Quel avenir pour la base de Munich de Transavia avec l'arrivée en force d'Eurowings ?

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  488  mots
Eurowings, la filiale low-cost de Lufthansa, fait un impressionnant bond en avant, puisqu'elle va récupérer 33 avions d'Air Berlin, équipages compris.
Contrairement à ses projets initiaux, Lufthansa positionne Eurowings sur l'un de ses hubs. Sa filiale low-cost va en effet ouvrir 32 lignes à partir de fin mars. Une offensive qui risque de fragiliser la base bavaroise de Transavia, filiale low-cost du groupe Air France-KLM.

Avec l'accord signé en fin d'année avec son rival Air Berlin, Eurowings, la filiale low-cost de Lufthansa, fait un impressionnant bond en avant, puisqu'elle va récupérer 33 avions d'Air Berlin, équipages compris. Au-delà de cet accord, qui permet à Eurowings de rayer un concurrent de la carte et d'avoir une maîtrise plus importante des prix, le choix de Lufthansa de positionner Eurowings sur son hub de Munich à partir de fin mars est riche d'enseignements.

Eurowings débarque sur un hub de sa maison-mère, Lufthansa

Tout d'abord, il remet en cause le partage d'activité entre Lufthansa et sa filiale, mis en place l'été 2013 quand Lufthansa transférait toute son activité court et moyen-courrier dit de point-à-point à Germanwings, rebaptisée depuis Eurowings. A l'époque, ce transfert ne concernait pas les deux hubs de Lufthansa de Francfort et de Munich. Ce n'est donc plus le cas aujourd'hui. Faut-il y voir le début d'une nouvelle stratégie qui viserait à transférer Eurowings tout ou partie des vols d'apport vers les hubs de Lufhansa ?

"L'annonce de vols d'Eurowings à Munich reflète les rapides mutations du secteur du transport aérien", fait valoir la compagnie à bas coûts. "Comme Eurowings est une compagnie de qualité, elle peut à la fois concurrencer les pures low-cost mais aussi supporter les compagnies du groupe Lufthansa sur leurs hubs."

Du côté de la maison-mère, on explique bien que les vols d'Eurowings seront parallèles à ceux de Lufthansa et qu'ils ne les remplaceront pas.

"Il n'y a pas de projet de remplacer les vols de Lufthansa par Eurowings", assure une porte-parole.

Il n'empêche, un tel revirement donne du grain à moudre à ceux qui estiment que, tôt ou tard, les compagnies classiques disposant de filiales low-cost transfèreront toute l'activité d'alimentation de leurs hubs à leurs filiales à bas coûts. Pour autant, si Lufthansa a l'intention un jour de réaliser un tel transfert, il lui faudra négocier d'arrache-pied avec ses syndicats.

A Air France, si la direction a écarté l'idée de positionner Transavia à Roissy, elle cherche néanmoins à réduire ses coûts d'alimentation des vols long-courriers.
C'est ce que recherche la direction en tentant de créer une nouvelle compagnie proposant des coûts inférieurs aux siens. Basée à Roissy, elle assurerait à la fois des vols court et moyen-courriers vers le hub de CDG et des vols long-courriers.

"En observation"

L'autre conséquence de taille de l'annonce du développement d'Eurowings à Munich concerne la base bavaroise de Transavia Holland, filiale low-cost de KLM, ouverte l'été dernier. Cette base est, dit-on en interne, en « observation » depuis l'annonce en novembre d'Air France-KLM de l'arrêt de la politique d'expansion de Transavia en Europe (hors marché intérieurs, la France et les Pays-Bas), à peine mise en œuvre par le Pdg précédant, Alexandre de Juniac. L'offensive d'Eurowings risque en effet de précipiter la décision de fermeture.