Pass sanitaire : "Il n'y a pas eu d'annulations massives", à la SNCF (PDG)

Par latribune.fr  |   |  743  mots
Sur les six premiers ois de l'année, le chiffre d'affaires a progressé de 13,5% sur un an, à 16,1 milliards d'euros. (Crédits : REGIS DUVIGNAU)
Le groupe a certes divisé sa perte par trois au premier semestre mais la reprise de ses activités est encore fragile. Le chiffre d'affaires de Voyages SNCF a ainsi modestement progressé de 2% et reste en baisse de 57% par rapport à son niveau de 2019.

Après les années 2019 et 2020, assassines pour la rentabilité de la SNCF, 2021 va-t-elle amorcer la fin de l'hémorragie ? La route sera longue. Car si les résultats s'améliorent par rapport à l'an dernier, ils restent bien enfoncés dans le rouge. Au premier semestre, la société ferroviaire a diminué fortement sa perte nette, à 780 millions d'euros, mais son niveau équivaut à celui de l'ensemble de l'année 2019 (801 millions), plombée alors par la grève contre la réforme des retraites et des effets comptables défavorables.

Pour autant, le PDG Jean-Pierre Farandou se veut optimiste : "la perte a été divisée par trois", a-t-il commenté jeudi 29 juillet lors de la publication de ses résultats. Une accalmie due à un rebond de ses activités : sur les six premiers ois de l'année, le chiffre d'affaires a progressé de 13,5% sur un an, à 16,1 milliards d'euros. Il reste toutefois en recul de 10% par rapport à son niveau du premier semestre 2019 avant la pandémie.

La SNCF n'a pas besoin d'une nouvelle aide de l'Etat, selon le PDG

Pour réduire sa perte, le groupe est d'ailleurs engagé dans un plan d'économies drastique. Assurant qu'il n'aurait pas de conséquence sur les emplois, ce plan de réduction des coûts porte notamment sur les frais de structure et de fonctionnement et sur le report ou l'abandon de certains projets d'investissements.

Face au Covid, le groupe a aussi été recapitalisé par l'Etat à hauteur de 4 milliards d'euros. Le groupe n'a pas besoin d'un nouveau soutien de l'État, selon M. Farandou.

"On a les premiers fruits de notre nouvelle politique tarifaire" annoncée début juin, se réjouit Jean-Pierre Farandou aussi. Lisibilité et flexibilité des usages, la nouvelle stratégie tarifaire qu'il évoque doit casser l'image d'un "TGV cher" pour reconquérir son public.

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La fréquentation TGV en retard de 50%

Reste que la SNCF peut moins compter sur l'activité TGV qui représente pourtant une part importante de son chiffre d'affaires. Les performances sont contrastées avec "de mauvaises nouvelles côté Voyages SNCF dues au troisième confinement, mais de bonnes nouvelles côté logistique", a relevé M. Farandou.

Le chiffre d'affaires de Voyages SNCF a modestement progressé de 2%, mais il reste en baisse de 57% par rapport à son niveau de 2019. Seuls les TER, trains de banlieue d'Ile-de-France et l'opérateur de transports publics Keolis- se sont redressées.

Ainsi, les activités voyageurs longue distance ont été fortement affectées par les mesures sanitaires qui ont continué à peser sur les déplacements et ne représentent plus que 12% de l'activité globale. Sur le semestre, la fréquentation des TGV a progressé de 9,4% par rapport à la période correspondante de 2020, mais elle reste en retard de 50% par rapport à celle de 2019.

Le groupe veut d'ailleurs croire à l'amorce d'un rebond, dès cet été. Jean-Pierre Farandou se félicite déjà d'"un très bon mois de juillet". Pour l'ensemble de l'été, "on ne sera pas très loin des scores de 2019", avant la pandémie, prédit-il.

Quelles conséquences de l'obligation du pass sanitaire ?

Le pass sanitaire, effectif pour les trajets longue distance dès le 10 août, va-t-il ralentir le rythme des réservations ? "Pour le moment, il n'y a pas eu de phénomène visible" d'une éventuelle désaffection des voyageurs après l'annonce du gouvernement d'imposer le pass sanitaire pour ces trains grandes lignes. "Il n'y a pas eu d'annulations massives", observe le PDG.

"S'il n'y a pas de quatrième confinement, on est parti pour un bon second semestre", pronostique le PDG, espérant que le passe sanitaire et les progrès de la vaccination permettront de toute façon de "maintenir la mobilité longue distance, sans affecter le trafic TGV".

Reste toutefois quelques inconnues : "la question aussi, c'est la clientèle d'affaires", un créneau plus rémunérateur qui a déserté les TGV. "A la rentrée, on y verra plus clair sur le changement de comportement lié à une crise sanitaire longue et à l'utilisation installée des outils de téléréunion dans les entreprises", note Jean-Pierre Farandou.

"On aura la réponse en septembre, en octobre, en novembre..."

Du côté du trafic voyageurs, la compagnie ne s'attend pas à un retour à la normale avant 2023.

(avec AFP)

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