Avec la pollution, il y a de l'électricité dans l'air

Par Robert Jules  |   |  703  mots
Les pics de pollution persistant dans les grandes villes et le peu d'efficacité des mesures préconisées plaident en faveur d'une transition rapide vers des transports alimentés par l'électricité.

Les pics de pollution de l'air à Paris et dans d'autres grandes villes françaises représentent un des problèmes qui se posent aux responsables politiques. En cette année de campagne électorale, l'électeur aura tout le loisir de voir quelles sont les solutions proposées pour le résoudre.

En attendant, ces pics font tousser. Cette pollution, caractérisée par un cocktail de particules fines, de dioxyde d'azote et d'ozone, touche les plus fragiles d'entre nous, personnes âgées, malades et jeunes enfants.

Moins dangereuse qu'à Peshawar

Même si elle est chronique, tout dépend de la dose comme disait Paracelse, la pollution ne défraie la chronique que lorsqu'elle connaît des pics. Même si elle est loin d'être négligeable, il convient de rappeler qu'elle reste bien moins dangereuse que celle que subissent des villes comme Peshawar, New Delhi ou Shanghai.

Evidemment, il ne s'agit pas de dire que la qualité de l'air n'a pas d'importance, bien au contraire. Mais l'air est par définition un de ces biens communs auquel on ne prête aucune attention jusqu'au jour où sa qualité se fait plus rare. C'est ce qu'en économie, on appelle une "externalité négative", qui désigne le bénéfice que retire un acteur de son activité en faisant supporter une partie du coût aux autres.

En l'occurence, les automobiles et le chauffage des particuliers sont les principales causes d'émissions de particules fines, autour de 30 % chacune. La circulation alternée des véhicules décidée par les pouvoirs publics - qui fait appel au sens civique des utilisateurs, les contrôles et les amendes étant surtout symboliques - a réduit d'à peine 6% la pollution à Paris et ses environs immédiats. Quant au recours aux transports en commun, outre un parc d'autobus fonctionnant majoritairement au diesel et des métros qui en freinant produisent un volume important de particules fines nocives, les usagers ont dû composer en région parisienne avec un arrêt de la circulation du RER B - la deuxième ligne la plus fréquentée en Europe - de plusieurs  heures le 7 décembre, tandis qu'à Lyon les syndicats ont lancé un appel à la grève dans les transports communs!

Le chauffage au bois particulièrement polluant

Quand au chauffage des particuliers, le consommateur doit arbitrer jusqu'où il supporte le froid en fonction de son civisme. Et les quelques mesures qui ont été préconisées n'ont pas fait long feu. Ainsi le chauffage au bois, qui émet en brûlant un volume important de particules fines, devait être interdit en 2015 à Paris. Mais la ministre de l'Environnement, Ségolène Royal, a annulé cette mesure jugée « ridicule » préférant visiblement le charme du feu de cheminée.

Dans cette affaire, c'est surtout les solutions qui s'inscrivent dans le long terme qui importent. Certains élus s'en préoccupent. Comme il est difficile d'agir directement sur l'anticyclone, la solution consiste à trouver une substitution énergétique pour les voitures et le chauffage.

La Mairie de Paris - et les grandes villes suivront - va bannir dès janvier prochain les automobiles les plus polluantes. Mais c'est tout le parc automobile, majoritairement équipé de moteurs diesel et essence, qui va devoir se transformer pour laisser la place aux véhicules électriques ou du moins hybrides. Les constructeurs comprennent que c'est le sens de l'histoire, et les uns après les autres investissent de plus en plus dans ce secteur d'avenir. Il en sera de même avec le chauffage urbain, qui grâce à la ville intelligente va économiser l'énergie et rendre son utilisation plus efficiente.

Un bon thème pour la campagne présidentielle

Ce qui pose la question de la production et fourniture massive d'électricité dans les prochaines années. A court terme, les renouvelables sont dans l'incapacité de fournir un tel volume. Il reste soit les énergies fossiles, le moins cher étant le charbon, et le plus polluant, c'est le choix qu'a fait l'Allemagne, soit l'énergie nucléaire, c'est celui qu'a fait la France, pour le moment. Gageons que le thème va revenir dans la campagne de la présidentielle 2017.