Ryanair ne vendra plus de billets d'avion à 10 euros, prévient son dirigeant

Par latribune.fr  |   |  728  mots
Ryanair va augmenter le prix de ses billets (Crédits : ALBERT GEA)
Pénalisée par la flambée des prix du pétrole, qui a entraîné celle du kérosène, la compagnie aérienne à bas coûts, Ryanair, va augmenter ses tarifs, comme l'a annoncé son patron, Michael O'Leary, ce jeudi. Ce dernier a également dénoncé les conséquences du Brexit qui a fortement réduit l'accès des travailleurs européens au Royaume-Uni.

S'envoler à (très) petit prix. Depuis une vingtaine d'années, les compagnies aériennes à bas coût comme l'Irlandaise Ryanair ou sa rivale britannique Easyjet ont bousculé le transport aérien en offrant des tarifs plus qu'attractifs et permettant ainsi un bond des voyages courts, notamment des escapades urbaines le temps d'un week-end. Selon les destinations, les saisons, les prix des billets pouvaient parfois descendre à 10 euros, voire moins. Mais ce temps est révolu a prévenu Michael O'Leary, patron de la compagnie à bas prix Ryanair. « Je pense qu'il n'y aura plus de billets à dix euros car les cours pétroliers sont bien plus élevés depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Nos promotions vraiment pas chères (...), je pense qu'on ne va pas voir ces tarifs pendant un certain nombre d'années », a-t-il affirmé, ce jeudi, sur la radio BBC Radio 4.

Le conflit qui dure depuis plus de cinq mois en Ukraine a provoqué une flambée des prix du pétrole entraînant avec lui ceux du kérosène, pesant lourdement sur les compagnies aériennes. « Pour toutes (...), ce choc est absolument majeur, considérable, inimaginable... », se désolait Pascal de Izaguirre, PDG de Corsair, en mars dernier lorsque le baril de brent connaissait des pointes au-delà des 130 dollars, proche de son plus haut niveau historique avec 147,50 dollars en juillet 2008. Depuis un an, le baril de Brent coté à Londres a connu une hausse de 36%.

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Et cela pèse plus lourdement encore pour les compagnies dites low-cost (à bas prix) par rapport aux transporteurs traditionnels. Par conséquent, selon Michael O'Leary, les tarifs moyens affichés par Ryanair devraient augmenter de quelque 10 euros, à environ 50 euros par trajet dans les 5 prochaines années. Ce qui, vu la structure tarifaire des low-cost avec de nombreux suppléments, notamment pour les bagages, pourrait faire grimper rapidement le coût total d'un voyage aller-retour à plusieurs centaines d'euros ou de livres et miner la demande. Mais le PDG reste confiant. Il veut croire que la demande de voyages aériens va se maintenir et que face aux contraintes budgétaires des consommateurs, les transporteurs low-cost tireront leur épingle du jeu.

Manque de personnel et mouvements de grève

Michael O'Leary s'est par ailleurs insurgé contre le Brexit qui a fortement réduit l'accès des travailleurs européens au Royaume-Uni, où ils occupaient des centaines de milliers d'emplois auparavant. « Le marché du travail est très tendu, particulièrement pour les emplois peu qualifiés dans l'hôtellerie-restauration, la distribution et l'agriculture, et aussi pour la sécurité et les bagagistes dans les aéroports », a-t-il souligné. « Et s'il y avait un peu d'honnêteté du gouvernement (du Premier ministre sur le départ Boris) Johnson, ils admettraient que le Brexit a été un désastre pour la libre circulation des travailleurs et que l'une des principales difficultés qu'affronte l'économie britannique actuellement, c'est le manque de travailleurs ».

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Le manque de personnel est d'ailleurs l'une des raisons ayant poussé à la grève de nombreux travailleurs de l'aérien, réclamant des hausses de salaires face à une charge de travail accrue, mais surtout face à l'inflation galopante tant aux Etats-Unis, au Royaume-Uni qu'au sein de la zone euro. Les mouvements sociaux se multiplient, en effet, depuis le début de l'été à l'instar, dernièrement, du personnel de sécurité de l'aéroport de Leeds Bradford (nord de l'Angleterre) qui a annoncé mercredi soir une grève fin août pour les salaires, qui promet de perturber les retours de vacances.

Mi-juin, Michael O'Leary avait tourné en dérision les mouvements sociaux menés par ses salariés. Il avait, ainsi, taxé des syndicats grévistes de « Mickey », en minimisant les menaces de grèves en Espagne, en Belgique et au Portugal pour protester contre la dégradation des conditions de travail des salariés. « Nous pensons qu'il y aura très peu de grèves, voire aucune, et que ces grèves ne seront remarquées par personne », avait-il lancé. « Nous assurons 2.500 vols par jour. La plupart de ces vols continueront à être assurés, même si un syndicat de 'Mickey' fait grève », avait ajouté le dirigeant.

(Avec AFP)