SNCF, compagnies aériennes : grèves en vu pour les départs en vacances

Rythme infernal, salaires qui ne suivent pas, sous-effectif… l'été démarre à peine que les salariés du secteur des transports tirent déjà la langue comme le démontrent les grèves qui agitent plusieurs compagnies low cost ce week-end en Europe.
(Crédits : Reuters)

>> Article en ligne le 25/06/2022 11:12 / Mise à jour 25/06/2022 14:50

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Pour les vacances, "attachez vos ceintures, nous rentrons dans une zone de turbulences". Les personnels de cabine de Ryanair se sont mis en grève en Belgique, en Espagne et au Portugal vendredi pour réclamer des hausses de salaires et de meilleures conditions de travail, alors qu'une vague de débrayages dans plusieurs secteurs secoue l'Europe.

L'inflation galopante sur le continent a conduit les syndicats à déposer des préavis de grève à l'appui de leurs revendications.

Les compagnies aériennes et les gestionnaires d'aéroports ont également dû faire face à des pénuries de personnel, alors que la demande de voyages rebondit avec la fin des restrictions liées à la pandémie. Les salariés de plusieurs autres compagnies aériennes, dont British Airways, prévoient également des grèves cet été.

Les syndicats du personnel de cabine de Ryanair en Belgique, en Espagne et au Portugal ont appelé à une grève de trois jours à compter de vendredi. Les personnels en France et en Italie sont appelés à la grève pendant le week-end.

Les employés affirment que la compagnie aérienne irlandaise ne respecte pas les Codes du travail des pays concernés, notamment en matière de rémunération minimum, et exhortent les patrons de Ryanair à améliorer les conditions de travail.

Ryanair a déclaré la semaine dernière qu'il avait négocié des accords de travail pour 90% de son personnel en Europe et qu'il ne s'attendait pas à des perturbations notables cet été.

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La plateforme aéroportuaire de Bruxelles impactée

Le ciel européen était perturbé également par une grève chez Brussel Airlines. La compagnie ne va pouvoir assurer dans cet aéroport qu'entre 30 et 40% de son activité prévue, a expliqué une porte-parole de Brussels South Charleroi Airport, la société qui exploite l'aéroport. Ce mouvement social se double en Belgique d'une grève chez Brussels Airlines (groupe Lufthansa) prévue jusqu'à samedi. La compagnie avait annoncé en début de semaine l'annulation de 315 vols à Bruxelles-Zaventem de jeudi à samedi.

Au Portugal, la grève chez Ryanair avait un impact plus limité, avec deux vols annulés seulement vendredi matin, d'après le syndicat SNPVAC. Le mouvement doit se poursuivre jusqu'à dimanche. En Espagne, où Ryanair emploie 1.900 personnes, aucun vol n'a en revanche été annulé, hors liaisons avec la Belgique, la compagnie irlandaise ayant engagé un bras de fer avec les syndicats sur la question du service minimum.

Le ministère des Transports espagnol a, en effet, décidé jeudi d'appliquer un service minimum allant jusqu'à 82% des vols sur certaines destinations, disant vouloir conjuguer "le droit de grève" à l'"intérêt des voyageurs".

Mais selon les syndicats, Ryanair a décidé d'aller au-delà de ces règles, en obligeant les salariés à maintenir 100% de ses vols, ce que ces derniers entendent contester en justice.

"Représailles disciplinaires"

"L'entreprise a informé les salariés que tous les vols étaient soumis au service minimum, en les menaçant de représailles disciplinaires", a dénoncé devant des journalistes Ernesto Iglesias, délégué syndical USO chez Ryanair.

La compagnie irlandaise "ne respecte pas la loi", a affirmé le responsable syndical, qui réclame une amélioration des conditions de travail, ce groupe étant le seul selon l'USO à ne pas disposer en Espagne de convention collective.

Dans une déclaration transmise à l'AFP, le PDG de la compagnie Eddie Wilson a estimé que les grévistes cherchaient "uniquement la confrontation", rappelant avoir "signé un accord" sur les salaires et horaires avec un autre syndicat.

"Nous assurons 2.500 vols par jour. La plupart de ces vols continueront à être assurés, même si un syndicat de Mickey fait grève en Espagne ou si les syndicats belges du personnel de cabine veulent faire grève", avait déjà déclaré le 14 juin le directeur général de la compagnie, Michael O'Leary.

En Espagne, la grève chez Ryanair, - première compagnie en nombre de passagers transportés dans le pays - doit se poursuivre jusqu'au 2 juillet, date du début des vacances dans de nombreux pays européens.

