Covoiturage : Colleag mise sur l’ancrage local et l'entraide entre collègues pour se démarquer de Blablacar

Créée en 2020, à Besançon, Colleag s’adresse directement aux employeurs locaux en leur proposant de financer et d’encourager le covoiturage de leurs salariés, et, partant, d'initier le développement d'un réseau local d'entraide d'abord entre collègues d'une même entreprise mais, au-delà, entre résidents d'un même bassin d'emploi, en incluant PME et TPE, pour maximiser la performance d'une logistique des déplacements domicile-travail réagissant au quart de tour aux aléas d'agenda des uns des autres.
Pour les entreprises engagées dans une démarche RSE, la plateforme calcule les réductions d'émissions de gaz à effet de serre sur les déplacements des salariés. Pour mémoire, dans la grande majorité des trajets domicile-travail en voiture, le véhicule ne transporte qu'un seul passager, le chauffeur...
Pour les entreprises engagées dans une démarche RSE, la plateforme calcule les réductions d'émissions de gaz à effet de serre sur les déplacements des salariés. Pour mémoire, dans la grande majorité des trajets domicile-travail en voiture, le véhicule ne transporte qu'un seul passager, le chauffeur... (Crédits : DR)

« Quand on pense covoiturage, le premier mot qui nous vient à l'esprit, c'est Blablacar. Certes, pour les longues distances, 30% de la population utilise cette plateforme. Mais, pour les trajets domicile-travail, le chiffre tombe à 3% d'utilisateurs », constate Pierre-Emmanuel Baud, cofondateur de Colleag. Il y a donc un marché à prendre.

Un marché qui vise plutôt les grandes agglomérations où il y a une forte pénibilité des transports en commun avec plusieurs changements, par exemple. Le plus difficile sera d'amener les salariés à changer leurs habitudes de confort et de flexibilité.

« Si les gens préfèrent encore prendre leur voiture personnelle, c'est parce qu'ils ne calculent pas le coût de leurs trajets quotidiens, en prenant en compte l'entretien du véhicule, le consommable et le carburant », souligne Pierre-Emmanuel Baud.

Et d'ajouter :

« En moyenne le coût des trajets domicile-travail est d'environ 10 euros par jour, soit entre 2.500 et 3.000 euros par an pour des trajets quotidiens de 13 kilomètres en moyenne. »

Encourager la démarche de covoiturage

La solution de Colleag est de proposer aux employeurs de financer le co-voiturage de leurs salariés en payant un abonnement à la plateforme. En fonction de la taille de l'entreprise, le tarif varie. Il faut compter environ 60 euros par mois. Ensuite, libre aux salariés de s'inscrire et de se mettre en relation avec d'autres salariés soit de leur entreprise, soit d'entreprises environnantes.

Le salarié conducteur peut « cagnotter » 2 euros par passager, par trajet. Mais la plateforme ne le rémunère pas en fonction du nombre de kilomètres effectués car cela pourrait avoir un effet contradictoire sur le plan environnemental. « L'idée est d'encourager la démarche de covoiturage et non la distance parcourue », précise Pierre-Emmanuel Baud.

Attractivité, développement des liens sociaux, bilan carbone...

Du côté de l'entreprise, proposer une solution de mobilité à ses salariés peut lui permettre de faciliter ses recrutements et de renforcer son attractivité, notamment auprès des jeunes générations, qui assimilent mieux « l'économie de la fonctionnalité » dans leurs déplacements.

« C'est aussi un moyen d'intégration car Colleag permet de remettre du lien social et de fidéliser ses salariés. Grâce à cette mise en relation entre salariés, les services administratifs par exemple rencontrent les services de production », remarque Pascal Seguin, responsable développement au Medef Côte-d'Or. Convaincu par cette solution, ce dernier sensibilise les chefs d'entreprise à ce nouvel usage. Il a d'ailleurs mis en relation Colleag avec l'opérateur mobilité de Dijon Métropole pour accélérer sa mise en œuvre.

