'information routière prévoit des difficultés liées aux départs et retours de vacances dans l'après-midi sur l'A6 et samedi en Auvergne-Rhône-Alpes, sur les axes reliant les stations de ski.

Des perturbations liées à la grève pourraient également venir « renforcer les difficultés de circulation attendues ce week-end sur l'ensemble du réseau routier », a prévenu Bison Futé. La plateforme Blablacar a observé un « doublement de la demande de réservations pour le covoiturage et les bus depuis l'annonce du plan de transport de la SNCF mercredi ». L'opérateur de bus a indiqué qu'il comptait ajouter des trajets supplémentaires pour « faire face à la demande », notamment de Paris vers Rennes, Toulouse et Marseille, et qu'il restait des places en covoiturage.

Des perturbations attendues dimanche

Pour rappel, deux syndicats de la SNCF, la CGT-Cheminots et Sud-Rail ont annoncé début février qu'une importante grève dans tout le pays allait avoir lieu ce week-end du 16 au 19 février, en plein chassé-croisé des vacances - au milieu des vacances scolaires de la zone C (Île-de-France, académies de Montpellier et Toulouse) et au début de celles de la zone A (académies de Besançon, Dijon, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Grenoble, Lyon, Limoges et Poitiers).

« On aura un train sur deux dimanche et nos clients reçoivent un mail, un SMS pour leur préciser si leur train est confirmé ou annulé » a prévenu ce vendredi Alain Krakovitch, directeur de TGV-Intercités sur TF1.

Grève : "On aura un train sur deux dimanche", Alain Krakovitch directeur de TGV-Intercités#BonjourLaMatinaleTF1 pic.twitter.com/ICCXAQ3HTu

— TF1Info (@TF1Info) February 16, 2024

Les voyageurs dont le train est supprimé pourront échanger leur billet sans frais ou se le faire rembourser. Le transporteur offre également une réduction de 50% sur leur prochain voyage aux clients concernés. La SNCF doit faire un point ce vendredi sur le nombre d'échanges de billets effectués.

Bras de fer entre la SNCF et les syndicats

A l'origine de ce mouvement, les syndicats grévistes estiment que l'accord de sortie de crise négocié fin 2022 - quand une grève le week-end de Noël avait laissé 200.000 voyageurs sur le carreau -, tarde à être appliqué. Ils demandent aussi une renégociation de l'accord sur les fins de carrière.

Pour éviter un mouvement social, le PDG du groupe, Jean-Pierre Farandou, a fait quelques promesses supplémentaires pour contenter tous les cheminots, et pas seulement les chefs de bord. La direction a décidé du versement d'une prime supplémentaire de 400 euros en mars pour les cheminots. En outre, elle a revalorisé l'indemnité de résidence pour les salariés habitant là où le marché immobilier est en tension et a consenti à 3.000 promotions supplémentaires. Enfin, elle a accepté la création de 1.100 emplois supplémentaires, dont 200 contrôleurs. L'accord « est en place à 87%, ce sera 92% fin 2024 et 100% en 2025 », a aussi assuré Jean-Pierre Farandou le 8 février.

Mais si la CFDT-Cheminots a été convaincue et a levé son préavis, ce ne fut pas le cas de la CGT-Cheminots et Sud-Rail. Or, ces deux organisations représentent environ 60% des salariés au niveau du groupe et les deux-tiers des contrôleurs. De son côté, l'Unsa ferroviaire n'a pas appelé à la grève.

« On ne peut pas dire oui à tout », a déclaré ce vendredi Alain Krakovitch, qui juge « très corrects » les 17% d'augmentations de salaire en trois ans dans le groupe. « Beaucoup de Français ne sont pas dans cette situation », a-t-il observé. Le directeur TGV-Intercités a, lui, estimé que la grève « interdit à beaucoup de Français de partir ou de revenir de vacances dans des conditions sereines », a-t-il déploré, estimant devoir « des excuses » aux clients.

Le droit de grève questionné par la droite

Du côté de l'exécutif, cette grève, lancée à l'initiative d'un collectif informel de contrôleurs, a relancé le débat sur le droit de grève pendant certaines périodes. Le Premier ministre Gabriel Attal a déploré mercredi « une forme d'habitude » à voir une grève des cheminots « à chaque vacances ».

« Je suis effectivement un peu surpris de cette grève ce week-end (...) parce qu'il a été acté par la direction des primes et des augmentations de salaires qui fait envie à beaucoup de nos concitoyens », a-t-il ajouté, précisant que « la catégorie d'agents qui se mobilise ce week-end en a largement bénéficié, avec presque 20% de hausse de salaire en deux ans ».

