Le mexicain Cemex veut réduire le mur de sa dette

Endetté à hauteur de 17,5 milliards de dollars, le troisième cimentier mondial s'impose un plan drastique de restructuration pour satisfaire ses créanciers au plus vite.
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La course contre la montre a commencé pour Cemex. Le géant mexicain du ciment doit rembourser dans trois ans plus de la moitié de sa colossale dette inscrite à 17,5 milliards de dollars à la fin 2010. Pour relever ce défi de taille, un nouveau comité exécutif est entré en fonction le 12 avril, chargé de réaliser un plan d'économies de 400 millions de dollars par an.

« Cette nouvelle équipe a l'expérience nécessaire pour rapidement créer de la valeur pour nos actionnaires », s'est félicité le PDG du groupe, Lorenzo Zambrano. Une stratégie basée sur une structure dirigeante plus horizontale, passant de deux à six présidents régionaux. « Il s'agit de rendre le processus de décision plus rapide entre le siège et les antennes régionales », a-t-il souligné avant de préciser que son plan sera lancé d'ici à 18 mois.

Le troisième cimentier mondial, qui compte 46.500 salariés répartis dans 50 pays pour un chiffre d'affaires de 14,07 milliards de dollars, fait face à la plus grave crise de son histoire depuis le rachat à crédit de Rinker Group. Acquis en juillet 2007 pour 14,2 milliards de dollars, la société australienne très implantée aux États-Unis devait lui permettre de supplanter ses deux concurrents, le français Lafarge et le suisse Holcim, respectivement leader et numéro deux mondiaux. Mais l'année suivante, la crise hypothécaire américaine a anéanti les ambitions du Goliath mexicain qui a affiché une perte nette de 301 millions de dollars au deuxième trimestre 2010. « L'arrêt de la demande aux États-Unis a fait plonger les finances de Cemex dans le rouge », constate Martin Gonzalez, analyste financier auprès de la banque Invex.

17.000 licenciements

Malgré ce contexte tendu, le cimentier est parvenu à réduire sa dette de 22 à 17,5 milliards de dollars entre 2009 et 2010. Son plan d'urgence a permis 150 millions de dollars d'économies l'année dernière et 250 millions supplémentaires sont prévus en 2011. Une sévère restructuration a été entamée : 17.000 employés ont été licenciés et les activités australiennes héritées de Rinker ont été cédées à Holcim en août 2009. Une excellente affaire pour son concurrent suisse qui a seulement déboursé 2,02 milliards de dollars, soit 6,6 fois l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) des activités acquises. À titre de comparaison, Cemex avait pour sa part mis la main sur Rinker sur la base de plus de 12 fois l'Ebitda.

Cette cession va permettre à Cemex d'honorer la première créance sur sa dette - de 2,3 milliards de dollars avant le 31 décembre - sous peine de payer 200 millions de dollars d'intérêts. « Notre engagement est accompli à 98 % », s'est félicité Lorenzo Zambrano. Cemex a aussi levé 1,7 milliard de dollars en réalisant deux émissions d'actions en début d'année.

Espoir américain

Cela suffira-t-il ? « Le groupe doit résister en attendant la reprise. Les marchés américain et espagnol, où Cemex est très implanté, restent fragiles. Mais le marché mexicain montre déjà des signes de reprise », répond avec optimisme Martin Gonzalez, avant de préciser que le groupe mise sur le lancement en 2012 du plan d'infrastructure du gouvernement américain. Le temps presse : Cemex s'est engagé à rembourser 9,7 milliards de dollars de crédits bancaires entre 2012 et 2014.

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