Enfin, pour les entreprises engagées dans une démarche RSE, la plateforme calcule les réductions d'émissions de gaz à effet de serre sur les déplacements des salariés. Pour mémoire, dans la grande majorité des trajets domicile-travail en voiture, le véhicule ne transporte qu'un seul passager, le chauffeur...

« Les salariés peuvent même renseigner leurs déplacements en mobilité douce, en transport en commun, et même en télétravail, et nous calculons les économies d'émissions de gaz à effet de serre sur toute cette approche multimodale des salariés », précise Pierre-Emmanuel Baud.

La responsabilité sociétale des entreprises passe aussi par la sécurisation de ses salariés. Or, grâce au co-voiturage, le risque d'accident sur le trajet domicile-travail est réduit. « Il y a un aspect de vigilance supplémentaire lorsqu'on transporte plusieurs passagers sous sa responsabilité », approuve Pascal Seguin.

« Ce qui bloque, ce sont les services RH »

Le réseau La Fayette Entreprises, association qui regroupe plus de 50 entreprises du parc La Fayette de Besançon, dont Safran, se situe dans une zone d'activité mal desservie en transports en commun et souhaite mettre en place un plan mobilité. Parmi les solutions, celle du co-voiturage permettrait de désengorger la zone aux heures de pointe.

« Nous avons la volonté de prendre en charge une partie du fond de roulement et de faire diminuer la part entreprise pour qu'un maximum de personnes puissent s'inscrire sur la plateforme Colleag », confie Salomé Roche, présidente de l'association.

Toutefois, la mise en place dans les entreprises n'est pas si facile.

« Ce qui bloque, ce sont les services RH, car ils ne sont pas habitués à payer ce type de prestations. Ils souhaiteraient que la démarche vienne de leurs salariés », déplore Salomé Roche.

Et de souligner :

« Mais si on veut faire bouger les lignes, c'est aux managers d'impulser un vrai changement des usages. »

Autre frein évoqué : le coût par salarié. « Face aux coûts et aux risques que cela peut engendrer, certains employeurs préfèrent mettre leurs salariés en télétravail », ajoute Salomé Roche. Un argument non valable pour Pascal Seguin :

« Au regard des coûts de l'énergie qu'elles paient aujourd'hui, les entreprises ne peuvent pas avancer que quelques euros d'abonnement à une plateforme pourraient dégrader leurs comptes. »

Sans parler, en cette période de difficultés de recrutement, de l'attrait qu'une solution de mobilité comme le covoiturage peut représenter pour un candidat à l'embauche :

« Qu'est-ce que coûterait réellement un salarié qui n'est pas recruté ? »

Mailler le territoire en incluant les PME et TPE pour se démarquer

À la différence de certains de ses concurrents, tels que Blablacar qui se focalise davantage sur des plateformes à destination des particuliers et plutôt longue distance, ou encore Klaxit qui contractualise notamment avec des grandes entreprises (dont beaucoup du CAC 40), Colleag s'inscrit dans une logique territoriale. « C'est pour cela que nous cherchons d'abord à nous développer en Bourgogne-Franche-Comté et sur les villes de taille moyenne », explique Pierre-Emmanuel Baud.

« L'idée est de créer des écosystèmes territoriaux de covoiturage, avec des regroupements d'employeurs sur une même zone afin de développer l'aspect collaboratif et d'inclure les TPE et les PME », poursuit-il.

La solution Colleag vise aussi bien les entreprises de 15 salariés que celles de 500 salariés ou plus. À l'heure actuelle, la solution est prête. Des contrats sont en cours de signature, notamment dans la zone d'activité Lafayette, à Besançon et une nouvelle levée de fond envisagée pour le début de l'année 2023.

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Commentaire 1
à écrit le 12/12/2022 à 19:28
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Bah c'est eux qui livrent ta nourriture et tes vetements et tout ce que tu achètes. Ok on supprime les camions, si en échange tu es prêt à tout payer 3 fois plus cher. Bah oui, à ton avis pourquoi on utilise les camions ? Car c'est moins cher. On fai...

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