« La grève doit être l'arme ultime », or elle est « devenue un instrument de la négociation », a pointé de son côté le président du Sénat Gérard Larcher, ouvert à la discussion sur des dispositifs pour encadrer des mouvements sociaux comme celui des contrôleurs de la SNCF. Un texte de la droite sénatoriale interdisant les préavis autour des jours fériés et sur « les deux premiers et les deux derniers jours » des vacances scolaires serait ainsi actuellement dans les tuyaux législatifs.

Mathilde Panot (LFI) encourage les Français à faire grève

De l'autre côté du spectre politique, le son de cloche est radicalement différent. La cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot a encouragé ce vendredi les Français à faire grève avant et pendant les Jeux olympiques, face « à un gouvernement qui n'écoute rien ni personne » selon elle.

« Le droit de grève, c'est la démocratie sociale », a martelé l'insoumise sur BFMTV/RMC, interrogée sur la grève des contrôleurs SNCF. Quand « le gouvernement n'entend que le rapport de force, et bien il faut utiliser le rapport de force au maximum », a-t-elle estimé. Pour Mathilde Panot, le gouvernement va « à l'inverse de tout ce qui est le progrès social qu'il y a eu dans notre pays depuis des années et qui a été conquis par la grève ».

La cheffe des députés LFI a par ailleurs reproché au patron du Sénat Gérard Larcher, qui a proposé de restreindre le droit de grève pendant les vacances scolaires, de « ne pas souhaiter respecter la Constitution ».

(Avec AFP)

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Commentaires 30
à écrit le 17/02/2024 à 11:50
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Mon SUV thermique (essence) à 70K ne fait jamais la grève et pour l'avion, je fais passablement de km en carrosse afin de le prendre dans un aéroport étranger (non parasité par les conflits sociaux à répétition). Certes, question écologie, mon compor...

le 17/02/2024 à 14:27
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quand vous dites "étranger" vous voulez dire européen je présume? Car hormis Londres ou un aéroport Suisse, je ne vois pas trop où aller prendre l'avion à L'étranger...

le 17/02/2024 à 21:24
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@breizhou. Oui à Londres et en Suisse.

à écrit le 17/02/2024 à 10:16
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Aujourd'hui ; Le collectif Infirmiers libéraux en colère se mobilise au péage de Labège. Une mobilisation pour sensibiliser la population sur leurs conditions de travail. La colère gronde dans les rangs des infirmiers libéraux de l'Hexagone.

à écrit le 17/02/2024 à 10:04
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Chaque grève ou augmentation abusive des tarifs me confortent dans mon choix de ne plus prendre le train en France. Hélas, parfois, je ne peux pas faire autrement comme quand on achète un billet Airfrance avec Air+train depuis Rennes....Donc contrain...

à écrit le 17/02/2024 à 9:52
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Ils vont faire des économies forcées : on va dire que leur pouvoir d'achat va augmenter.

à écrit le 17/02/2024 à 9:22
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Une énième victoire facile et discrète du lobby pétrolier. Tranquille... ^^

à écrit le 17/02/2024 à 4:39
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Je ne comprends vraiment pas ces français qui persistent à vouloir prendre le train. Le train est très cher , souvent sale, systématiquement objet de grève aux moments des vacances et peu fiable lorsqu'il fonctionne. Vraiment la voiture est idéale ...

à écrit le 16/02/2024 à 20:26
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"Priorité aux voyages vers certaines stations de ski" Les 150.000 voyageurs ne partaient pas au ski ,donc.

à écrit le 16/02/2024 à 20:25
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C'est un peu comme avec Poutine, de la dictature. Fait on mieux que la population russe ? Ben non, on aime bien la dictature.

le 16/02/2024 à 20:34
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sauf qu on est pas assassine a coup de pollonium et poussez par les fenetres ..et je ne parle pas des marches si glissantes au Kremiln...

le 17/02/2024 à 9:16
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On a eu l'affaire Boulin , le corps est retrouvé au matin du 30 octobre 1979 dans l'étang Rompu de la forêt de Rambouillet.Suicide par noyade et empoisonnement requalifié en assassinat par intoxication

le 17/02/2024 à 10:24
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@Azerty : il y a une similitude entre la population française et de la population russe, à savoir une population paysanne vivant sous la coupe d'un système féodal et de religieux obscurantistes entretenant le sous-développement... C'est d'ailleurs po...

à écrit le 16/02/2024 à 20:14
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« 850.000 Français vont pouvoir finalement partir en vacances » Elle était pas bien dure cette gréve en fin de compte .

