Les choix pris ces derniers mois par Renault pour son plan Renaulution finissent par payer. Malgré un marché de l'automobile morose et des ventes en baisse, le constructeur a présenté un chiffre d'affaires semestriel stable (+0,3%) à 21,1 milliards d'euros. Mieux, il affiche 4,7% de marge opérationnelle démontrant la capacité du groupe à améliorer sa rentabilité sur chaque segment et modèles vendus.
Résultat, le cours de l'action s'envole ce vendredi dès l'ouverture, en progression de près de 7%. Le titre s'échange à plus de 29,3 euros.
Cette progression est d'autant plus salutaire pour le groupe dirigé par Luca de Meo depuis juillet 2020 que le contexte est particulièrement dégradé. Pénurie de semi-conducteurs, cession des activités de sa filiale Avtovaz et des modèles de la marque Lada en Russie, hausse des prix de l'énergie et des matières premières et, pour finir, inflation rampante qui vient freiner les projets d'achats de véhicules des foyers. Les ventes du constructeur sont d'ailleurs en recul de 12% (hors Russie) sur les six premiers mois de l'année.
Le groupe a amélioré ses marges en vendant ses véhicules plus cher, à de plus haut niveaux de finition, et avec moins de remises. Le résultat net des activités poursuivies est de 657 millions d'euros sur le semestre. Renault communique ainsi sur une « amélioration significative de la profitabilité, une forte génération de free cash-flow et (un) renforcement de la structure financière ».
Les résultats solides des SUV
Aussi, les lancements de nouveaux modèles comme le SUV Renault Arkana, la familiale Dacia Jogger et l'électrique Megane E-Tech ont participé à l'amélioration de ces chiffres.
La Dacia Sandero reste le véhicule le plus vendu auprès des particuliers en Europe, tous constructeurs confondus. Et le carnet de commandes du groupe est à un niveau "record" de 4,1 mois de ventes sur le continent, la principale région pour Renault.
L'industriel a légèrement relevé ses prévisions pour l'année 2022, visant dorénavant une marge opérationnelle de 5%, conforme à ses objectifs de long terme.
Préserver les marges dans un contexte dégradé
Il devra malgré tout tenir compte du contexte dégradé appelé à durer, alors que le spectre de la récession plane sur le marché européen. La hausse du prix des matières premières a également alourdit le bilan à hauteur de 797 millions d'euros, partiellement compensée par des économies sur les achats à hauteur de 167 millions.
L'arrêt de la Russie a aussi pesé sur les comptes. Le constructeur a publié une perte nette d'1,6 milliard d'euros pour le premier semestre, contre 368 millions d'euros de bénéfice net sur la même période de 2021.
Renault devra aussi continuer d'investir sur le marché de l'électrique qui deviendra la norme en 2035 en Union européenne. Pour l'heure, les véhicules électriques et hybrides représentent 36% des immatriculations du groupe, contre 26% au premier semestre 2021.
Enfin, le groupe a remboursé par anticipation un milliard d'euros du prêt garanti par l'Etat français, versé au début de l'épidémie de Covid-19. Il compte désormais rembourser un autre milliard au second semestre, et un dernier milliard au plus tard fin 2023.
(Avec AFP)