Les frappes en Libye attisent les tensions et impactent le marché européen du pétrole

L'intervention militaire pénalise encore plus la production libyenne d'hydrocarbures.
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Destinée à sauver quelque 1,4 million de barils puisés chaque jour dans le désert libyen, l'intervention militaire de la coalition ociddentale a pour l'instant l'effet inverse. Les rares capacités de production du pays qui restaient en activité ont été partiellement fermées, et la Libye produirait actuellement moins d'un quart de sa production habituelle, soit 400.000 barils par jour. « La situation en Libye est loin de s'approcher d'une solution, et entrave les capacités du pays à exporter de l'énergie », note Amrita Sen, chez Barclays Capital.

L'Union Européenne a de surcroît annoncé mercredi un embargo qui devrait figer tout échange d'hydrocarbures entre la Libye et l'Europe, afin de couper les ressources du pays. La compagnie pétrolière NOC, dirigée par le représentant de la Libye à l'Opep, Shokri Ghanem, ainsi que toutes ses filiales sont visées par un embargo critiqué par certains, comme le président du pétrolier italien Eni. « L'Europe est en train de se tirer une balle dans le pied », avait déclaré Paolo Scaroni mardi, soulignant l'impact immédiat de l'intervention militaire : la raréfaction du pétrole à faible teneur en soufre tire les prix du brent à la hausse. Le baril de brent a d'ailleurs passé une partie de la séance à la hausse hier(+ 0,25 % à 115,95 en fin de journée), alors que dans le même temps le West Texas Intermediate coté aux Etats-Unis, un pétrole de qualité rigoureusement proche, était orienté à la baisse.

Alors que les Américains ploient encore sous les réserves de pétrole, qui atteignaient 326 millions de barils la semaine dernière, et sont auto-suffisants pour la moitié de leur consommation, l'Europe est aujourd'hui nettement plus exposée que le reste du monde à la déliquescence géopolitique du Moyen-Orient.

Peur de la contagion

Les derniers épisodes de la révolte arabe risquent de surcroît de compliquer la logistique des hydrocarbures. L'état d'urgence déclaré hier au Yemen, et le risque de chaos politique qui pourrait s'installer dans le pays avec le départ du président Ali Abdullah Saleh « pourrait s'avérer encore plus dangereux pour le pétrole qu'une vague de protestations sérieuses en Arabie Saoudite », a assuré Farouk Soussa, économiste chez Citi, lors d'une conférence sur l'énergie à Abu Dhabi. Le spécialiste redoute que le pays ne se transforme en base arrière pour les pirates du pétrole, actifs dans le Golfe d'Aden depuis la Somalie. Une menace supplémentaire qui risquerait d'attiser la volatilité des cours.

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