Transition écologique en entreprise : la mobilité des salariés au coeur des négociations

Par latribune.fr  |   |  771  mots
78% des salariés du privé effectuent toujours leurs déplacement entre leur domicile et leur lieu de travail en voiture. (Crédits : Sipa)
Pour répondre aux objectifs de transition écologique que s'est fixés la France, les entreprises sont, elles aussi, mises à contribution. Pour cela, elles ont lancé du 13 septembre au 22 décembre un cycle de négociations entre partenaires sociaux avec pour objectif la décarbonation du modèle productif mais aussi la sobriété énergétique en entreprise. Un point qui passe notamment par de nouvelles solutions en matière de mobilité alors que 78% des salariés du secteur privé effectuent toujours leurs déplacements entre leur domicile et leur lieu de travail en voiture, a rappelé le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, au Forum Zéro Carbone organisé ce jeudi par La Tribune.

Dans la rue en réduisant l'éclairage public et des vitrines, à la maison en baissant son chauffage d'un degré, dans les transports en privilégiant des modes moins polluants que la voiture...Partout, à tout moment, les objectifs de la transition écologique se sont imposés dans le quotidien des ménages français afin de diviser au moins par six nos émissions en 2050 par rapport au niveau de 1990 et d'atteindre la décarbonation complète de l'énergie à cette même échéance. Un impératif d'autant plus martelé ces derniers mois du fait des tensions qui subsistent sur le gaz et l'électricité à l'approche de l'hiver. Si les particuliers sont mis à contribution, il en va de même pour les entreprises.

Pour y répondre, ces dernières ont lancé un cycle de négociations baptisé « Transition écologique et dialogue social en entreprise ». Elles s'inscrivent dans le cadre de « l'agenda autonome » du patronat et des syndicats, qui a déjà permis aux partenaires sociaux de s'entendre sur des propositions concernant les prud'hommes, la formation professionnelle ou le paritarisme.

Au total, du 13 septembre au 22 septembre, sept séances seront organisées entre les partenaires sociaux autour de deux axes : « la sobriété en entreprise » et « la décarbonation du modèle productif », selon le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux. « On va essayer de reproduire ce qu'on a réussi sur le télétravail avec un guide de référence. Bien qu'on ne puisse pas tout décider de manière centrale puisqu'il est très différent de décarboner une cimenterie, un supermarché ou encore une startup, il pourra être adapté par chaque entreprise », a-t-il expliqué, ce jeudi, au Forum Zéro Carbone organisé par La Tribune à Paris. De quoi espérer l'aboutissement de ces négociations « en janvier même si la réforme des retraites pourrait venir polluer le paysage », a-t-il ironisé, se félicitant néanmoins de l'existence d'une « vraie volonté des acteurs de part et d'autre, du côté des employeurs comme des employés ».

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— La Tribune Events  (@LaTribuneEvents) December 8, 2022

Le transport domicile-travail, point essentiel des négociations

Concernant l'objectif de « sobriété en entreprise », le transport utilisé par les salariés entre leur habitation et leur lieu de travail demeure un point essentiel. « 78% de nos salariés privés prennent la voiture, a rappelé le président du syndicat patronal. Et dans la majorité des cas, c'est parce qu'ils n'ont pas d'alternative ». « Le covoiturage est, en effet, assez difficile à organiser par les entreprises car elles rencontrent une certaine réticence des salariés », a-t-il pointé. L'utilisation du vélo semble également peu applicable largement au regard de la distance moyenne entre le lieu de vie et de l'entreprise : « 27 kilomètres en moyenne et cela s'allonge de plus en plus avec l'étalement urbain ».

Quant aux transports en commun, Geoffroy Roux de Bézieux regrette que le patronat ne soit pas assez impliqué dans la prise de décision alors qu'il en est « un des contributeurs majeurs ». Il a, notamment, cité l'exemple d'une ville, sans la nommer, où il a été refusé d'installer une nouvelle ligne de bus dans une zone non desservie afin de faciliter les déplacements des travailleurs dans cette localité.

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Financer les mobilités durables

Les entreprises participent en effet au financement de la mobilité des salariés, en particulier à travers celui de la moitié du pass navigo. Le prix de ce dernier augmentera d'ailleurs de 11,8% en 2023 passant de 75,20 euros actuellement à 84,10 euros. Une hausse de 8,90 euros dont 50% sera prise en charge par l'employeur, a confirmé Geoffroy Roux de Bézieux qui a également évoqué « le forfait mobilités durables qui est en train de se diffuser assez rapidement dans les grandes entreprises ». « Nous sommes en train de l'implanter dans les PME (petites et moyennes entreprises, ndlr) mais c'est plus difficile », a-t-il nuancé. Destiné à promouvoir des moyens de transport plus écologiques, il permet aux employeurs d'attribuer une indemnité exonérée de cotisations aux salariés privilégiant les modes de transport dits « à mobilité douce » pour effectuer leurs trajets domicile-travail comme le covoiturage ou le vélo. Une prise en charge qui peut aller jusqu'à 700 euros par an et par salarié depuis 2022, contre 500 euros en 2021.

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