Malgré la crise des puces, Renault tient sa feuille de route stratégique

Le groupe automobile français accuse une nouvelle baisse de ses ventes au premier semestre. Mais il affiche des progrès significatifs sur la qualité des ventes, conformément aux objectifs du plan Renaulution, concocté par Luca de Meo.
Nabil Bourassi
Grâce à l'Arkana, Renault est parvenu à regagner du terrain sur le segment des compacts. Cette offensive doit être amplifiée avec la montée en puissance de Mégane E-Tech et de l'arrivée d'Australe.
Grâce à l'Arkana, Renault est parvenu à regagner du terrain sur le segment des compacts. Cette offensive doit être amplifiée avec la montée en puissance de Mégane E-Tech et de l'arrivée d'Australe. (Crédits : Renault)

La conjoncture est mauvaise, mais Renault continue de creuser les fondations de son plan stratégique. Au premier semestre, le constructeur automobile français a ainsi accusé une baisse de 16% (-29% avec la Russie dont les ventes ont été définitivement suspendues) de ses ventes de voitures dans le monde, notamment en raison de la pénurie des semi-conducteurs. Fabrice Cambolive, numéro deux la marque en charge des opérations, a refusé de chiffrer le manque-à-gagner, se bornant à répéter que sans cette pénurie, les ventes seraient en hausse. Le carnet de commandes plein témoigne, selon lui, de cette dynamique commerciale très forte, seulement grippée par le manque de pièces.

Des ventes plus rentables

Car en-dehors de ces considérations conjoncturelles, Renault progresse sur trois indicateurs très structurants de sa performance à moyen terme, mais surtout sur sa profitabilité à court terme. D'abord, les ventes aux particuliers (les plus rentables) ont fortement augmenté. Elles représentent désormais 53% des ventes (+13 points). Cette performance provient des choix de la marque d'en finir avec les ventes sur les canaux tactiques (loueurs, démonstration...) qui sont peu rentables et altère la valeur à la revente. Cette dynamique est vertueuse puisqu'elle redonne de la valeur à la marque et la rend compétitive sur le marché des flottes automobiles.

Deuxième motif de satisfaction pour Renault : le mix d'électrification. Il progresse de 10 points pour culminer à 36% des ventes totales. Au-delà des effets positifs de ce mix-produit sur le chiffre d'affaires, cette performance démontre la légitimité de Renault sur une thématique très sensible : l'électrification et tous les freins qui l'entourent (prix, autonomie...).

Le segment des compactes, mère des batailles

Enfin, l'un des critères les plus importants aux yeux de Luca de Meo, directeur général du groupe Renault arrivé en juillet 2020 et qui a mis en place le plan Renaulution, c'est la reconquête du segment des compacts. Il est l'un des plus rentables d'Europe. Sauf que Renault avait pratiquement déserté ce segment avec une série d'échecs commerciaux (Mégane, Scénic, Kadjar...). Renault annonce ce mardi matin que ses ventes sur ce segment ont progressé de 9 points au premier semestre pour atteindre 32% des ventes totales. Cette performance a notamment été portée par le SUV Arkana qui s'est vendu à 40.000 exemplaires au premier semestre.

Cette performance sur le segment des compacts (le C), comporte deux facettes. La première confirme le succès de Renault et qui doit être amplifié avec l'arrivée de plusieurs nouveaux modèles très ambitieux comme la montée en puissance de Mégane E-Tech (déjà 20.000 commandes) mais surtout d'Austral, qui doit remplacer Kadjar, qui sera déployé en concession à la fin de l'année. La marque au losange se dit extrêmement optimiste.

Dacia et Alpine en pleine forme aussi

Inversement, cette progression du segment C traduit les difficultés du segment des citadines (le B) qui est, avec Captur et Clio, celui où Renault a produit l'essentiel de sa croissance sur les dix dernières années. Fabrice Cambolive confirme que Clio a subi, davantage que d'autres modèles, les effets de la pénurie de semi-conducteurs. Un porte-parole du groupe confirme que le retour à la normale des pièces de semi-conducteurs pourrait effectivement provoquer un rééquilibrage des ventes entre les segments B et C, mais que cela n'enlèvera aucunement la forte dynamique attendue sur la gamme des compacts. En outre, l'effet sur la rentabilité sera proportionnellement plus forte.

D'autant que Fabrice Cambolive promet que l'Australe bénéficiera d'une nouvelle génération de motorisation E-Tech encore plus performante. « L'Australe fera moins de 4,5 litres au cent pour 200 chevaux », annonce le patron des opérations de la marque Renault.

Pour le groupe Renault dans son ensemble, les bonnes nouvelles se sont poursuivies avec la publication des résultats commerciaux de Dacia et d'Alpine. Le premier a annoncé une hausse de ses ventes de près de 6% au premier semestre. Alpine, de son côté, a annoncé une nouvelle accélération de ses ventes (+71%) après avoir déjà augmenté au même rythme en 2021. Avec 1.710 voitures vendues, la marque sportive premium du groupe Renault atteint un record. Si les ventes sont encore très concentrées en France (944 immatriculations), elles affichent de belles performances au Royaume-Uni (171 unités vendues), ou même au pays du premium, l'Allemagne avec 169 ventes. Si ces chiffres sont encore lilliputiens au regard de la taille du marché, ils témoignent néanmoins d'une réelle offensive commerciale d'Alpine dont on attend désormais la suite du plan produit...

Nabil Bourassi

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