L'Afrique australe cherche à séduire hors de l'Europe

Les voyagistes régionaux courtisent les touristes des pays émergents, y compris à l'intérieur du continent noir.
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Bonne nouvelle pour la bourgeoisie aisée de Shanghaï : cet été, Air Mauritius ouvre une ligne vers l'Ile Maurice, via Kuala Lumpur. Départ de la métropole chinoise le mardi à 21h20, arrivée sur le joyau de l'Océan indien le mercredi matin à 7h15. « Nous sommes très eurocentrés. Mais en capitalisant sur ce marché européen, nous souhaitons nous diversifier car le potentiel de la Chine, de l'Inde, de la Russie se compte en dizaines de millions de clients », a expliqué la semaine dernière Patrice Legris, le directeur général de l'Association des hôteliers et des restaurateurs de l'île, en marge d'une réunion des opérateurs de tourisme d'Afrique australe à Bruxelles.

A l'image de l'offre de la compagnie nationale mauricienne, le tourisme en Afrique australe est en train de muer. En 2010, à Maurice, les Indiens ne représentaient encore que 5 % des touristes mais leur nombre a cru de 15 % dans un marché par ailleurs atone. Les Sud-Africains représentent déjà un petit dixième de la clientèle.

Les flux d'investissements accompagnent cette mutation de la demande. Les groupes indiens Oberoi et Shanti possèdent deux des hôtels cinq étoiles de l'île. Leur concurrent TAJ cherche à revenir. Le bijou de l'île, le Saint Géran, est entre les mains de la chaîne sud-africaine One & Only.

Investissements en cours

Pour toute l'Afrique australe, l'Asie, mais aussi les États-Unis, le Brésil, et le tourisme intra-africain font partie des segments les plus porteurs, explique Kwakye Donkor, directeur marketing de Retosa, une association régionale touristique qui vise à promouvoir le tourisme dans tout le Sud du continent à partir du Congo et de la Tanzanie. « Les destinations y sont à 2 heures d'avion les unes des autres. Nous voulons les vendre comme un « paquet » unique », dit-il. Peu importe qui finance les infrastructures et l'offre de services. « Si vous avez des opportunités touristiques rentables, vous aurez aussi les investisseurs », assure le responsable.

Si la demande chinoise « est encore à l'état embryonnaire », note Patrice Legris, les investissements en cours annoncent un boom. Lancé en 2006 par les autorités chinoises, la « zone de coopération économique » de Jin Fei, installée sur une concession à Riche Terre au nord de Port Louis sur l'Ile Maurice, est en réalité une ville complète qui devrait sortir de terre dans quatre ans à peine. Soutenu par le China-Africa and Development Fund, ce projet de plus de 600 millions d'euros est piloté par trois principaux actionnaires : la Taiyuan Iron and Steel Co. Ltd (TISCO), la Shanxi Coking Coal et le groupe de commerce Tianli Group. Il comprendra deux hôtels.

D'après le livre blanc sur les investissements en Afrique publié par Pékin en décembre 2010, le stock des investissements sur le continent noir atteignait 9,3 milliards de dollars à la fin 2009. Cinq autres « zones », sur le modèle de Riche Terre, doivent voir le jour en Zambie, et au Nigeria, en Egypte et en Ethiopie.

 

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