UberPop : le gouvernement cède, sous la menace des taxis

Par Mounia Van de Casteele  |   |  500  mots
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé jeudi que le Premier ministre Manuel Valls avait pris en main le dossier taxis, concernant la traque aux UberPop, Heetch et Djump.
Les taxis ont sommé le gouvernement d'interdire immédiatement les applications pour smartphones permettant à des particuliers d'en transporter d'autres, à l'instar d'UberPop, Heetch ou Djump.

Une fois encore, le gouvernement cède aux taxis. Du moins, le ministre de l'Intérieur - dont dépendent les taxis - a-t-il annoncé ce jeudi, lors des questions d'actualité au gouvernement au Sénat, que Manuel Valls avait saisi le "délégué national de lutte contre la fraude, afin que les contrôles et actions soient engagés en matière fiscale et sociale" contre les particuliers qui arrondissent leurs fins de mois en transportant d'autres particuliers, grâce à des applications pour mobile telles que Djump, Heetch, ou encore UberPop.

Activité illicite ou pas ?

"Les taxis et les VTC sont aujourd'hui confrontés à l'activité totalement illicite et incontestablement illégale des taxis d'UberPOP", a plaidé Bernard Cazeneuve, rappelant au passage:

"Plus de 420 procédures ont été engagées par mon ministère depuis la fin de l'année dernière avec des suites pénales qui ont été données par l'autorité judiciaire"

Pourtant, grande victoire pour Uber, un chauffeur UberPop a été relaxé la semaine dernière par le tribunal correctionnel de Paris. Celui-ci a en effet estimé que

"Le transport onéreux d'une personne est insuffisant à caractériser le délit d'exploitant de taxi sans autorisation de stationnement, qui suppose que soit caractérisé un stationnement ou une circulation sur la voie publique en quête de clientèle".

Ultimatum des taxis

Bien entendu, le Parquet a fait appel. En attendant, c'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase pour les taxis. Toutes les organisations se sont donc concertées en urgence mercredi, afin de décider de leur (ré)action commune.

Verdict: les fédérations et syndicats de taxis ont appelé le gouvernement à faire cesser "immédiatement" les applications mobiles qui organisent le transport entre particuliers en menaçant d'un mouvement national illimité à partir du 25 juin. La réaction du gouvernement n'a pas tardé.

Des choux et des carottes

La question n'en demeure pas moins sensible. D'autant que le dossier évoque des situations qui n'ont rien à voir les unes avec les autres. Comme celles des utilisateurs des applications Heetch et Djump, plus assimilables à l'offre de Sharette, sorte de BlaBlaCar de courte distance mise en avant par la RATP pour ses usagers. Le service low-cost d'Uber baptisé UberPop y ressemble, mais seulement de loin.

En effet les tarifs ne sont pas comparables: calculés par Uber (qui ponctionne une commission sur chaque course) dans un cas, et au bon vouloir des passagers ou extrêmement bas dans les autres cas.

En outre : la question du statut des chauffeurs reste également au coeur du problème. La plupart des chauffeurs de VTC (y compris ceux d'Uber) sont des auto-entrepreneurs, et les chauffeurs UberPop le seront tous aussi d'ici la fin de l'année, a récemment promis Thibaud Simphal, le DG d'Uber France. Un statut, dont la suppression pour cette profession, règlerait tout le problème, soufflent certains taxis.

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