COP26 : les manifestations se multiplient dans le monde face à l'urgence climatique

Par latribune.fr  |   |  608  mots
Les manifestants demandent aux représentants des gouvernements mondiaux d'agir davantage contre le dérèglement climatique. (Crédits : DILARA SENKAYA)
Malgré les engagements pris cette semaine lors de la COP26 par les Etats pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, l'objectif de l'Accord de Paris pour limiter le réchauffement à +1,5°C s'éloigne de plus en plus. Des milliers de manifestants protestent contre l'insuffisance des politiques menées par les gouvernements en matière de climat.

Alors que la première semaine de la COP26 a vu une série d'annonces de pays promettant de faire plus pour le climat, des milliers de personnes ont manifesté samedi partout dans le monde afin de demander d'aller plus vite.

En Ecosse, des manifestants - pour la plupart des étudiants, des militants ou de simples citoyens soucieux de l'environnement - se sont rassemblés dans le parc Kelvingrove (à l'ouest), se donnant la main avant de converger vers la place George Square, dans le centre de Glasgow, là où se tient la Conférence des Nations unies sur le climat (COP26). Arborant des drapeaux rouges et des banderoles sur lesquelles on pouvait lire "Le capitalisme tue la planète", le groupe, muni pour certains de mégaphones, a accusé les entreprises d'être responsables de la crise climatique et a lancé des appels en faveur du socialisme. D'autres ont plutôt mis l'accent sur la justice climatique et le sort des agriculteurs.

A Paris où dans d'autres grandes agglomérations comme Sydney, Londres ou Melbourne, les manifestants protestent contre l'insuffisance des politiques menées par les gouvernements en matière de climat.

Renforcement des objectifs

En effet, les engagements de réduction d'émissions de gaz à effet de serre pour 2030 sur la table avant le début de la COP26 menaient la planète vers une trajectoire "catastrophique" de +2,7°C, ou +2,2°C en prenant en compte les promesses de neutralité carbone pour le milieu du siècle, selon le rapport annuel de référence du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). De plus, malgré la vague d'engagements pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, les perspectives de production de charbon, de pétrole et de gaz dans le monde restent largement « incompatibles » avec les objectifs de l'accord de Paris, ont prévenu l'ONU et des instituts de recherche le 20 octobre.

Néanmoins, cette semaine, l'Inde, le Brésil ou l'Argentine ont annoncé un renforcement de leurs objectifs à court terme, et l'Inde s'est fixé la neutralité carbone pour 2070. Une centaine de pays se sont également engagés à réduire de 30% d'ici 2030 leurs émissions de méthane, gaz à effet de serre plus puissant que le CO2. De plus, plusieurs pays, dont de grands investisseurs comme les Etats-Unis et le Canada, et des institutions financières se sont engagés à mettre un terme d'ici fin 2022 au financement à l'étranger de projets d'énergies fossiles sans techniques de capture de carbone.

Il est toutefois difficile à ce stade d'évaluer leur impact sur le futur réchauffement. Jeudi, l'ONU a publié une analyse préliminaire des nouveaux engagements. En prenant en compte l'ensemble des "contributions déterminées au niveau national" (NDC) formellement déposées, révisées ou non, les émissions de gaz à effet de serre devraient augmenter de 13,7% en 2030 par rapport à 2010, un peu mieux que les 16% de la précédente évaluation fin octobre. Or ils doivent baisser de 45% pour espérer limiter le réchauffement à +1,5°C. Mais cette analyse n'indique pas les effets de cette révision des émissions sur la température.

De son côté, le patron de l'Agence internationale de l'Energie (AIE), Fatih Birol, a assuré jeudi que les analyses de ses équipes -- pas encore publiées -- montraient que si toutes les promesses faites à la COP étaient tenues, le réchauffement serait limité à +1,8°C. Mais même si l'évaluation la plus favorable du directeur exécutif de l'AIE était confirmée, les ONG soulignent que le plafond de +1,5°C, devenu de facto le principal objectif pour éviter les pires impacts du changement climatique, serait dépassé.

 (Avec agences)