Pollution : la RATP inaugure une solution de traitement de l'air sur la ligne 2

Par Giulietta Gamberini  |   |  619  mots
"Cette solution technique offre la possibilité de traiter une grande quantité d'air (7500 m3/h, à savoir 10% de l'air de la station) en consommant l'électricité équivalente à celle d'un grille-pain", selon Suez. (Crédits : Bruno Marguerite / RATP)
Dénommé Ip'Air, le dispositif a été développé par Suez afin de répondre au problème spécifique des particules fines du métro souterrain. Il sera testé pendant six mois. La solution intéresse la région Ile-de-France, où Valérie Pécresse évoque l'idée de l'étendre à la protection des populations fragiles (écoles, hôpitaux, Ephad...).

Un boîtier vertical gris au milieu du quai et, à sa droite et à sa gauche, deux longs caissons blancs. Sans lire les inscriptions, les passagers de la ligne 2 du métro parisien qui traversent la station Alexandre Dumas devineront difficilement ce que cachent ces plaques de métal. La RATP, avec la région Ile-de-France et Ile-de-France Mobilités, y teste une solution de traitement de l'air développée par Suez afin de répondre au problème de pollution spécifique du métro souterrain: les particules fines -notamment PM10 et PM2,5- émises par l'abrasion des plaquettes de freins lors du freinage des trains.

Une solution économique capable de traiter 10% de l'air de la station

Dénommé Ip'Air, le dispositif consiste en un filtre électrostatique qui fonctionne grâce à un procédé de ionisation positive.

"Un faible courant électrique est injecté dans les particules fines contenues dans l'air qui traverse 24 heures sur 24 le filtre, lesquelles sont alors attirées, tel un aimant, vers des plaques collectrices", explique Suez.

"Cette solution technique offre la possibilité de traiter une grande quantité d'air (7.500 mètres cubes à l'heure, à savoir 10% de l'air de la station) en consommant l'électricité équivalente à celle d'un grille-pain", ajoute le recycleur qui, depuis quelques années, travaille sur des offres de traitement de l'air pour des clients publics comme privés.

Des équipements développés par la RATP et Airparif

Lancée le 3 juin, l'expérimentation durera six mois, pendant lesquels seront collectées toutes les données nécessaires afin de valider scientifiquement l'impact de la solution. Le boîtier gris contient ainsi des équipements développés par la RATP et par Airparif qui, doublés d'appareils mobiles installés tout le long du quai, en mesureront le pouvoir filtrant et le rayon d'action en fonction des variations de température, du trafic des trains, de la fréquentation de la station etc., explique la RATP.

Suez, qui teste pour la première fois ce dispositif en situation réelle, se servira pour sa part des données collectées pour définir le bon dimensionnement de la solution et identifier les éventuelles adaptations nécessaires, mais aussi pour caractériser les particules captées, qui pourront ensuite être en partie valorisées, souligne la directrice générale adjointe du groupe en charge de la France Marie-Ange Debon.

Pécresse pense aussi aux populations fragiles: écoles, hôpitaux, Ephad...

D'autres innovations sont d'ailleurs également à l'étude afin de contrer le problème des particules fines dans le métro parisien, emprunté par 4 millions de personnes par jour, rappelle Valérie Pécresse. Le dispositif Ip'Air de Suez n'est en effet que l'un des trois retenus dans le cadre de l'appel à projets "Innovons pour l'air de nos stations", lancé par la région Île-de-France en 2018 afin d'identifier des solutions technologiques de purification de l'air des stations de métro, et doté d'un million d'euros.

La RATP a en outre engagé d'autres actions afin d'améliorer la qualité de l'air dans ses stations et gares, rappelle sa PDG Catherine Guillouard, dont des mesures en continu dans trois stations considérées comme représentatives -consultables en temps réel sur son site internet-, la généralisation du freinage électrique sur ses nouveaux trains et l'amélioration de la ventilation -à laquelle 56 millions d'euros sont consacrés sur la période 2016-2020.

Quant à l'Ile-de-France, "la région compte aussi travailler sur les espaces intérieurs et semi-intérieurs, notamment fréquentés par des populations fragiles: écoles, hôpitaux, Ephad...", rappelle Valérie Pécresse. Suez réfléchit justement déjà à des solutions pour les cours de récréation, souligne Marie-Ange Debon.