Elle sera relayée à partir du 1er juillet par un mouvement social au sein de la compagnie low cost britannique EasyJet, le syndicat USO ayant prévu neuf journées de grève en un mois dans les aéroports de Barcelone, Malaga et Majorque (Baléares).

Ces grèves surviennent alors que le trafic aérien a connu un rebond fulgurant ces dernières semaines, principalement dans les compagnies low cost, en raison de la levée de la plupart des restrictions de voyage liées au Covid.

Tout le secteur des transports sous tension

Le mouvement social touche principalement le secteur des transports, sous tension avec la reprise des voyages dans le monde. En France, les syndicats de cheminots ont lancé un appel commun à une grève nationale le 6 juillet et un débrayage massif a également paralysé le réseau ferroviaire britannique cette semaine.

Lire aussi 3 mnGrève nationale à la SNCF le 6 juillet pour la hausse des salaires

La grogne s'étend à d'autres secteurs. La CGT a organisé une grève d'une journée vendredi en France pour obtenir une augmentation des salaires des travailleurs des raffineries de pétrole après l'échec des négociations avec l'opérateur TotalEnergies.

Avec un taux d'inflation de plus de 8% dans la zone euro, de 9,1% en Grande-Bretagne et de plus de 10% dans certaines économies d'Europe centrale et orientale, les autorités s'inquiètent de l'apparition d'une spirale salaires-prix, les revendications salariales s'ajoutant aux pressions inflationnistes.

Le trafic ferroviaire au Royaume-Uni est perturbé samedi au troisième jour de la grève des cheminots, alors que dans le ciel européen, une grève chez Ryanair semble avoir un impact très limité. La grève du rail britannique, qui a commencé mardi et jeudi, est la plus importante que connaisse le pays depuis trois décennies. Les revendications portent sur les salaires, qui ne suivent pas l'inflation record depuis 40 ans observée au Royaume-Uni.

Seul un train sur cinq doit circuler et la moitié des lignes seront fermées, selon les prévisions de trafic. Celui-ci est limité à une plage horaire de 7H30 à 18H30. Des perturbations sont encore attendues dimanche.

Le président du Rail Delivery Group, qui représente les opérateurs ferroviaires britanniques, Steve Mongomery, a conseillé aux usagers de ne voyager "que si c'est nécessaire" et de se renseigner sur l'état du trafic.

Le syndicat RMT, qui a appelé à la grève, demande des hausses salariales en phase avec l'inflation, mais dénonce aussi la perspective de "milliers de licenciements" et la dégradation des conditions de travail.

"Dans une économie moderne, les travailleurs doivent être correctement récompensés pour leur travail, bénéficier de bonnes conditions et avoir la tranquillité d'esprit qu'ils ne vont pas perdre leur emploi", a déclaré le secrétaire général de l'organisation, Mike Lynch, avertissant que le mouvement pourrait s'étendre faute d'accord.

Depuis Kigali où il participait au sommet du Commonweatlth, le Premier ministre Boris Johnson a estimé sur Sky News que les Britanniques "ont le droit d'attendre des réformes basiques", notamment face aux "pratiques que personne ne défend à part les dirigeants syndicaux". Son gouvernement a annoncé cette semaine son intention de modifier la loi pour permettre le recours à des travailleurs intérimaires pour remplacer les grévistes et réduire l'impact qu'il juge "disproportionné" des grèves.

De son côté, le ministre des Transports Grant Shapps a accusé sur Twitter le RMT de "nuire à la vie des gens qui travaillent dur tous les jours". Les grèves de cette semaine représentent selon les estimations un manque à gagner de 150 millions de livres sterling (174 millions d'euros) pour le secteur.

(avec AFP et Reuters)

Commentaires 3
à écrit le 27/06/2022 à 8:06
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tiens revoila les syndicats il faut bien qu'ils se fassent remarquer les roi du foutoir et de la chianli ils trouvent toujour un pretexe pour entrainer quelques irreductibles a ne pas travailler et mettre le foutoir normalement ils sont la pour prote...

à écrit le 25/06/2022 à 14:41
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Je croyais qu'il n'y avait que chez nous dans le secteur public et chez les fonctionnaires qu'on faisait grève. Les salariés d'OLEARY sauraient aussi faire grève dans cette entreprise chantre d'un néo libéralisme bonhomme? On nous aurait menti à l'i...

à écrit le 25/06/2022 à 11:41
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Bonjour, Tiens les fonctionnaires pointe leur intérêt personnelle sur l'intérêt collectif.... S'est vrais la vie chère ne touche que s'est pauvre gents...( Humouristique) Mais bon , quel soit les réformes de fonctionnement de la SNCF , de le RA...

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