Trichet l'inflexible effraie les marchés

Cela aurait dû être un soulagement : la Banque centrale européenne (BCE) tenait jeudi son deuxième conseil de l'année sur fond d'euro affaibli, comblant les voeux implicites de Jean-Claude Trichet. Le président de la BCE avait à plusieurs reprises fin 2009 confié qu'il soutenait pleinement l'engagement des États-Unis en faveur d'un dollar fort. Il l'a répété jeudi lors de sa conférence de presse, contribuant à une nouvelle dérive de la monnaie unique, tombée à un point bas de sept mois face au billet vert, à 1,3730. Depuis son plafond récent du 25 novembre dernier, l'euro affiche une décote de 10 %, une aubaine pour les exportateurs de la zone euro dont la compétitivité était mise à mal. Mais ce qui devait être une délivrance s'est mué en une lancinante inquiétude. Car l'affaiblissement de l'euro trouve ses racines dans le tumulte grec et les dérives des finances publiques des États membres de la zone euro, que l'Allemagne appelait avec mépris les pays du « Club Med », avant la sélection des élus de la première vague de l'euro. Au-delà de la Grèce, les inquiétudes des marchés sur l'Espagne et le Portugal ne cessent de monter, et les marchés d'actions en font les frais (lire ci-dessous et page 26).C'est dans cet environnement hostile, peu propice à la prise de décision, que la BCE a annoncé, sans surprise, le maintien de son taux directeur à son plancher historique de 1 %, sans laisser de place aux anticipations de durcissement de la politique monétaire à horizon visible, aucune menace inflationniste ne se profilant dans un contexte « de reprise économique modérée et irrégulière ». Le taux directeur de la banque centrale de Francfort est à un niveau « appropri頻, a martelé Trichet, le sésame qui ajourne sine die toute modification prochaine du niveau du loyer de l'argent. La seule indication de politique monétaire donnée par le président concerne le calendrier des prochaines annonces de retrait des mesures non conventionnelles de lutte contre la crise financière. C'est lors de sa réunion du 4 mars qu'il fournira les indications sur la dernière de ses opérations exceptionnelles, celle à six mois, qui se déroulera le 31 mars. Père la morale plus que commandeur, Trichet n'en a pas moins tourneboulé les marchés en s'attelant aussi à renforcer la discipline dans la zone euro. « Nous sommes inflexibles sur le pacte de stabilité et de croissance. Le système est contraignant, et c'est normal. Tous les pays doivent respecter les règles, sans exception. » Les mots sont forts, ils ont le mérite de la clarté.
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