Retour à la normale au port de Douvres après deux jours de congestion

Par latribune.fr (avec AFP)  |   |  814  mots
Les camions se sont entassés à l'abord de Douvres et Folkestone pour laisser passer les touristes. (Crédits : HENRY NICHOLLS)
Il n'y a pas que dans les aéroports que le manque de personnel de la police aux frontières françaises fait jaser. C'est le cas aussi dans le port britannique de Douvres, où touristes et routiers en partance pour la France se sont retrouvés empêtrés dans des embouteillages monstres. Après deux jours de pagaille, les retards ont fini par être résorbés et le trafic est revenu à la normale ce dimanche, non sans avoir généré des tensions diplomatiques de part et d'autre de la Manche, les Britanniques ayant largement imputés ces embouteillages aux problèmes de sous-effectifs côté français.

La reprise du trafic cet été n'est décidément pas un long fleuve tranquille. Alors que les problèmes se sont multipliés en aéroports, la machine a également du mal à repartir dans les ports. Face à un afflux massif de touristes, qui pouvaient se déplacer sans restriction cet été pour la première fois depuis le début de la pandémie de Covid-19, le port britannique de Douvres a eu toutes les peines du monde à fluidifier le passage. A la clef, des embouteillages de voitures et surtout de camions sur des kilomètres avant le terminal portuaire.

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L'un des week-ends les plus chargés de l'année

Entre vendredi et dimanche 10 heures, lors de ce week-end de très grands départs en vacances pour les Britanniques, pas moins de 72.000 passagers sont passés par le port, qui est l'un des principaux points d'accès au continent pour le trafic routier, avec le tunnel sous la Manche. Ce qui représente de 300 km de voitures et de camions combinés selon les autorités portuaires.

« Le retard des touristes généré vendredi a à présent été comblé et les vacanciers de samedi ont pu prendre la route », ont-elles déclaré dans un communiqué. Voulant rassurer les usagers, le port estime avoir montré que « son plan pour l'été fonctionnera pour le reste de la période des vacances », « comme il l'a fait en absorbant des volumes énormes de trafic tourisme et fret pour revenir à la normale dimanche matin aux premières heures ».

Les difficultés ont également frappé le terminal ferroviaire de Folkestone, où se fait l'embarquement pour prendre la navette d'Eurotunnel afin d'emprunter le tunnel sous la Manche. Malgré une amélioration sensible, des retards étaient encore signalés dimanche matin, avec un délai d'une heure et demie entre l'enregistrement et l'embarquement dans les navettes.

En outre, des milliers de camions sont encore garés le long de l'autoroute M20 qui relie la région londonienne à Folkestone et Douvres. Ils y ont été stockés dans le cadre d'un dispositif destiné à prévenir la congestion à la frontière et doivent désormais reprendre leur route.

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Passe d'armes au-dessus de la Manche

Si ce type de problèmes devrait se répéter dans tous les points de passage importants en raison de la remontée plus rapide que prévu des flux touristiques, la congestion de Douvres a été l'occasion d'une passe d'armes entre autorités britanniques et françaises sur fond de Brexit.

Les premières n'ont pas hésité à tancer les secondes, imputant l'ensemble des difficultés au manque de personnels de la police française aux frontières pour contrôler les passeports. Dans un tweet samedi soir, la ministre britannique des Affaires étrangères Liz Truss, en campagne pour succéder au Premier ministre Boris Johnson, a indiqué avoir expliqué à son homologue française Catherine Colonna que « les autorités françaises n'ont pas mis assez de gens à la frontière ».

Un diagnostic qui fait écho à celui dresser par les acteurs de l'aérien depuis plusieurs mois. En début d'année, plusieurs d'entre eux rappelaient déjà que les effectifs de la police aux frontières avaient diminué dans les aéroports au cours de l'année 2020, alors que le trafic était quasiment à l'arrêt, mais qu'ils n'étaient pas remontés en puissance depuis, malgré le retour des passagers et des voyages internationaux.

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Riposte française

Côté français, c'est le préfet de la région Hauts-de-France Georges-François Leclerc qui a répliqué. S'il a concédé un retard d'environ une heure vendredi matin dans la pleine mise en œuvre du dispositif prévu, il a exprimé des doutes quant au fait que ce retard suffise à expliquer l'ampleur des perturbations. « Qui peut croire que parce que les renforts français ont une heure de retard, c'est tout un système qui déraille ? », s'est-il interrogé samedi.

A l'instar d'autres acteurs, responsables syndicaux ou portuaires, il a souligné le rôle du Brexit dans les perturbations, ainsi que celui d'incidents imprévisibles ou encore la taille insuffisante du port de Douvres. Pas de convaincre Londres, qui a écarté ces explications.

De son côté, la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna a souligné sur Twitter la « bonne conversation » avec son homologue britannique et la « coopération entre services techniques compétents pour résorber les retards », tout en profitant de l'occasion pour glisser une remarque sur la « nécessité aussi d'améliorer les installations du port de Douvres ».