Les ambitions pharaoniques du constructeur russe RosAtom

RosAtom s'est relevé après le choc de Tchernobyl. Il est devenu l'un des leaders mondiaux du secteur.
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RosAtom, ce géant de l'industrie nucléaire mondiale, l'héritier du ministère du Nucléaire (MinAtom) fondé à l'époque soviétique, ronronnait jusqu'au milieu des années 2000 sous la férule des militaires. C'est l'administration de Vladimir Poutine qui a dépoussiéré l'industrie nucléaire (32 réacteurs répartis dans 10 centrales produisant autour de 16 % de l'électricité domestique) en vue de ressusciter un ancien « domaine d'excellence » soviétique, une industrie créatrice d'emplois et de hautes technologies. Mais aussi de « nucléariser » la production d'électricité russe afin de libérer des gros volumes de pétrole et de gaz vers l'exportation.

Dès sa transformation en corporation d'État, RosAtom se libère partiellement du joug militaire et se lance dans une stratégie d'expansion internationale agressive. Avec succès. Le groupe public a réussi à vendre des réacteurs à la Chine, l'Inde, la Turquie, la Biélorussie, la Lituanie, l'Arménie, la Bulgarie, l'Iran et le Vietnam. Et participe à des appels d'offres présentés par le Kazakhstan, l'Égypte, la Jordanie, le Bangladesh, la Hongrie, la Slovaquie, la République tchèque et même l'Argentine. Déjà leader mondial, la Russie réalise 15 des 60 réacteurs actuellement en construction sur la planète. Les ambitions de RosAtom sont pharaoniques : tripler son chiffre d'affaires d'ici à 2030 pour atteindre 50 milliards de dollars par an. Le prix des réacteurs à eau pressurisée commercialisés par RosAtom varie entre 3 et 5 milliards de dollars, soit un coût variant entre 2.300 et 2.400 dollars par kilowatt installé.

Des ambitions qui pourraient être contrariées par l'impact de Fukushima. Le patron de RosAtom, Sergueï Kirienko, a contre-attaqué en avril en affirmant que le Japon avait « exagéré » la portée de la catastrophe en la classant au niveau 7, comme Tchernobyl. Mais le président russe Dmitri Medvedev a annoncé une vérification générale de toutes les centrales russes. « Les Russes ont indubitablement fait des progrès en matière de sécurité, estime le directeur Russie de l'italien Enel, Dominique Fache. Ils ont une très bonne réputation au niveau international. » Mais avec les centrales nucléaires flottantes, dont la première va entrer en service dès 2012 au Kamtchatka (une zone aussi sismique que le Japon), RosAtom ne joue-t-il pas avec le feu ?

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