COP26 : les pays du G20 vont-ils s'entendre sur le climat ?

Par latribune.fr  |   |  848  mots
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres (à gauche), a été reçu, dans la soirée du vendredi 29, au palais du Quirinal par le président italien Sergio Mattarella (à droite). (Crédits : Reuters)
Réunis à Rome ces 30 et 31 octobre, les dirigeants des vingt pays les plus riches du monde, qui concentrent encore 80% des émissions de gaz à effet de serre, restent divisés sur la sortie du charbon et la limitation des hausses de température à 1,5°C. "Nous n'allons pas stopper le réchauffement climatique" au G20 ou à la COP26, a déjà prévenu le Premier ministre britannique Boris Johnson.

Tous les regards du monde sont braqués sur eux. L'Argentine, l'Afrique du Sud, l'Allemagne, l'Arabie Saoudite, l'Australie, le Brésil, le Canada, la Chine, la Corée du Sud, les Etats-Unis, la France, l'Inde, l'Indonésie, l'Italie, le Japon, le Mexique, le Nigeria, le Royaume-Uni, la Russie, la Turquie sans oublier l'Union européenne sont tous censés se retrouver à Rome ces 30 et 31 octobre 2021 dans le cadre du G20.

80% des émissions de gaz à effet de serre

A l'ordre du jour, la Covid-19 et la relance économique mondiale bien sûr, mais aussi et surtout la lutte contre le dérèglement climatique à la veille de la COP26 qui s'ouvre le 31 à Glasgow (Ecosse). Les vingt pays les plus riches du monde concentrent en effet 80% des émissions de gaz à effet de serre mais restent divisés sur la sortie du charbon et la limitation des hausses des températures à 1,5°C. L'enjeu est pourtant de taille : il s'agit d'atteindre la neutralité carbone le plus tôt possible.

« Sur tous nos objectifs climatiques, nous avons du chemin à faire et nous devons accélérer l'allure », a encore exhorté, le vendredi 29, le secrétaire général de l'ONU.

« Nous avons encore le temps de remettre les choses sur le bon chemin et cette réunion du G20 est l'occasion de faire cela », a ajouté Antonio Guterres.

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"Nous n'allons pas stopper le réchauffement à Rome" (Johnson)

Hôte de la réunion, le président du conseil italien, Mario Draghi, avait plaidé, début octobre, pour « un engagement du G20 sur la nécessité de limiter la hausse des températures à 1,5°C », conformément à l'accord de Paris, adopté en décembre 2025 lors de la COP21. Mais, dans l'avion le menant à Rome, le Premier ministre britannique a douché ses espoirs.

« Nous n'allons pas stopper le réchauffement climatique à Rome ou à cette réunion de la COP. Le plus que nous pouvons espérer, c'est ralentir l'augmentation » des températures, a déclaré Boris Johnson.

La Russie et la Chine visent la neutralité carbone en 2060

A défaut d'être présent sur place - ne participant que par visioconférence - le président Poutine a, lui, annoncé, la semaine dernière, que la Russie visait une réduction de ses émissions de CO2 de près de 80% d'ici à 2050. Et ce en abandonnant progressivement le charbon (16% de son mix énergétique) comme source d'électricité, au profit du nucléaire.

Quatrième pollueur mondial derrière l'Inde, qui inquiète la communauté internationale par son silence, Moscou a également annoncé viser la neutralité carbone d'ici à 2060. Un objectif partagé par Pékin, responsable d'un quart des émissions de CO2 sur la planète, en s'appuyant notamment sur un système d'échanges de quotas d'émissions de carbone.

En septembre dernier, devant l'assemblée générale de l'ONU, la Chine avait déjà annoncé qu'elle cesserait de construire des centrales à charbon à l'étranger. Une promesse également formulée par le Japon et la Corée du Sud, et sur le point d'être exprimée par l'Afrique du Sud lors de la COP26 à Glasgow.

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L'Australie et les Etats-Unis de retour dans la coopération climatique

En réalité, la surprise est déjà venue de l'Australie. Le gouvernement dirigé par le climatosceptique Scott Morrison a promis d'atteindre la neutralité carbone le plus rapidement possible, de préférence d'ici à 2050. Un objectif que s'est assigné la France dès 2019. Un discours qui tranche en outre avec celui tenu jusqu'à présent par le Premier ministre australien qui avait promis que Canberra continuerait l'exploitation et l'exportation du charbon, tant qu'il y aurait des acheteurs.

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De retour dans la coopération climatique avec l'élection de Joe Biden
, les Etats-Unis, deuxième pollueur mondial, ont, eux, fait savoir qu'ils doubleraient leur aide aux pays en développement pour faire face au dérèglement climatique.

« Avec notre aide, ainsi qu'un capital accru du privé et d'autres donateurs, nous serons capables d'atteindre le but de mobiliser 100 milliards de dollars », a ainsi affirmé le président américain.

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 Déjà en 2009, les pays développés réunis à Copenhague (Danemark) s'étaient engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an d'ici à 2020 - engagement prolongé jusqu'en 2025 dans le cadre de la COP21 à Paris -, mais le pari n'a pas été tenu...

La Turquie s'apprête, elle, à, enfin, ratifier l'accord de Paris de décembre 2015. Son président Recep Tayyip Erdogan expliquant qu'il ne l'avait pas ratifié jusqu'à présent, en raison d'un désaccord sur le partage du fardeau entre pays industrialisés, catégorie à laquelle Ankara appartient.

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