Mobicoop, le covoiturage au service des personnes en situation de handicap

Lauréate de l'appel à innovations mobilités « Jeux olympiques et paralympiques 2024 », la coopérative de mobilité partagée lancera une application spéciale pour mettre en contact les spectateurs des JOP 2024 en situation de handicap et des bénévoles disponibles pour les transporter gratuitement entre leur domicile et les lieux où se tiennent les évènements sportifs.
(Crédits : Istock)

C'est le souvenir de leurs voyages de jeunesse, en auto-stop, qui a guidé les trois cofondateurs de Mobicoop, une coopérative spécialisée dans le covoiturage, lancée en 2008. Un statut visant à marquer l'aspect collectif de leur aventure entrepreneuriale, permettant une gouvernance ouverte entre sociétaires, salariés, utilisateurs de la plateforme et clients sans pour autant devoir être sociétaire pour utiliser le service de covoiturage.

« Nous ne prélevons pas de commission pour le service de covoiturage. Il est mis à disposition du public par des collectivités locales ou des entreprises », explique Matthieu Jacquot, membre du directoire. Bien sûr, au-delà de servir des publics sans transport, la volonté de Mobicoop est aussi de lutter contre la pollution et l'encombrement urbain, et de désenclaver les territoires, pour tous ceux qui ne bénéficient pas de transports publics, n'ont pas les moyens d'avoir une voiture ou ne peuvent pas conduire. Pour s'assurer du déploiement de sa solution, la coopérative accompagne les collectivités locales ou les entreprises en prodiguant des conseils (y compris juridiques, sur la réglementation des transports).

Innovation solidaire

De cette innovation en est née une autre, la mobilité solidaire. De fait, la coopérative s'appuie « sur des bénévoles, souvent de jeunes retraités, qui rendent ce service », poursuit Matthieu Jacquot. Elle a conçu une appli pour faciliter l'organisation du covoiturage, mais pour des publics moins rompus au numérique, elle a également mis en place une centrale d'appel. Elle a également lancé le « covoiturage dynamique ». Grâce à une autre appli, ceux qui cherchent à être transportés peuvent, avec la géolocalisation, trouver près de là où ils sont un chauffeur volontaire. « C'est Uber appliqué aux particuliers », résume le cofondateur de Mobicoop.

Reste que « les conditions de succès sont difficiles sur ces services, concède-t-il. Nous devons les massifier pour nous assurer que les usagers trouveront bien un covoiturage. » Avec la même ambition, Mobicoop a fusionné en juillet dernier avec Rezo Pouce, une coopérative lancée il y a 10 ans à Moissac (Tarn et Garonne), qui propose des solutions d'auto-stop au quotidien via des bornes placées stratégiquement sur les territoires et une application mobile.

Ancrer le modèle dans le quotidien

Pour les Jeux olympiques et paralympiques 2024, la coopérative, lauréate de l'appel à innovations mobilités lancé par le ministère de la Transition écologique et porté Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué, chargé des Transports, veut se concentrer sur le co-voiturage d'un public spécifique : les personnes en situation de handicap, pour qui l'accès aux transports en commun vers les sites où se dérouleront les épreuves est difficile, et qui doivent souvent être accompagnées. « Nous proposerons du co-voiturage solidaire aussi bien à Paris que dans d'autres villes où des évènements sportifs auront lieu : Marseille, pour la voile, ou celles qui accueilleront les matchs de football », précise Matthieu Jacquot.

Le défi est de taille. Non seulement il faut faire connaître le service et constituer un réseau de volontaires, mais aussi s'assurer que, dans certains cas, ils disposeront d'un véhicule adapté aux personnes en situation de handicap. Mais la coopérative peut s'appuyer sur son expérience - et de premières réussites, au sein d'une communauté de communes, par exemple, sur le plateau Picard, qui a lancé grâce à elle un « Réseau sénior », et sur ses implantations dans la Drôme, l'Isère, la Lorraine, la Bretagne... « Mais notre première cible, pour les JOP, reste Paris et l'Ile-de-France. Ce territoire compte un grand nombre de personnes en situation de handicap et nous voulons y ancrer notre modèle, pour qu'il soit, après les Jeux, utilisé dans la vie de tous les jours, par les personnes en situation de handicap, mais aussi les seniors, qui vont être de plus en plus nombreux », précise le membre du directoire de la coopérative, qui compte aujourd'hui 30 salariés.

Ancrer le modèle dans le quotidien, mais aussi dans les esprits. En France comme à l'international. « Nous espérons, grâce à la vitrine qu'offrent les Jeux, que notre système sera répliqué ailleurs, grâce à des partenariats ou par d'autres acteurs », ajoute-t-il. D'ailleurs, des contacts sont déjà établis dans certains pays, en Europe, en Afrique et en Amérique du Nord, pour partager, sous forme de consulting, l'expertise de la coopérative. En outre, les logiciels qu'elle a mis au point sont en open source, de façon à pouvoir être partagés. Au nom de la solidarité, bien sûr.

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