Jamais les Etats n'ont autant subventionné les énergies fossiles qu'en 2022

Par latribune.fr  |   |  618  mots
En 2022, les aides à la consommation de gaz et d'électricité ont plus que doublé et celles au pétrole ont augmenté d'environ 85%. (Crédits : Luis Enrique Ascui)
Contraints de répondre dans l'urgence à la flambée des tarifs de l'énergie, les Etats n'ont jamais autant subventionné la consommation des énergies fossiles qu'en 2022, « alors que la crise climatique exigerait l'inverse », déplore l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Les aides à la consommation de gaz et d'électricité ont plus que doublé et celles au pétrole ont augmenté d'environ 85%.

Plus de mille milliards de dollars accordés par les Etats pour subventionner la consommation des énergies fossiles en 2022, c'est bien trop pour l'Agence internationale de l'énergie (AIE). C'est même un record jamais atteint tant les aides ont doublé par rapport à 2021.

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Face à la déstabilisation des marchés de l'énergie provoquée par la guerre en Ukraine et des prix « extraordinairement élevés et volatils », les gouvernements ont préféré protéger les consommateurs et les entreprises, observe l'agence. « Certaines de ces mesures peuvent être défendues comme (étant) nécessaires politiquement et socialement (...) mais l'ampleur de ces interventions est un signe inquiétant pour la transition énergétique », a-t-elle ajouté.

Outre un fardeau « significatif » sur les finances publiques, « ces dépenses font courir le risque de diminuer l'incitation à utiliser l'énergie efficacement ou à basculer vers des énergies propres », regrette encore l'AIE.

Des aides qui ont profité aux économies avancées, notamment en Europe

Ces aides se sont concentrées surtout dans les pays émergents et les économies en développement, mais les économies avancées n'ont pas fait exception, notamment l'Europe où les dépenses exceptionnelles allouées à la réduction des factures d'énergie en 2022 ont représenté environ 350 milliards de dollars.

Les subventions ont pris des formes variées : des prix administrés ou plafonnés, allègements de taxes, facilités de paiement ou interdictions de couper le gaz ou l'électricité en cas de non-paiement jusqu'à la recapitalisation d'entreprises, la suspension de dettes ou encore un soutien à des industries clé très énergivores. Les aides à la consommation de gaz et d'électricité ont plus que doublé, et celles au pétrole ont augmenté d'environ 85%.

Tirer des leçons pour l'avenir et investir dans des « changements structurels »

L'AIE invite à tirer des leçons pour l'avenir. « Les prix des énergies fossiles ne sont pas le meilleur moyen de conduire à la transition vers des énergies propres » car ils détournent l'attention et l'argent des pouvoirs publics, voire poussent dans certains cas à revenir à des usages plus polluants, comme l'abandon du gaz au profit du charbon pour faire tourner des centrales.

« Il vaut mieux investir dans des changements structurels que dans des aides d'urgence », conclut l'agence. Elle recommande également de mieux calibrer les subventions pour cibler les plus pauvres, qui sont les plus affectés par les hausses de prix.

Un monde toujours dépendant au pétrole

La demande de pétrole dans le monde devrait augmenter en 2023 à un niveau record à la faveur du rebond de la Chine déconfinée et des appétits de kérosène avec la reprise du trafic aérien, selon un rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

La demande totale atteindra un niveau « record » de 101,9 millions de barils par jour (mb/j), soit une hausse de 2 millions prévue en 2023 par rapport à 2022, et de 1,4 million par rapport à 2019 avant la pandémie de Covid-19, selon l'AIE qui relève légèrement ses prévisions par rapport à son rapport du mois dernier (101,7 mb/j).

La croissance prévue en 2023 est essentiellement dominée par la région Asie-Pacifique (+ 1,6 million de baril de pétrole), et quasiment pour moitié par la Chine (+ 900.000). Le pays qui a abandonné en décembre sa politique zéro Covid jouera ainsi un rôle moteur dans cette croissance avec la réouverture des frontières propice à doper le trafic aérien.

Loin derrière, la demande en pétrole de la zone OCDE devrait augmenter de 390.000 barils par jour, ce qui est bien en-deçà de la croissance annuelle de 2022 (+ 1,2 million).

 (Avec AFP)