America first, Goldman Sachs second  !

Par Robert Jules  |   |  539  mots
Depuis la crise de 2008, les revenus de Goldman Sachs ont fondu comme neige au soleil.
Durant la campagne, Donald Trump a accusé Hillary Clinton d'être "contrôlée" par Goldman Sachs. Aujourd'hui, le milliardaire embauche des hauts cadres de la banque d'investissement à des postes clés de son administration.

Durant sa campagne, Donald Trump n'a eu de cesse d'accuser son adversaire Hillary Clinton d'être la marionnette de Wall Street, en particulier celle de la banque d'investissement Goldman Sachs. Il avait également utilisé cet argument pour éliminer un de ses concurrents républicains Ted Cruz. Hillary Clinton, il est vrai, avait empoché la coquette somme de 675.000 dollars pour trois discours prononcés devant un parterre d'employés de Goldman Sachs. Prestation qu'en tant que candidate, elle a traîné comme un boulet.

Rappelons-nous que le milliardaire Donald Trump se présentait devant ses auditoires populaires comme celui qui se voulait « anti-establishment ». Même s'il n'allait pas jusqu'à dire que « la finance était son ennemie », comme l'avait fait François Hollande, il a réussi à faire croire qu'il ne faisait pas partie de l'élite.

Tous milliardaires

Aussi, aujourd'hui, l'électeur « trumpien » doit être surpris par les nominations dans la future administration. Steven Mnuchin, occupera le poste de secrétaire au Trésor, Wilbur Ross, celui de secrétaire au Commerce et Gary Cohn pourrait prendre celui de secrétaire au Budget. Ils ont une point commun avec Trump, ils sont milliardaires - un signe de réussite aux Etats-Unis -, et une différence commune, ils sont ou ont été tous les trois membres de la direction de Goldman Sachs.

Et même Steve Bannon, le sulfureux conseiller de Donald Trump, qui se situe plutôt à l'extrême droite de l'échiquier politique américain, a commencé sa carrière comme employé chez Goldman Sachs.

Certes, la politique économique de Donald Trump est fondée sur d'importantes baisses d'impôts, une dérégulation bancaire, et une relance de l'investissement public afin de soutenir la croissance américaine, de relocaliser et créer des « jobs » aux Etats-Unis. Et les leaders de Goldman Sachs connaissent la musique.

Un réseau qui ouvre toutes les portes

Car même si elle est « la compagnie que les gens aiment haïr », la banque d'investissement concentre des financiers de haut niveau, guidés par l'âpre appât du gain, connus pour leur efficacité à exécuter leurs contrats, le tout bénéficiant d'un réseau mondial de contacts qui leur ouvrent toutes les portes. Dernièrement, l'ancien président de la Commission européenne José Manuel Barroso a défrayé la chronique en étant embauché par « la Firme », intéressée davantage par son riche carnet d'adresses que par ses talents de trader.

Goldman Sachs a certes adopté un profil bas durant la période de l'après-crise 2008. Non seulement ses revenus ont fondu mais elle a été perçue comme l'une des responsables qui ont conduit à la crise des subprimes. Cette année, toutefois, elle a renoué avec une rentabilité à deux chiffres, comme au bon vieux temps, ayant appris à s'adapter à la nouvelle donne réglementaire et surtout à la digitalisation qui touche tout le secteur financier.

En recrutant certains de ses hauts dirigeants, Donald Trump, novice en politique, mais pragmatique en affaires, ne s'embarrasse pas des reproches qui peuvent lui être faits. Il veut que les Américains gagnent de l'argent, et il emploie donc ceux qui savent le faire le mieux. Mais gère-t-on un pays comme une banque d'investissement ?