Reprise de XL Airways : ce que dit Ben Smith, le boss d'Air France-KLM

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  815  mots
(Crédits : Air France-KLM)
Placée lundi en redressement judiciaire, XL Airways a appelé ce week-end Air France à la rescousse. Depuis, aucune discussion n'a eu lieu, a indiqué à La Tribune Laurent Magnin, le PDG de XL. Dans un courrier envoyé aux salariés d'Air France que La Tribune s'est procuré, Ben Smith, le directeur général d'Air France-KLM, explique sa position.

L'appel à la rescousse lancé ce week-end à Air France par le PDG et les actionnaires de la compagnie XL Airways a été accueilli pour le moins fraîchement par la direction d'Air France-KLM. Le groupe franco-néerlandais n'a pas bougé. Aucune discussion n'a eu lieu.

« Il n'y a pas eu de réunion », confirme à "La Tribune", Laurent Magnin, le PDG de XL Airways, qui avait proposé ce week-end une réunion avec le directeur général d'Air France-KLM, Ben Smith et le nouveau secrétaire d'État aux transports, Jean-Baptiste Djebbari, pour envisager la reprise de XL Airways par Air France .

« Air France doit nous sauver», avait-il déclaré au "Journal du Dimanche", en rappelant l'échec in extremis de l'accord de reprise par Air France au printemps 2018.

Pression politique

La pression politique sur Air France est forte. Mais elle ne semble pas émouvoir Ben Smith. "Le gouvernement n'arrive pas à le faire bouger", explique un proche du dossier.

Au contraire, dans un courrier envoyé ce mardi 24 septembre aux salariés d'Air France que La Tribune s'est procuré, Ben Smith a tenu un discours qui laisse peu d'espoir à XL Airways.

« Nous ne pouvons rester indifférents aux situations d'Aigle Azur et de XL Airways et de leurs salariés, mais je ne mettrai jamais en péril ce que nous avons réussi tous ensemble depuis un an », a-t-il écrit, en assurant que « la méthode choisie pour créer les conditions de notre futur était la bonne ».

"Nous ne ferons jamais rien qui mettrait en péril notre avenir"

Une méthode qui a permis selon lui de « renforcer le groupe, de gagner stabilité et en confiance ». Au contraire, Ben Smith rappelle que « plusieurs compagnies avec des modèles économiques fragiles sont dans une situation difficile ».

« Oui, nous serons toujours attentifs à la situation d'acteurs du marché qui pourraient s'inscrire dans notre stratégie, mais nous ne ferons jamais rien qui mettrait en péril notre avenir à tous, ou qui ne respecterait pas le contrat social et humain du groupe Air France-KLM, ce n'est pas là notre ambition », a-t-il répété.

C'est ce qu'a fait Air France en se retirant du dossier Aigle Azur. Si la reprise de l'activité moyen-courrier d'Aigle Azur avait du sens pour Air France, puisqu'elle lui permettait de récupérer des créneaux horaires de décollage à l'aéroport d'Orly et des nouveaux droits de trafic entre la France et l'Algérie, elle risquait néanmoins de créer des remous sur le plan social. Air France aurait été contrainte en effet de reprendre les contrats des salariés d'Aigle Azur, notamment ceux des pilotes, jugés peu compétitifs. Surtout, la reprise de l'ancienneté des pilotes d'Aigle Azur aurait fait passer les plus anciens d'entre eux devant les pilotes d'Air France dans la liste de séniorité qui détermine les actes de carrière et de rémunération. C'est la règle d'une reprise dans le cadre d'un redressement judiciaire ou d'une liquidation. Et ce, même s'ils ne le souhaitaient pas. La majorité des pilotes d'Aigle Azur voulait intégrer Air France sans conditions de maintien de salaire, de poste, et d'ancienneté, comme ils l'ont écrit à la directrice générale d'Air France, Anne Rigail.

Pour beaucoup, le discours de Ben Smith est très clair : après être sorti du dossier Aigle Azur, Air France n'est pas intéressée par XL Airways. Du moins à ce stade.

Interrogé, un porte-parole d'Air France indique que ce courrier ne fait que rappeler la philosophie de Ben Smith et qu'il ne faut pas en tirer de conclusions.

Date limite pour déposer les offres : samedi 28 septembre

Parmi les atouts de XL Airways, seule la structure low-cost de la compagnie pourrait intéresser Air France. Mais Ben Smith a déjà indiqué dans le passé qu'il n'était pas convaincu par le modèle du low-cost long-courrier. Ni le positionnement de XL à Roissy-Charles de Gaulle ni son réseau de destinations qu'elle dessert déjà n'intéressent Air France.

De plus, la problématique sociale d'une reprise est la même que celle d'Aigle Azur. En cas d'intégration, Air France serait obligée de reprendre du personnel de XL Airways avec leur contrat de travail et d'ancienneté. Et dans le cas d'un schéma d'une prise de participation minoritaire cette fois, la question du périmètre avec les pilotes se poserait. Dans les accords en vigueur à Air France, en effet, tous les avions de plus de 100 places doivent être pilotés par des pilotes d'Air France. Il y avait eu une exception en 2006 avec Transavia.

La compagnie XL Airways est engagée dans une course contre la montre. Des investisseurs financiers regardent le dossier. Les candidats à la reprise ont jusqu'à samedi midi pour se positionner. Un calendrier très serré qui ne facilite pas la constitution d'offres.