Pour inciter au covoiturage, le gouvernement offre 200 euros à ceux qui s'y mettent

Par latribune.fr  |   |  778  mots
On compte encore 50 millions d’autosolistes chaque jour en France, à savoir des trajets avec pour passager le seul conducteur. (Photo d'illustration : à Salmiech, dans l'Aveyron, panneau signalant, sur le principe de l'arrêt de bus, une zone de stationnement dédiée aux utilisateurs du système de covoiturage, pour l'embarquement et la dépose des passagers.) (Crédits : Père Igor via Wikipedia (CC BY-SA 4.0))
Coup de pouce du gouvernement aux automobilistes qui se mettront au covoiturage en 2023 : ils pourront toucher 100 euros sur les courts trajets et la même somme sur les trajets longs, soit 200 euros de primes cumulables. L'exécutif veut faire décoller la pratique, qui présente des intérêts aussi bien économiques qu'écologiques. Avec un objectif chiffré : faire passer le nombre de trajets quotidiens de 900.000 actuellement à 3 millions le plus rapidement possible.

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Le gouvernement veut donner un coup d'accélérateur au covoiturage, pratique qui limite les embouteillages comme la pollution. C'est pourquoi deux primes de 100 euros, cumulables, pourront être versées aux automobilistes qui l'adoptent à partir du 1er janvier 2023, comme annoncé ce mardi 13 décembre. Cette offre est réservée d'une part aux seuls conducteurs (et donc pas aux passagers), et d'autre part à ceux qui se seront inscrits à partir du 1er janvier 2023, surtout pas avant.

La première prime de 100 euros concerne ces nouveaux inscrits sur les plateformes de covoiturage du quotidien, à savoir des trajets de moins de 80 kilomètres. Ils toucheront 25 euros dès le premier trajet, puis 75 euros supplémentaires si 9 trajets sont réalisés dans les trois mois suivants.

La seconde prime de 100 euros sera, elle, à destination des nouveaux inscrits (à partir du 1er janvier 2023, bis repetita) réalisant 3 trajets sur une longue distance. Ces sommes seront versées directement par les plateformes de covoiturage, qui en fixeront les détails. La prime pourra également être versée sous forme de bons d'achat.

50 millions d'euros seront consacrés à ces bonus, abondés via les certificats d'économies des fournisseurs d'énergie. Ces primes font partie d'un plan plus global de 150 millions d'euros qui sera présenté par les ministres de la Transition écologique et des Transports ce mardi. Il devrait aussi servir à soutenir les collectivités qui proposent des incitations financières au covoiturage (par exemple en donnant 1 euro par trajet), à hauteur de 50 millions d'euros. La même somme servira également au cofinancement d'aires de covoiturage ou de voies dédiées, à hauteur de 1 euro versé pour 1 euro investi par les collectivités.

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Jusqu'à plus de 1.000 euros d'économies par conducteur et par an

Actuellement en France, 900.000 trajets mensuels sont effectués en covoiturage. La pratique a décollé récemment, dynamisée par les grèves et des prix de l'essence au sommet. C'est toutefois une goutte d'eau puisque l'on compte chaque jour en France encore 50 millions d'« autosolistes », comme sont qualifiés ces conducteurs qui effectuent leurs trajets en voiture seul à bord.

Les primes annoncées par le gouvernement ont donc pour objectif d'attirer de nouveaux adeptes. Elles permettent d' « entretenir cette boule de neige », alors que « le plus difficile est de faire son premier covoiturage », considère Olivier Binet, président de la plateforme de covoiturage Karos financée par collectivités et entreprises. Selon les chiffres de son entreprise, 90% des conducteurs qui font le saut enchaînent 80 covoiturages sur les 12 premiers mois.

L'idée est de convaincre des automobilistes au-delà des catégories les moins aisées, pour qui ces économies sont essentielles, d'après Olivier Binet. Pour Nicolas Brusson, cofondateur de BlaBlaCar, « le bonus va être une première étape vers un usage plus fréquent. Un conducteur qui choisit de covoiturer régulièrement sur ses trajets du quotidien peut économiser plus de 1.000 euros par an ».

Cet argument financier est aussi mis en avant par le gouvernement. Pour la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, le covoiturage est « une réponse à l'augmentation des prix du carburant, complémentaire des mesures que nous avons déjà mises en œuvre pour les Français comme la ristourne carburant ou encore l'aide pour les travailleurs modestes ».

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Une pratique bonne pour la planète

Le covoiturage affiche aussi des bénéfices pour la planète. « Il y a un vrai intérêt financier mais ça représente aussi un gain écologique et social important : on rencontre des gens, des amis, des collègues. C'est sympa de covoiturer et on se rend compte que ça ne change pas grand-chose à notre quotidien », estime Olivier Binet.

Tripler le nombre de covoitureurs permettrait d'éviter 4,5 millions de tonnes de CO2 par an, selon le ministère des Transports. Ce gain environnemental est d'ailleurs mis en avant par le cabinet de la Première ministre : « Le covoiturage est une des mesures concrètes qui incarne la sobriété », indique-t-on. Pour la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, le covoiturage « est également complémentaire de nos efforts accrus pour électrifier le parc automobile et développer les mobilités actives ».

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(Avec AFP)