à écrit le 16/02/2024 à 19:52
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il faut envoyer ces 150.000 personnes dans le bureaux des differentes sections des syndicalistes, afin qu'ils hurlent avec tolerance leur indignation offensee ' a la goodyear' et ' a la florange', ce qui est juste, bienveillant et tolerant car de gau...

le 16/02/2024 à 21:36
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A ceci près que le mouvement des contrôleurs s'est constitué sur Facebook et les syndicats ont alors fait leur le fameux aphorisme de Jean Cocteau : puisque ce mouvement nous dépasse, feignons d'en être les organisateurs...

le 16/02/2024 à 23:45
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La grève a d abord été décidée via un collectif sur Facebook.. les syndicats pour ne pas étre débordé - qui dit que c est pas la direction de la sncf sur ordre de l état Qui leur s demande de «  gérer » histoire que ça dérape pas plus…ils ont dû pr...

à écrit le 16/02/2024 à 19:45
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Ou sont nos années qui ont suivit mai 68 ,que de retour en arrière pour les travailleurs, que de pertes de liberté, que de pertes d’acquis sociaux, nos dirigeants et ex dirigeants on donnes un boulevard pour l’arrivées des extrêmes au pouvoir ,les t...

à écrit le 16/02/2024 à 19:41
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Vindicatif: j'espère que seuls les contrôleurs non grévistes seront autorisés à voyager par le train, SNCF et opérateurs étrangers..

à écrit le 16/02/2024 à 19:35
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Dans ce climat, ceux qui n'ont pas les moyens de partir en vacances ne vont pas tarder à passer pour des privilégiés, leur liberté de circuler n'étant pas entravée.

à écrit le 16/02/2024 à 18:08
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JE SUIS SALARIE DU PRIVE ET VU TOUS LES COMMENTAIRES FAUDRAIT ETRE UN PEU MOINS EMOTIF ET PRENDRE DU RECUL BEAUCOUP BLABLATE MAIS NE CONNAISSENT RIEN A CETTE BOITE DE L INTERIEUR I A L IMAGE DE NOS POLTIQUES PROMETTANT MAIS APPLIQUE RAREMENT ET PAS S...

à écrit le 16/02/2024 à 18:04
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JE SUIS SALARIE DU PRIVE ET VU TOUS LES COMMENTAIRES FAUDRAIT ETRE UN PEU MOINS EMOTIF ET PRENDRE DU RECUL BEAUCOUP BLABLATE MAIS NE CONNAISSENT RIEN A CETTE BOITE DE L INTERIEUR I A L IMAGE DE NOS POLTIQUES PROMETTANT MAIS APPLIQUE RAREMENT ET PAS S...

à écrit le 16/02/2024 à 18:03
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JE SUIS SALARIE DU PRIVE ET VU TOUS LES COMMENTAIRES FAUDRAIT ETRE UN PEU MOINS EMOTIF ET PRENDRE DU RECUL BEAUCOUP BLABLATE MAIS NE CONNAISSENT RIEN A CETTE BOITE DE L INTERIEUR I A L IMAGE DE NOS POLTIQUES PROMETTANT MAIS APPLIQUE RAREMENT ET PAS S...

à écrit le 16/02/2024 à 17:57
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Nous ne remercierons jamais assez Ryanair et Easyjet. En dehors de la bagnole, il n'y a que sur eux que l'on peut compter.

le 16/02/2024 à 20:32
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bien sur avec la fraude social et fiscale qui va avec ..on devrait imposer comme en Scandinanvie: tu décolles/atterris en France ? TU PAYES TES COTISATIONS ET IMPOTS EN FRANCE...mais comme vous devezetre un happy few et profiter du systeme de fraude...

à écrit le 16/02/2024 à 16:49
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Il y a bien longtemps que j'ai abandonné l'idée de voyager en France, un vol long courrier avec une compagnie autre que AF et au bout du monde un séjour de rêve loins des tracas de la SNCF qui pour moi est depuis longtemps la ANCF( AVEC NOUS C'EST FO...

à écrit le 16/02/2024 à 15:50
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3 contrôleur sur 4 mobilisé.1 train sur 2 en circulation.Une énigme ? Non ce sont les cadres de l entreprise qui viennent faire le travail des contrôleurs ( non cadres) Encore une manière de renforcer la cohésion des équipes...en dehors du principe ...

le 16/02/2024 à 17:51
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@karine: toutes les entreprises ont des avantages qui sont in fine payés par le contribuable ou le consommateur: j ai bossé a la bnp je ne payais aucun frais, prêt immo bonifie, compte bancaire courant rémunéré et cb gratos, jai bossé chez carrefo...

à écrit le 16/02/2024 à 15:37
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Lu sur le parisien : Sylvain, Parisien de 53 ans, se dit quant à lui « furieux contre la SNCF ». « J’essaie de prendre le train dès que possible », assure celui qui voyage régulièrement en train. Cette fois, ce cadre commercial devait quitter la c...

à écrit le 16/02/2024 à 15:30
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" Tous les Français ne pourront pas voyager », avait assumé jeudi Christophe Fanichet" Tous les français qui prennent le train ne pourront pas voyager ,pour les autres ça va .

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