Diesel, la fin d'une époque

Par Robert Jules  |   |  565  mots
Pollution, scandale VW, fiscalité de moins en moins avantageuse, compétitivité des modèles hybrides et électriques, ont entamé de manière irréversible la gloire du Diesel. Certains lui donnent à peine 10 ans avant de disparaître.

Il semble loin le temps - il y a 20 ans - où le patron de Peugeot, Jacques Calvet, défendait avec fougue et passion tous les avantages du Diesel. Pourtant, sa disparition apparaît programmée. Un rapport de la banque UBS  fixe même un horizon, ce sera en 2025. A cette date, tous les véhicules équipés d'un moteur Diesel auront pratiquement disparu du marché mondial, selon la banque suisse.

Un part tombée de 50% à 10% en Europe

UBS prévoit qu'en Europe, le marché où le Diesel est roi, sa part devrait tomber de 50% à 10%, une tendance qui s'est accentuée cette année. Même la France, qui fût l'un des parcs automobiles phares du Diesel, s'inscrit dans cette tendance. En 2012, le Diesel représentait quelque 65% des immatriculations neuves de particuliers, aujourd'hui cette part est tombée à 38%, et la baisse va s'accentuer. Et ce, pour plusieurs raisons.

Il y a d'abord l'impératif environnemental. La pollution et le réchauffement climatique imposent aux gouvernements de prendre des mesures pour lutter contre ces phénomènes. La réglementation fixe des normes de plus en plus sévères en matière d'émissions tant pour le CO2 qui concerne davantage les moteurs à essence que pour l'oxyde d'azote (NOx) qu'émettent les moteurs Diesel qui malgré les pots catalytiques participent à la dégradation de la couche d'ozone.

Bientôt interdit à Londres, Madrid, Athènes et Paris

Sans attendre les décisions internationales, certaines grandes villes envisagent de bannir ce type de véhicules, que ce soit Londres, Madrid, Athènes, et Paris où son maire, Anne Hidalgo, veut que ce soit effectif à l'horizon 2020.

Par ailleurs, le Diesel subit les conséquences de la tricherie sur les moteurs Volkswagen. Ce que l'on a appelé le "Dieselgate" a largement entamé la réputation de sérieux du constructeur allemand, qui n'en finit pas de payer financièrement le prix de ce scandale.

Toutefois, cette perte de vitesse du Diesel fait une gagnante : la voiture électrique. Les constructeurs automobiles sont tous en train d'accélérer le développement de ce nouveau segment, au moins dans sa version hybride (électrique+essence), rendant de plus en plus compétitif en terme de prix ces modèles. Ainsi, Mercedes a annoncé cet été un grand plan avec 10 nouveaux modèles. En outre, les pouvoirs publics favorise ce changement. En France, une aide de 10.000 euros est donnée pour l'achat d'une voiture électrique aux détenteurs d'un véhicule Diesel âgé de plus de 10 ans.

L'avantage fiscal sur l'essence se réduit

Mais c'est surtout la question fiscale notamment en France qui est en train de précipiter le mouvement. Aujourd'hui le Diesel bénéficie d'une fiscalité qui rend son litre moins cher de 0,15 centimes par rapport à celui de l'essence. Mais le gouvernement a décidé de supprimer progressivement cet écart.

Dès janvier, son prix sera majoré de quelque 4 centimes le litre contre 1,1 centime pour l'essence contribuant à réduire l'écart fiscal entre les deux produits.

Là aussi, le gouvernement annonce vouloir donner aux entreprises la possibilité de déduire 80% de la TVA pour l'achat d'un véhicule à essence alignant ainsi l'avantage sur celui du Diesel.

L'avantage fiscal qui permettait au secteur du transport routier de rester le dernier bastion du Diesel est en train aussi de disparaître, signant la fin d'un époque pour ce carburant.