Les régles de Bâle III vont provoquer une clarification des modèles bancaires

Les banques sont perplexes quant aux conséquences stratégiques qu'entraîneront les nouvelles règles de Bâle III dont la mise en oeuvre s'étalera entre 2013 et 2019, voire 2022 pour la décomptabilisation des titres subordonnés. « Il y a encore beaucoup de flou autour des mesures déjà adoptées, et d'autres aspects restent à traiter, notamment la question des établissements systémiques et les coussins de capital contracycliques », a ainsi souligné Christian Lajoie, directeur des affaires prudentielles de BNP Paribas, mercredi lors d'une conférence du Club Finance HEC et du cabinet Hogan Lovells, avant d'appeler le secteur à une « extrême prudence » dans ses réflexions stratégiques. « Pas sûr qu'on puisse voir aujourd'hui toutes les conséquences conjuguées », a abondé George Pauget. Mais pour l'ancien patron du Crédit Agricolegricole, qui a lancé sa propre structure de conseil, Économie Finance & Stratégie, une chose est sûre : Bâle III provoquera un « remodelage complet des bilans bancaires ». Anticipant un « déséquilibre entre les différents modèles bancaires » (voir illustration), il a ainsi annoncé une « perte de compétitivité de la banque universelle ». Pour lui, Bâle III « va pousser les banques à faire des choix stratégiques », avec à la clé « des modèles bancaires clarifiés et des structures apurées ». En pénalisant la détention d'actifs d'assurance, mais aussi les participations minoritaires à travers la collision avec les règles comptables de consolidation, le nouveau cadre devrait ainsi pousser les groupes à se restructurer, a ajouté Philippe Bajou, membre du directoire de La Banque Postale. Régularité des dividendesAutre certitude, la rentabilité globale des banques ne retrouvera pas les sommets d'avant-crise. « Ce n'est pas une surprise, et c'est même ce que nous souhaitons », a tranché Sylvie Mathérat, directeur de la Stabilité financière à la Banque de France et membre du Comité de Bâle, pour qui « il n'est pas possible que le secteur financier ait un rendement des fonds propres très supérieur au reste de l'économie ». Dans les activités de marché, « la standardisation croissante des produits dérivés réduira la valeur ajoutée », a indiqué Christian Lajoie, tandis que « les conditions d'exercice seront plus difficiles dans la banque de gros ». Pour maintenir une rentabilité attrayante pour les actionnaires, les banques devront encore réduire leurs coûts, mais aussi rechercher de nouvelles sources de profit et mettre l'accent sur la régularité des dividendes, donc la réduction des risques. « Ces mesures pèsent toujours sur les mêmes, ceux qui font de l'intermédiation, et incitent à suivre le modèle de dispersion des risques [par la titrisation, Ndlr] qui est largement à l'origine du caractère systémique de la crise », a conclu Christian Lajoie, prédisant un « bel avenir » aux institutions financières non bancaires comme les « hedge funds ».
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