Nouveau coup de canif dans l'Alliance Renault-Nissan ? En tout cas, les deux constructeurs automobiles prennent une voie qui n'était pas prévue initialement puisque, selon nos informations, ils sont sur le point de développer chacun de leur côté, une nouvelle génération de moteurs électriques qui devrait voir le jour, au moins pour Renault, à partir de 2027. Ce dernier est, en effet, en cours de développement avec l'équipementier automobile Valeo. Il sera assemblé à Cléon (Normandie). Mais, selon un proche du dossier, Nissan ne participera pas à ce projet. De son côté, le constructeur japonais dont Renault contrôle 44% du capital, travaille sur une autre technologie. Ce dernier n'a pas souhaité commenter cette information.
Quatre ans après la chute de l'architecte de l'Alliance, Carlos Ghosn, les deux constructeurs avaient multiplié les rapprochements industriels pour retisser les liens d'une confiance qui s'était largement effilochée, même si chaque partie reconnaît que l'Alliance est nécessaire puisqu'elle dégage plus de 5 milliards d'euros de synergies industrielles et qu'il est possible, de l'avis de tous, d'aller plus loin encore. D'ailleurs, la nouvelle famille de moteurs électriques qui vient d'être inaugurée à Cléon est le parfait exemple de coopération entre les deux alliés.
Un moteur commun appelé 6A
Le 6A, assemblé à Cléon et à Yokohama (Japon), équipe à la fois la nouvelle Mégane E-Tech et également le Nissan Ariya, le nouveau SUV de la marque japonaise. Une déclinaison de ce moteur, baptisée 6AK, équipera la future Renault R5 (attendu en 2024). La motorisation électrique est si simple de conception qu'il suffit d'augmenter la taille du stator (cylindre qui embobine le cuivre) pour déterminer la puissance du moteur, à l'instar de la famille des 6A avec le 6AM et le 6AK. L'enjeu pour les constructeurs est de gagner de l'efficience à chaque nouvelle génération de moteurs et donc de l'autonomie.
Contacté, Renault rappelle qu'il n'y a rien de nouveau à ce que chaque partie développe une technologie qui servira à l'autre, y compris en matière de motorisation électrique. Autrement dit, les deux technologies, qui verront le jour à partir de 2027, auront des finalités et des usages différents, et seront donc complémentaires. Le groupe français rappelle ainsi que le principe de « leader-follower » lequel attribue la charge de développement d'une technologie à chacun des membres de l'Alliance, reste la règle de base qui organise l'Alliance.
- Lire aussi : Renault-Nissan : comment la filialisation des activités électriques peut sauver l'Alliance
Projet de filiale électrique
Cette question survient à un moment critique dans l'histoire de l'électrification de Renault puisque le groupe français s'apprête à filialiser cette activité et le coter en Bourse. Des discussions sont encore en cours sur l'opportunité que Nissan apporte ses technologies électriques dans cette structure et en devienne actionnaire également. L'Alliance n'a pas encore fini de chercher ses nouveaux marqueurs...
Sujets les + commentés