SNCM : 500 postes en moins, 2 bateaux en plus

La crainte était de voir la SNCM connaître un destin similaire à Seafrance, même si la comparaison peut sembler hâtive car la compagnie qui assurait les liaisons entre Calais et Douvre et l’actuel délégataire de service public pour la desserte corse n’ont pas grand chose en commun dans leur mode de fonctionnement.“Le Conseil de Surveillance de la SNCM a acté la stratégie à long terme de la compagnie. Le plan de vie proposé par le directoire a reçu l\'aval des actionnaires qui ont souhaité que le calendrier initial soit accéléré dans sa mise en œuvre afin d\'obtenir plus rapidement les gains de productivité nécessaire à la pérennité de l\'entreprise. Sur le registre industriel, l\'investissement dans 4 navires neufs (2 immédiatement + 2 à confirmer en 2016, ndlr) a été validé pour une flotte qui comptera 8 navires pour un périmètre d\'exploitation équivalent au déploiement actuel”, indique le communiqué diffusé hier soir à l’issue de la réunion décisive pour l’avenir de l’armateur.Renouvellement de 4 naviresL’exécutif était satisfait et probablement soulagé de voir avalisée l’option qu’il défendait : l’investissement dans une nouvelle flotte. Une position notamment soutenue par Marc Dufour, le président du directoire de la SNCM qui avait néanmoins dû revoir sa copie en avril dernier. En octobre 2011, pressé par les actionnaires de retrouver la voie de la rentabilité après des années de déficit d’exploitation chronique (14 M€ en 2012), l’ancien PDG d’Air Littoral, arrivé aux commandes de la société en 2010, avait présenté un plan de relance visant à doter la SNCM de 8 nouveaux navires de type Ropax (mixtes : fret et passagers) capables de faire la traversée de jour (et pas uniquement de nuit) afin d’assurer deux rotations en 36 heures et ainsi d’améliorer la productivité de 40 %. “Nous pourrons alors accompagner la relance des marchés maghrébins. Il s’agira aussi de bâtir une nouvelle politique commerciale. Et nous étudierons toutes les lignes qui peuvent renforcer nos positions en répondant aux besoins de nos clients”, avait-il fait valoir.Un projet chiffré entre 800 et 850 millions d\'euros. Pour une société qui affiche des comptes plombés ainsi qu’une érosion continue de ses parts de marché, et qui ne doit plus avoir, dès cet été, la Caisse des Dépôts dans son capital, mobiliser une telle somme paraissait invraisemblable. En avril dernier, Marc Dufour devait présenter une mouture amendée se limitant finalement au renouvellement de 4 navires au lieu des 8. Une demande à laquelle a donc accéder le Conseil de surveillance ce jeudi 20 juin. 415 postes supprimés en 2014Les principaux actionnaires - Veolia Environnement et la Caisse des dépôts détenteurs de 66 % via leur coentreprise Transdev, l\'État (25 %) et les salariés (9 %) - se sont donc entendus sur un plan de sauvetage qui prévoit la suppression de 415 postes en 2014 sur les 1 400 équivalents temps plein et d’une centaine entre 2017 et 2019. “Il n\'y aura aucun départ contraint et la réduction des effectifs se fera via un plan de départs volontaires (sédentaires), le non remplacement de certains départs à la retraite et surtout un moindre recours aux emplois saisonniers pour les navigants”. La compagnie “échappe” donc aux 800 licenciements, hypothèse évoquée par les syndicats dans le cas où l’autre option - la vente de deux navires – aurait été choisie.Restent de nombreuses questions Et de nombreuses incertitudes. Le financement des nouvelles acquisitions ? Le futur schéma d’exploitation ? (le fret comme activité prioritaire pour une exploitation rationnelle de la flotte) ? Le sort du port de Toulon, dont la compagnie avait fait une des pièces maîtresses de la reconquête (la distance avec la Corse est plus courte, ce qui diminue la consommation de carburant des bateaux, et les coûts portuaires sont moindres) ? Le renouvellement ou pas de la DSP pour la desserte des ports corses (qui représente 66 % de son C.A) sachant que l\'Office des Transports Corses a nettement réduit l’enveloppe, passant de 130 à 104 M€ par an au maximum, avec la suppression de liaisons au départ de Nice et de Toulon.L’exécutif corse vient d’ailleurs de renvoyer les deux candidats (SNCM/ CNM et Corsica Ferries) à leurs offres, les jugeant financièrement irrecevables dans le cadre de l’appel d’offres sur la nouvelle DSP entre Marseille et les ports corses. À cela s’ajoutent des tracas judiciaires. La compagnie est notamment dans le collimateur de Bruxelles pour des aides publiques qui auraient été perçues dans des conditions contraires à la concurrence européenne. Résultat elle est sommée de rembourser 220 millions d\'euros. La compagnie et l’État ont fait appel de cette décision. Ce qui leur donne un sursis de 4 mois.Un trafic en hausse de 35 % pour la SNCMPour autant, en mai, la SNCM a enregistré une hausse de son trafic de 35 % par rapport à avril et de 1,2 % par rapport à mai 2012. Avec 73 850 passagers, elle est encore très loin de son principal concurrent Corsica Ferries (161 045 passagers) qui est néanmoins en retrait de 10 %. En 2012, la SNCM est repassée au dessus de la barre du million (1 097 344). Depuis 2004, année du décrochage, elle transportait entre 800 et 900 000 passagers. Et si les appels d’offres, portant sur les périodes 2002-2006 et 2007-2013, ont été remportés conjointement par la SNCM et la CMN, c’est bien leur concurrent, Corsica Ferries, compagnie privée, dont le siège est à Bastia mais armant sous pavillon italien, qui capte aujourd’hui autour de 60 % de parts de marché contre un peu plus de 30 % pour la SNCM et 8 % pour CMN. En amont de la réunion stratégique, un préavis de grève avait été déposé pour le 27 juin, deux jours avant le départ du Tour de France, qui a lieu cette année sur l’île de Beauté. Etape pour le moment maintenue. 
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