Les impayés explosent, selon Coface

Le volontarisme politique a ses limites. Nicolas Sarkozy a beau menacer les banques des pires tourments si elles ne jouent pas le jeu auprès des entreprises en leur facilitant l'accès au crédit, la crise d'accès aux liquidités est déjà bien installée. Et le pire est à venir si l'on en croit les projections de Coface. L'assureur crédit vient de placer la note de la France (A1) sous surveillance négative. « Nous alertons l'ensemble des opérateurs sur le fait qu'il y a un risque croissant à se faire payer par les entreprises françaises », explique Jérôme Cazes, directeur général de Coface. Les chiffres sont là pour le prouver. Entre le troisième trimestre 2008 et la même période de l'an dernier, le montant des impayés a augmenté de 125 %. Pour Jérôme Cazes, le pic des cessations de paiements devrait être atteint en décembre ou en janvier prochain. Outre les TPE, les entreprises moyennes au chiffre d'affaires compris entre 5 et 500 millions d'euros dont la note est inférieure à BBB sont particulièrement exposées, souligne Jérôme Cazes : « Le taux de casse est multiplié par 4 ou 5 pour ces entreprises » dans ces périodes de purge. Afin de limiter les dégâts sur l'investissement et la croissance, les pouvoirs publics mettent la pression sur les établissements bancaires. Demain, le chef de l'État recevra les trésoriers-payeurs généraux, les préfets et les banques afin d'examiner la mise en ?uvre du plan de relance du crédit. Les banquiers qui n'ouvriraient pas suffisamment les vannes courent le risque d'être montrés du doigt.fluidifier l'accès au créditChristine Lagarde sera quant à elle ce matin en compagnie de chefs d'entreprise, dans une agence bancaire parisienne, afin d'illustrer sur le terrain l'impact des mesures prises par le gouvernement pour fluidifier l'accès au crédit. La proposition qu'a présentée hier la députée UMP Chantal Brunel relève de la même idée. Elle prévoit « d'encadrer et de contrôler les ruptures unilatérales, de la part des banques, des lignes de crédit et des autorisations de découvert accordées aux PME ». Il s'agit aussi de « rendre public mensuellement le montant des encours de crédits accordés par les établissements de crédit aux PME ». Enfin, la proposition de loi envisage d'« augmenter les fonds disponibles pour les PME » par le biais d'une augmentation de l'investissement des compagnies d'assurances dans les PME et « en créant un prêt jeune entreprise de deux à cinq ans cautionné par l'État ». Ce texte n'est pas encore approuvé par le gouvernement (lire l'interview ci-contre de Hervé Novelli). En tout état de cause, il ne sera pas examiné avant janvier. Cet activisme politique est-il justifié ? À ce stade, les spécialistes de Coface estiment que la crise actuelle du crédit est bien moins brutale que celles affrontées en 1973, 1982 et 1991. « Il est impossible de démontrer que les événements actuels sont plus graves que lors des crises précédentes. Cela ne veut pas dire que ce n'est pas douloureux », explique Jérôme Cazes, pour qui « il est inutile de réveiller le spectre de 1929 ». La sensibilité gouvernementale s'explique sans doute par la volonté de ne pas laisser s'installer dans l'opinion le sentiment de deux poids deux mesures, après les efforts consentis pour le sauvetage des banques. Cet activisme correspond-il aux besoins des entreprises ? Lors du déplacement de Nicolas Sarkozy en Haute-Savoie, les patrons présents ne se plaignaient pas du resserrement de l'accès au crédit. En revanche, ils réclament que le système de notation des entreprises appliqué par la Banque de France ou les assureurs crédit « ne reflète pas seulement le bilan de la société mais intègre aussi la situation économique et procède d'un dialogue avec la PME concernée », expliquait ainsi Claude Morisseau, secrétaire général du Syndicat national du décolletage. Cette proposition n'a pour l'instant pas trouvé d'écho auprès du chef de l'État.
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