Condamné en mai dernier par le tribunal de La Haye pour non-respect de l'Accord de Paris, Royal Dutch-Shell, qui avait depuis promis d'accélérer sa stratégie climatique, entend miser sur les bornes de recharge électriques pour y parvenir. Ce mercredi 1er septembre, le géant anglo-néerlandais s'est fixé un cap ambitieux de 50.000 points de chargement pour voitures électriques déployés au Royaume-Uni d'ici à fin 2025, par l'intermédiaire de sa filiale Ubitricity.
A la suite de la décision rendue par la justice néerlandaise le 31 mai, le directeur général de Shell, Ben van Beurden, avait déclaré vouloir passer à la vitesse supérieure en matière de transition énergétique. « Désormais, nous allons chercher les moyens de réduire davantage encore nos émissions d'une manière réfléchie et rentable », avait-il expliqué, sans pour autant parvenir à convaincre les ONG du sérieux de ses engagements.
Objectif visé par Shell: la neutralité carbone en 2050
Plus tôt, en février, Shell avait déjà annoncé vouloir réduire son intensité carbone nette de « 20% d'ici 2030, 45% d'ici 2035 et 100% d'ici 2050 via des investissements dans les énergies renouvelables, le recours à des mécanismes de compensation de CO2 et une réduction de sa dépendance au pétrole mais sans toutefois y renoncer.
Dans cette optique, Shell veut « apporter plus de possibilités de chargement de véhicules électriques pour des millions de conducteurs britanniques qui n'ont pas de place de parking privée et aider les autorités locales à rendre leur réseau de chargement opérationnel aussi vite que possible ».
Le gouvernement britannique mobilisé pour la transition énergétique
Près de 3.600 stations de chargement Ubitricity -acquises par Shell en février- sont à ce jour disponibles au Royaume-Uni. Financées majoritairement par le gouvernement britannique, dans le cadre d'une stratégie nationale visant à booster le parc de véhicules électriques en Grande-Bretagne, ces stations de chargement sont des instruments propices à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050.
Pour l'heure, le Royaume-Uni compte 25.000 bornes de recharge électriques, se situant ainsi loin derrière la France qui figure dans le trio de tête européen (avec les Pays-Bas et l'Allemagne), dénombrant 43.700 bornes sur le territoire. La Commission britannique pour le changement climatique a estimé récemment que le pays avait besoin de 150.000 stations publiques de chargement d'ici à 2025.
Alors que le gouvernement britannique prend dès à présent en charge les coûts des bornes de recharge sur rue à hauteur de 75% via le Bureau des véhicules à zéro émission, Shell s'est de son côté dit « prêt à couvrir le reste des coûts ».
Shell veut aussi installer des stations de chargement dans les supermarchés, les parkings d'entreprises, les logements au Royaume-Uni. Dans le monde, il vise une augmentation de son parc de stations de chargement à 500.000 d'ici 2025 contre 60.000 aujourd'hui environ.
Un marché des bornes à conquérir
Si le groupe n'a pas souhaité communiquer sur le montant de cette initiative, il espère parvenir à écraser ces coûts en fidélisant les conducteurs de véhicules électriques et en misant sur sa double-casquette d'opérateurs de bornes et de mobilité, qu'il arbore désormais depuis qu'il a racheté NewMotion en 2017.
Le marché est en effet à conquérir dans un pays où 60% des ménages urbains ne disposent pas de parking privé, et démocratiser l'accès aux bornes de recharge publiques est donc indispensable pour parvenir à catalyser la transition vers des véhicules verts.